de vudeloin » Mer 23 Mar 2011 11:45
Je ne serais pas aussi catégorique que Ambroize vis à vis des Verts mais le fait est qu'on est très loin du renouvellement politique avec l'attitude d'EELV, parfois avec la complicité à peine déguisée du PS.
On est même dans la vieille politique politicienne, faite de calculs et de coups bas, et tout ce qu'elle a de détestable et qui fait le lit d'autres forces politiques bien moins écolos, en tout cas au plan " mental ".
Faire varier sa position au seul paramètre de savoir si tel candidat PS ( dans 30 cas ), ou PCF Front de Gauche ( dans 7 ) n'est pas assez " écolo compatible ", mais qu'est ce que c'est, sinon du pur opportunisme ?
Parce que, dans cette affaire, comme il n'y a pas de " danger de droite " ou de " danger monarchiste " comme a cru bon de le dire Cécile Duflot pour justifier l'injustifiable, ne faut il pas souligner que les candidats Verts, désavoués par le corps électoral ( regardons le nombre de voix et a fortiori des inscrits ), sont donc prêts à se faire élire en acceptant les voix des électeurs ayant choisi le Front National ?
Parce que, pour le coup, on pourrait aussi se demander pourquoi le candidat du Front de Gauche se désiste pour tel socialiste Strauss Kahnien, alors que des divergences politiques profondes existent sur des questions essentielles ?
Et la même remarque pourrait valoir pour tel socialiste sortant, finalement devancé par le candidat du Front de gauche, et contraint lui aussi de se désister, nonobstant bien des différences d'appréciation.
Quelle est donc la nature du problème ?
Tout simplement qu’EELV, une fois passé l’effet Home et ceux des douches Ushuaia, constate avec stupéfaction que son discours ne convainc pas l’opinion publique et que les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes…
Pour prendre l’exemple de la Seine Saint Denis, le candidat Vert PS de Drancy a fait moins de 8 % des exprimés, alors que le candidat PS avait fait 18 % en 2004…
Et ce n’est qu’un exemple !
Alors, quelles explications ?
Je crois profondément que les gens n’aiment pas les donneurs de leçons et que c’est ainsi qu’apparaissent pour beaucoup les tenants du mouvement d’écologie politique.
Pour en connaître quelques uns dans mon entourage – et certains de ceux-ci sont même des amis avec qui je peux avoir de fort intéressantes discussions -, je compatis presque à voir parfois le discours du parti sur certaines questions.
Ainsi, aucune approche critique n’a jamais été faite du débat sur le développement des énergies dites renouvelables, dont une bonne part est pourtant aussi sujet à questionnement, parce que, pour ne donner qu’un exemple, pour réaliser des panneaux solaires, il faut solliciter des métaux rares dans des conditions assez peu respectueuses de la réduction des coûts carbone…
La « guerre du silicium « est déjà commencée et je vous rappelle qu’il se trouve en général dans des endroits du monde assez peu accessibles ou éloignés du cœur de l’activité économique ( dans des pays comme la Bolivie, ou des déserts comme le grand désert australien ou la Sibérie )
Quant aux éoliennes, je rappelle qu’elles aiment bien le vent mais pas trop, ce qui fait d’ailleurs qu’il faut les arrêter quand le vent est trop fort !
Et que, pour le moment, les seuls à trouver leur compte dans cette affaire sont les exploitants qui revendent à prix d’or et forcé leur production à EDF, renchérissant le prix moyen du Kilowatt heure pour les particuliers.
Pour le coup, que faut il faire ?
Développer l’éolien et couper le courant aux familles modestes vivant en HLM qui ne pourront plus payer l’électricité ?
Prenez l’exemple de l’Allemagne, où Die Grünen ont réussi à imposer, il y a longtemps, l’abandon de la filière nucléaire, en tout cas de la poursuite de son développement.
Bilan des courses ?
