À droite, certains sont orphelins, d'autres appellent à tourner la page. À gauche, on cherche à s'adapter à la nouvelle donne.
À droite, ceux qui ne digèrent pas
En partant, Philippe de Villiers n'a pas eu un mot pour Bruno Retailleau, son successeur putatif. Si ce n'est pour dénoncer son « impatience ». À droite, ils sont peu nombreux à avoir osé publiquement formuler des reproches au premier vice-président du conseil général.
Sans cibler un homme, le très réservé Claude Ouvrard, dont le canton de La Châtaigneraie est renouvelable en mars prochain, n'a pas caché son irritation. Il a ainsi regretté « qu'on n'ait pas laissé » à Philippe de Villiers « le temps de terminer » son oeuvre. Les critiques les plus dures viennent des élus MPF. Comme Dominique Souchet, qui se pose en gardien de l'héritage et fulmine contre « les impatients qui portent à jamais une très lourde responsabilité devant l'histoire ».
Le coup le plus fort, c'est peut-être Antoine Chéreau qui le porte. Quand le maire MPF de Montaigu encense Philippe de Villiers pour ne pas « s'être abaissé aux intrigues d'appareil et leurs impatiences ». Pas sûr que Bruno Retailleau et ses proches apprécient beaucoup. À Montaigu, où il faudra élire un nouveau conseiller général, la désignation du candidat promet déjà d'être vive.
À droite, ceux qui préservent l'avenir
Contrairement à Antoine Chéreau ou Dominique Souchet, d'autres orphelins du villiérisme, tout aussi sonnés par le départ du chef, font preuve de plus de retenue, se gardant bien d'attaquer frontalement Bruno Retailleau.
C'est le cas de Véronique Besse, dont le canton est renouvelable, et qui se sent menacée par une possible candidature de Marcel Albert, le maire valoisien des Herbiers. Même prudence chez le très villiériste maire d'Olonne-sur-Mer, Yannick Moreau. Ou chez Wilfried Montassier, le conseiller général de Saint-Fulgent.
À droite, ceux qui ont déjà tourné la page
Passé l'hommage, d'autres élus de droite se projettent déjà dans l'avenir. Et l'avenir, ce sont les cantonales de mars 2011, avec 16 cantons à renouveler. À Challans, Serge Rondeau, maire et candidat, note que « la Vendée a changé » et qu'elle « aspire peut-être à autre chose ».
Pour Henri Turbé, qui ne se représentera pas à l'Ile-d'Yeu, c'est clair : « L'homme de la relève, c'est Bruno Retailleau ». Comme une mise en garde à ceux qui seraient tentés de régler des comptes, Marcel Gauducheau, le conseiller général de Moutiers-les-Mauxfaits, rappelle que « la mission d'un élu, c'est aussi d'apporter son soutien à ceux qui, demain, souhaitent s'engager pour la Vendée ».
Car le départ de Philippe de Villiers a changé la donne. Réveillé des ambitions et ouvert le jeu. « Le mois d'octobre sera agité », prédit un élu du bocage. Ça bouge aux Herbiers. Autre point devenu chaud : Les Essarts, où la démission de Bertrand de Villiers, libère le terrain. Le canton apparaît taillé pour Yves Auvinet, le très consensuel maire de La Ferrière, également président de l'association des maires de Vendée. « On est dans une période instable », confie un élu.
Et la gauche dans tout ça ?
Socialistes et écologistes peuvent-ils conserver la même stratégie ? Ce qui est certain, c'est qu'ils paraissent avoir été pris de court. Paradoxe : la gauche semble elle aussi orpheline de son épouvantail préféré, qui fédérait ses électeurs.
Depuis jeudi, tous martèlent que « Villiers et Retailleau sont les deux faces d'une même pièce de monnaie ». Comme si le départ de Philippe de Villiers ne changeait rien. La gauche a sans doute senti le danger : voir la droite, avec un leader plus consensuel, incarner le renouvellement et une autre politique.
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