de vudeloin » Jeu 27 Jan 2011 19:05
Puisque la question a été posée, un retour sur le nombre de candidats que le Front National a pu présenter en 2004, lors du second tour des élections cantonales de cette année là.
Région par région, les éléments sont les suivants
Nord Pas de Calais : 15 ( Nord 9, Pas de Calais 6 )
Picardie : 28 ( Aisne 9, Oise 13, Somme 6 )
Haute Normandie : 6 ( Eure 2, Seine Maritime 4 )
Champagne Ardennes : 17 ( Ardennes 5, Aube 7, Marne 2, Haute Marne 3 )
Lorraine : 13 ( Meurthe et Moselle 3, Meuse 4, Moselle 2, Vosges 4 )
Alsace : 6 ( Bas Rhin 2, Haut Rhin 4 )
Ile de France : 14 ( Seine et Marne 8, Yvelines 2, Seine Saint Denis 1, Val de Marne 1, Val d’Oise 2 )
Centre Val de Loire : 24 ( Cher 1, Eure et Loir 8, Loir et Cher 4, Loiret 11 )
Basse Normandie : 0
Bretagne : 0
Pays de Loire : 0
Poitou Charentes : 0
Auvergne : 1 ( Haute Loire 1 )
Limousin : 1 ( Haute Vienne 1 )
Bourgogne : 9 ( Côte d'Or 1, Yonne 8 )
Franche Comté : 17 ( Doubs 5, Jura 2, Haute Saône 5, Territoire de Belfort 5 )
Rhône Alpes : 29 ( Ain 7, Ardèche 1, Drôme 4, Isère 6, Loire 4, Rhône 5, Haute Savoie 2 )
Provence Alpes Côte d’Azur : 65 ( Alpes de Haute Provence 1, Alpes Maritimes 18, Bouches du Rhône 23, Var 17, Vaucluse 6 )
Corse : 0
Languedoc Roussillon : 29 ( Aude 3, Gard 11, Hérault 8, Pyrénées Orientales 7 )
Midi Pyrénées : 3 ( Ariège 1, Tarn 1, Tarn et Garonne 1 )
Aquitaine : 4 ( Lot et Garonne 4 )
Le total des candidats FN, au second tour des cantonales de 2004, était donc de 281, avec d’évidentes disparités territoriales que l’on pourrait fort bien matérialiser sur une carte, en traçant une ligne reliant, grosso modo, Le Havre ou Caen à Perpignan.
On notera que le FN a été absent dans quatre régions du Grand Ouest, d’ailleurs contiguës, et que cette absence doit avoir des causes multiples dont la moindre n’est sans doute pas que la droite parlementaire classique dispose, dans ces régions, des outils et des réseaux qui lui permettent d’éviter la porosité de son électorat avec celui du Front National.
L’absence du FN en Corse laisse, par contre, présumer que son créneau d’action est occupé par d’autres forces politiques, notamment du courant nationaliste.
La présence d’un candidat FN en Limousin n’est, soulignons le, due qu’au repêchage du second de la cantonale dans le canton de Limoges La Bastide ( c'est-à-dire la ZUP de Limoges ), où la droite a fait un score inférieur à 15 % au premier tour de 2004.
Quant au candidat FN enregistré en Haute Loire, il était candidat sur le canton de Monistrol sur Loire, c'est-à-dire un canton sous influence du département voisin de la Loire où le FN est parfois organisé, notamment sur le secteur de Saint Chamond.
Le cas de la région PACA appelle plusieurs remarques.
Les départements alpins sont peu sensibles aux idées lepénistes et le seul canton où un candidat FN ait pu se maintenir est celui de Manosque Nord, dont la situation géographique en fait une sorte de très grande banlieue d’Aix et Marseille.
Sur les autres départements de la Région, notons que l’influence du FN vise surtout les centres urbains de la Côte d’Azur plus que les cantons montagnards du Var et des Alpes Maritimes, tandis qu’elle semble plus équilibrée sur les Bouches du Rhône, tout en observant que l’arrondissement d’Arles semble moins sensible au discours lepéniste que les deux autres.
Dans la région Languedoc, la Lozère participe des mêmes considérations que les départements du Grand Ouest ( la droite « tient « son électorat ), alors que les cantons gardois, héraultais et catalans où l’on retrouve des candidats FN sont plutôt ceux situés sur les urbanisations côtières.
Ainsi, les candidats FN qualifiés dans les Pyrénées Orientales le sont sur les cantons de Perpignan en jeu, ceux d’Argelès sur Mer, Saint Laurent de la Salanque et Canet en Roussillon.
De même, le FN ne passe pas la rampe dans l’arrondissement du Vigan dans le Gard ou dans les hauts cantons du Languedoc, dans le département de l’Hérault ou ceux de la Haute Vallée de l’Aude.
On est donc en présence des mêmes caractéristiques que celles observées en région Provence.
Une autre observation que l’on peut faire, un peu transrégionale, porte sur les départements immédiatement voisins de la région Ile de France.
En effet, sur les 281 candidats FN, nous en avons 61 ( près du quart ) dans les départements limitrophes des départements de la Région Ile de France.
Au point même que, en Bourgogne, seule l’Yonne a accordé un vrai second tour aux candidats FN ( 8 candidats ) et, singulièrement, dans l’arrondissement de Sens, c'est-à-dire celui qui est, en quelque sorte, en très grande banlieue de Paris.
On observera également que la Seine et Marne est prépondérante en Région Parisienne quant à la présence du FN au second tour et, assez souvent, dans les cantons les plus éloignés de la capitale ( Mormant, Villiers Saint Georges, La Ferté sous Jouarre, Lizy sur Ourcq, Le Châtelet en Brie, Montereau, Nemours…)
Nul doute par ailleurs que l’examen des résultats de 1998 aurait fait apparaître un nombre plus important de candidats FN en région Ile de France, mais chacun aura remarqué que le parti lepéniste a quasiment disparu de la petite couronne, où il a d’ailleurs été confiné aux marges : canton de Montfermeil en Seine Saint Denis ( canton avec trois communes de droite ) et canton de Villeneuve Saint Georges dans le Val de Marne ( ville qui fait l’objet d’une compétition régulière à gauche entre PCF et PS ).
Dans certains cas, il est victime de la faible participation au scrutin, bien entendu, mais aussi du renouvellement continu des électeurs.
Et, dans le 93, l’un des aspects de ce renouvellement est qu’il se fait beaucoup par inscription d’électeurs issus de l’immigration, jeunes salariés ou étudiants, a priori assez peu favorables au FN.
Nous avons donc une carte d’implantation du FN en 2004 comportant de nombreuses « zones blanches « , une carte dont nous pourrons suivre l’évolution cette année en fonction des résultats.
Quant à l’hypothèse de présence de candidats FN au second tour des cantonales de 2011, elle devrait se concrétiser en retrait par rapport à 2004, même si l’on peut penser que les candidats lepénistes seront d’abord présents là où ils ont réalisé des scores déjà élevés il y a sept ans.
Nous pourrions ainsi constater, à mon avis, la disparition du FN sur les régions Aquitaine et Midi Pyrénées, ainsi que sur l’Auvergne et le Limousin en sus des régions où il était déjà absent en 2004.
Resteraient néanmoins les points forts : les côtes méditerranéennes et la vallée du Rhône, sinon le bassin rhodanien ( le fleuve et ses affluents ) ; le grand Est et le cône nord, mais à chaque fois, avec une influence un peu plus réduite, ainsi que le grand bassin parisien.
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vudeloin le Lun 31 Jan 2011 16:30, édité 4 fois.