Présence du Front National

[vudeloin]

Parce qu’il faut bien appréhender la réalité de la présence du Front National aux élections cantonales, il faut regarder, par exemple, comment les choses peuvent évoluer dans le cadre des candidatures de ce parti.

J’ai donc regardé le cas particulier de la Moselle, département où le FN a réussi à présenter 52 candidats pour les 26 cantons renouvelables.

16 de ces 52 candidats figuraient déjà l’an dernier sur la liste des candidats FN aux régionales de Lorraine pour la section départementale Moselle.

Ce qui signifie cependant que 20 des candidats de la section ont passé leur tour, soit parce qu’ils demeurent dans un canton non renouvelable ( c’est une possibilité ), soit peut être parce qu’ils n’avaient pas envie de retenter l’expérience.

Je rappelle tout de même qu’il suffit de résider dans le département d’élection pour être candidat aux cantonales et qu’on peut fort bien être amené à voyager ainsi d’un canton l’autre, au gré des renouvellements…

Le FN pratique relativement souvent la candidature familiale : ainsi le leader du FN local, Thierry Gourlot ( ancien complice de François Grosdidier aux Jeunes Giscardiens dans le temps ), est il candidat sur le second canton de Saint Avold tandis que son épouse se présente sur le canton de Château Salins, qui n’est pas tout à fait à côté de Saint Avold…

Mais ce n’est pas le seul cas : ainsi, Yves Gelszinnis, candidat aux régionales, se présente sur le canton d’Ars sur Moselle et son épouse à Forbach ; Christophe Beger est candidat sur Sarreguemines Campagne et son épouse supplée Thierry Gourlot sur Saint Avold – 2 ; la famille Bertram ( je ne connais des liens exacts de parenté ) propose trois candidats au FN sur les cantons de Cattenom, Fontoy et Lorquin, trois cantons situés d’ailleurs dans trois arrondissements différents ( Thionville Est, Thionville Ouest et Sarrebourg ), etc…

Nous pouvons aussi noter que 13 tickets de candidats FN sont constitués de candidats qui n’étaient pas présents lors des régionales et dont il n’est pas interdit de penser que ces candidatures sont les premières du genre.

Les questions qui demeurent donc posées sont les suivantes :

Pourquoi la majorité des candidats FN des régionales ne postule pas aux cantonales ?
Comment ont pu être recrutés les 36 candidats « nouveaux « dont il est probable que peu disposent de la moindre possibilité de réaliser un score autre que celui relativement porté par les récents sondages présidentiels dont la traduction concrète sur le terrain n’est pas toujours évidente ?
Faut il en conclure que le FN est un « parti passoire « où le renouvellement des candidats est le signe d’un renouvellement aussi rapide des adhérents et militants ?
Notons enfin que parmi les non candidats 2011 figure Guy Herlory, l’autre responsable historique du FN en Moselle qui, si je ne m’abuse, avait même été élu député en 1986…

[Drieu]

Une des caractéristiques électorales du Front National est sa difficulté à "fidéliser" ses candidats et/ou élus.

L'histoire du FN, comme celle de l'extrême-droite en général, est marquée par de nombreuses dissidences et scissions, dont la principale, celle de Bruno MEGRET en 1999, a été à l'origine d'une perte importante au niveau de l'appareil (militants et surtout candidats/élus) dont le FN ne s'est pas véritablement remis depuis. Le départ plus récent de Carl LANG et de membres "historiques" n'a pas amélioré la situation.

La campagne pour l'élection à la présidence du Front National a également laissé des traces. A titre d'exemple le secrétaire départemental des Landes, partisan de Bruno Gollnisch, avait annoncé son départ, ce qui peut expliquer le peu de candidats dans ce département qui est déjà une terre de mission pour le FN.

Le regain des adhésions, mis en avant par la direction du FN, ne suffit pas à combler les trous dans l'encadrement du mouvement. Un récent (11 mars) article de la Voix du Nord consacré au canton de Vimy (Pas-de-Calais) traduit bien les difficultés rencontrées par le FN y compris dans un de ses fiefs. C'est Laurent BRICE SD 62 qui s'exprime :

La présence d'un candidat FN dans le canton de Vimy a été décidée il y a six mois : « On s'y présente parce qu'il y a une forte vague d'adhésions à Vimy et dans les alentours. » Beaucoup de jeunes recrues, mais pas assez expérimentées pour une campagne. « Il n'y a pas de leader, donc je m'en suis occupé »

A noter également dans ce département la présence de candidats ou remplaçants originaires d'Hénin-Beaumont , signe également d'un maillage assez distendu du territoire.

