Béatrice Descamps a quitté son fauteuil au Sénat et aimerait bien y retournerBéatrice Descamps, maire de Méteren, a quitté son poste de sénatrice, après le remaniement ministériel. Pendant plus de trois ans, Béatrice Descamps a partagé son temps d'élue entre Méteren et Paris. « J'y ai vécu des moments forts pour la République », assure-t-elle. L'ex-sénatrice revient sur son expérience. Et n'hésitera pas à retenter l'aventure. PAR MARIE JANSANA
hazebrouck@lavoixdunord.frVous quittez le Sénat après trois ans et demi. Quel est votre sentiment ?
« On ne quitte pas le Sénat sans regrets. C'est une magnifique maison. C'était trop court, surtout que l'on met un certain temps à comprendre son organisation. Il faut s'y accoutumer. »
Globalement, comment décririez-vous votre bilan ? En êtes-vous satisfaite ?
« Oui. J'en ai tiré un fort enrichissement personnel, même si ce n'est pas l'élément le plus important. On apprend énormément de choses.
Je siégeais à la commission de la culture, mais j'aurais préféré les affaires économiques. Il y a tellement de sujets cruciaux à traiter, alors qu'à la commission culture, les thèmes abordés semblent un peu moins... essentiels. Ma première commission concernait le rapatriement des têtes maories vers la Nouvelle-Zélande. Je me suis interrogée : pourquoi une loi sur ce sujet ? »
Sur quels sujets souhaiteriez-vous vous repencher ?
« L'économie. Je ne sais pas si cela peut passer par des lois, mais il faut essayer de dynamiser l'économie du pays. Je pense au thème de l'éducation aussi. »
Vous évoquez des moments forts.
« Beaucoup de réformes sont nées depuis 2007. J'ai assisté à deux réformes constitutionnelles, qui réunissent à Versailles les députés et les sénateurs. J'ai vécu des moments forts pour la République.
J'ai côtoyé des anciens ministres, Jean-Pierre Raffarin, Robert Badinter... Tous les mercredis, je participais à un petit déjeuner de sénateurs, avec Jean-Pierre Raffarin. On s'intéressait à la vie de la France et on essayait de lever des perspectives. On a rencontré le président de la République, en novembre, pour aborder les choses qui n'allaient pas et des sujets à poursuivre. »
Comment équilibriez-vous votre travail entre commune et pays ?
« C'est sûr que ce n'est pas la même chose. Au début, au Sénat, je me disais : "On n'agit pas", alors que les maires sont toujours dans l'action. Au Sénat, on est dans la réflexion, on prend son temps. C'est un état d'esprit à prendre. On se rend compte de la complexité des lois et, en conséquence, on comprend pourquoi elles sont difficiles à appliquer. La commission des lois est composée quasi essentiellement de spécialistes des lois. De fait, elles sont très techniques, pointues, sans approximations (...). C'est inévitable, mais peut-être qu'un peu de bon sens ne nuirait pas. »
Avez-vous mis votre territoire en avant lors de ce mandat ?
« Après les inondations de 2007, nous sommes allés au ministère de l'Agriculture pour demander des subventions pour les agriculteurs. Je suis allée au ministère de la Santé pour le scanner d'Hazebrouck. Récemment, j'ai accompagné des élus audomarois pour demander le soutien de l'État dans de grands projets structurants. Dernièrement, nous sommes allés à Bercy au sujet de la brigade de douanes de Steenvoorde. Quand on est sénateur, on a davantage de facilités pour obtenir des rendez-vous auprès des ministères. »
Vous semblez avoir gardé votre indépendance ?
« Personne n'arrivera à me l'enlever. Je n'ai pas voté la loi sur le travail du dimanche. J'étais contre l'intégration du personnel de la gendarmerie au ministère de l'Intérieur. La réforme territoriale et celle sur la taxe professionnelle, j'ai eu un peu de mal à les voter... Beaucoup d'élus n'en étaient pas très satisfaits, mais elles étaient les moins mauvaises. Il fallait une réforme. Pour les retraites, je n'ai pas eu de scrupules. »
Profiterez-vous de cette expérience par la suite ?
« Si je peux en faire profiter autour de moi, bien sûr. Pour le projet de maison d'accueil spécialisée de Berthen, j'ai indiqué à Patricia Moone, maire,que je pouvais l'accompagner si elle le souhaitait. »
Après trois ans et demi au Sénat, quelle ambition politique ?
« Quand on y est resté trois ans, on a envie d'y retourner. »
Des ambitions aux législatives ?
« Le Sénat me convient davantage que l'Assemblée nationale. Le travail m'y semble plus serein. Il y aura assez de candidats aux élections territoriales sans moi (...). D'autre part, le président du Sénat m'a demandé si j'accepterais de participer au conseil d'administration d'instances publiques ou parapubliques, j'ai accepté. »
Les sénatoriales de septembre 2011 se préparent-elles déjà ?
« Jean-René Lecerf, sur la liste duquel j'étais, m'a à nouveau invitée. À quelle place, je ne sais pas encore. » •