Pour terminer, et revenir sur la fin du message de Vudeloin qui cite le nom de Guy HERLORY, j'ai recherché ce qu'étaient devenus les députés élus en 1986.

Sur 35 députés :
- 11 sont décédés (dont 3 de mort violente, Yann PIAT, Jean-Pierre STIRBOIS et Yvon BRIANT),
- 17 ont quitté le Front National, plus ou moins rapidement, le dernier à quitter le bateau (le paquebot étant en vente ;) devant être Roger HOLEINDRE, membre fondateur du FN,
- 3 sont encore membres des instances dirigeantes : Jean-Marie LE PEN, Bruno GOLLNISCH et Jean-François JALKH, actuel délégué général.
J'ai des incertitudes en ce qui concerne les 4 députés suivants :
- Jean ROUSSEL, député des Bouches-du-Rhône et premier conseiller général (sauf erreur de ma part) élu sus l'étiquette FN en 1985
- Pierre SIRGUE député de la Gironde
- Guy HERLORY, député de la Moselle
- François PORTEU de LA MORANDIERE, député du Pas-de-Calais.

3 sur 35 (on pourrait faire de même avec les conseillers régionaux élus en 1986 et même ceux de 1992 et 1998 ... ) c'est peu comme taux de fidélisation.

[HORATIO]

L’observation de Drieu apporte de nombreuses informations, toutes les précisions me semblent être exactes.

En dehors de Yann Piat et Yvon Briant, ceux qui sont décédés étaient membres de ce parti « à leur dernier souffle », on ne peut pas les considérer comme "des démissionnaires".

Jean Fontaine (Réunion), le premier député FN en a lui aussi démissionné.
François Porteu de la Morandière a été évincé par Carl Lang et semble avoir pris sa retraite.
Les 3 autres ex-députés FN "incertains" ont pu faire de même.

20 ex-députés (17 + 2 +1) démissionnaires ou exclus plus 4 mis hors-jeux ou ayant pris une retraite mystérieuse sur 36, c’est beaucoup ; Cela dénote de gros problèmes internes dans ce parti pendant toute la période de la présidence de Jean-Marie Le Pen.

[HORATIO]

Pour que la liste de Zimmer-Jean-Philippe-Drieu soit complète (Page 5 du débat), il me semble qu’il faille ajouter le canton de Salon-de-Provence pris par le FN lors d’une partielle.
De mémoire, cette formation partait d’une base de 14% avant d’obtenir 23% au premier tour et 51% au deuxième.

Il n’y a aucun candidat FN dans les DOM-TOM.

[pierrot]

J'ai des incertitudes en ce qui concerne les 4 députés suivants :
- Jean ROUSSEL, député des Bouches-du-Rhône et premier conseiller général (sauf erreur de ma part) élu sus l'étiquette FN en 1985
- Pierre SIRGUE député de la Gironde
- Guy HERLORY, député de la Moselle
- François PORTEU de LA MORANDIERE, député du Pas-de-Calais.

Je ne sais pas pour les autres, mais Guy Herlory était encore sur la liste FN aux régionales de 2010 en Lorraine (à une symbolique dernière place dans la section départementale de Moselle). Il a apporté son soutien à Gollnisch lors de la récente élection interne au sein du FN. Je ne sais pas ce qu'il en est suite à la victoire de Marine Le Pen, mais ceci tend à prouver qu'il n'avait pas quitté le FN l'an dernier même si à 90 ans passé, il n'occupe plus de rôle dirigeant.

[Drieu]

En dehors de Yann Piat et Yvon Briant, ceux qui sont décédés étaient membres de ce parti « à leur dernier souffle », on ne peut pas les considérer comme "des démissionnaires".

Je ne suis pas tout à fait d'accord avec Horatio. Parmi les décédés figurent des élus qui étaient entrés en dissidence comme Pierre Sergent et Pascal Arrighi ou , s'étaient éloignés du Front national comme Charles de Chambrun (récemment décédé), Gabriel Domenech ou encore Edouard Frédéric-Dupont. Parmi les "fidèles jusqu'à leur dernier souffle" on peut citer JP STirbois et Georges Paul Wagner et peut-être Dominique Chaboche (bien que son épouse ait apporté son soutien à Carl Lang). J'ai un doute pour Albert Peyron (Alpes-Maritimes).

6 à 7 sur 35 c'est tout de même peu comme cercle de fidèles.

Pour Jean Fontaine il n'avait pas été élu sous l'étiquette Front national et a quitté, sauf erreur de ma part, le FN avant les législatives de 1986.

[HORATIO]

Réponse à Drieu :
Il faudrait reprendre une comptabilisation complète et détaillée des 35, 36 ou 37 ex-députés FN à l’assemblée nationale.
.
_ Pascal Arrighi, Charles de Chambrun, Edouard Frédéric-Dupont ont clairement quitté le FN.
_ Jean-Pierre Stirbois, Georges Paul Wagner, Pierre Sergent, Gabriel Domenech, Dominique Chaboche et Albert Peyron étaient à ma connaissance membres ou sympathisants du FN au moment de leur décès.
_Jean Fontaine était un député certes rallié, mais son adhésion au FN était affichée et il intervenait à l’assemblée nationale en qualité de député du FN.
_ Guy Herlory est toujours au FN
Puisque l’on débat des personnes, c’est donc 37. Olivier d’Ormesson démissionnaire en faveur de Jean-Pierre Schénardi avant d’être démissionnaire du FN est le 37ème homme de ton « évaluation de fidélité».
Le FN a eu 37 députés à l’assemblée nationale depuis sa création.

Sur la comptabilisation d’ensemble, cela ferait plus que 7 restants.

Cela ferait 13 ou 14 restants sur 37 et 3 incertains, inconnus ou retraités, mais qui n’ont pas rompu.
De l'ordre de 20 départs (démissions ou exclusions) sur 37, chiffre que je maintiens.

[vudeloin]

Je confirme pour Herlory, dernier de la liste Gourlot en Moselle en 2010...
Pour les autres, il ne faut pas oublier qu'une partie était des ralliés, comme Edouard Frédéric Dupont qui était déjà député de Paris VIIe en 1936...
Pascal Arrighi, pour sa part, issue d'une viellle famille corse qui a donné dans à peu près tous les partis politiques et toutes les fonctions ( le clan Arrighi de Casanova ), il était surtout de l'affaire du putsch d'Alger en 1961, et de ses suites en Corse.
Je n'insiste pas sur Sergent, mais je peux aussi revenir un instant sur De Chambrun...
Là, aussi, nous sommes dans une prestigieuse famille dont les ancêtres sont connus ( Lafayette entre autres ) et dont l'ancrage cévenol fut notamment à la base de la participation d'un De Chambrun à la Résistance et à son compagnonnage des communistes, après la guerre, puisque Gilbert Pineton de Chambrun fut député apparenté communiste de la Lozère de 1945 à 1956.
Le prénom GIlbert qui lui fut sans doute donné par référence à LaFayette...

Charles de Chambrun qui a choisi le FN, fut, si mes souvenirs sont exacts, maire de Saint Gilles du Gard, l'une des villes de la Petite Camargue, élu en 1989 si je ne me trompe et ne fut pas reconduit, d'autant plus que son mandat fut interrompu avant le terme normal en 1992...

[HORATIO]

Le 6 février 1934, Edouard Frédéric Dupont, conseiller municipal de¨Paris, était aux côtés du colonel François de la Rocque et ses Croix de feu. L'extrême droite française divisée en trois mouvements distincts et rivaux mais tous dans la rue, s'est arrétée à environ 50 mètres de l'assemblée nationale alors que plus rien ne l'empéchait de renverser la république. Ce jour là, il y a eu plus de 600 morts. Edouard Frédéric Dupond est une personnalité dont l'affiliation à la droite nationale ou l'extrême droite ne peut être mise en doute.

N.B : Les fondateurs du FN se sont ostensiblement inspirés des Croix de feu pour son logo (La flamme)

[HORATIO]

On pourrait faire de même avec les conseillers régionaux élus en 1986 et même ceux de 1992 et 1998 ... c'est peu comme taux de fidélisation.

La perte de conseillers régionaux FN en cours de mandat (entre un tiers et la moitié) pour ces trois périodes est bien supérieure à ce que les autres formations politiques ont enregistré.

Elle illustre un recrutement inadapté dans les investitures : Si dans ses discours, l’ex-président du FN a toujours fait référence au « peuple », à la « droite populaire et sociale » et aux « ouvriers » ; Dans la pratique, il faisait autrement en préférant des professionnels de la politique ou des personnes bardées de diplômes d’état aussi inutiles que stériles.
En 1998, l’ex-président du FN a lui-même qualifié la commission d’investiture de son parti de « bureau des pleurs. »

La perte de ces élus est également révélatrice d’un manque d’humanisme flagrant de la part de la direction de ce parti envers ces personnes.

Le taux de fidélisation des élus du FN n’est pas faible, il est misérable.
Dans ces conditions, je ne vois pas comment la nouvelle présidente du FN pourrait faire moins bien que son prédécesseur.