L’économie allemande est dépendante d’autres modes de production électrique, conduisant notamment à maintenir en activité les centrales au lignite de l’Est de l’Allemagne – magnifique idée écolo ! – et à faire tourner celles de l’Ouest avec du charbon importé de Pologne ou de bien plus loin ( Ukraine, Australie, Afrique du Sud entre autres )
Et pour faire bonne mesure, les entreprises industrielles allemandes ont délocalisé leur production de pièces détachées dans d’autres pays, notamment dans les PECO depuis la chute du Mur de Berlin, ce qui fait qu’on a développé toute une activité de transport routier d’abord et ferroviaire ensuite pour les ramener en Allemagne y être assemblées !
Comme empreinte carbone, on ne peut pas trouver mieux !
Bien que sorti du débat des cantonales par ce petit détour sur une des questions du moment, comment appeler un peu plus l’attitude des Verts ?
Tout simplement, comme l’illustration la plus parfaite d’intérêts de simple boutique.
Pas la peine d’en appeler aux mânes de Michel Crozier, le père de l’analyse stratégique, pour cela !
Faute d’avoir, partout en France, une organisation digne de ce nom, EELV s’en était souvent remise, jusqu’ici, à « l’air du temps « pour obtenir quelques succès politiques.
Home la veille des européennes, on a vu ce que cela donnait !
Bizarrement, cette fois ci, Fukushima n’a pas favorisé les Verts, et j’ai presque même tendance à penser le contraire.
Ah si, les Verts allemands ont progressé en Saxe Anhalt, en revenant dans un Landtag qu’ils avaient quitté en 1998…
Mais ( est ce un hasard ? ), ils l’ont fait avec une baisse équivalente de l’influence des libéraux du FDP…
Bref, EELV n’a pas encore les forces militantes pour porter comme il convient les idées que le parti professe.
Il ne peut donc s’appuyer que sur quelques candidats ayant un peu d’implantation grâce à des situations locales ou grâce à quelques combinaisons politiques originales, ne mégotant pas sur la duplicité et appelant par la bande le soutien des électeurs de droite et d’extrême droite.
Au chapitre des situations locales, nul doute que le mouvement écolo grenoblois qui s’est battu contre le Stade des Alpes ( on a les priorités que l’on peut, c’est sûr ) ou celui de Loire Atlantique qui lutte contre l’aérodrome de Notre Dame des Landes peuvent avoir quelque écho.
La remarque vaut aussi pour les militants engagés dans la lutte contre le gaz de schiste ( dans la commune de Doue, les Verts ont fait 23 % dans un canton de Rebais où droite et FN réunis font 70 % ).
Je ne peux aussi manquer de souligner que certains élus Verts sortants ont d’ores et déjà été battus, comme le conseiller général de Saint Sernin sur Rance (12) ou celui de Saint Amarin (68) et que les préoccupations boutiquières peuvent rapidement prendre le pas sur une analyse concrète de la situation concrète.
A savoir que les 16 % des européennes et même les 12 % des régionales sont déjà du passé et que la véritable influence de la mouvance écologiste se situe à 7 %, déduction faite du soutien du PS dans certains cas, soit 12 à 15 % en moyenne avec des pointes à 20 ou 25…
Seulement voilà , pas besoin d’être Prix Nobel de physique pour se souvenir que 12 ou 15 %, dans un mode de scrutin majoritaire, cela qualifie rarement pour le second tour…
Les Verts ont-ils abandonné leur légitime aspiration à l’adoption de la proportionnelle ?
Parce que, pour le coup, je suis pour un mode de scrutin moins inique que ce scrutin de voleurs qu’est le scrutin majoritaire à deux tours, dont l’attitude des candidats Verts se maintenant au second tour est la plus parfaite illustration.
A l’iniquité d’un mode électoral, ils répondent par la plus mauvaise réponse : celle de la magouille, destinée à contourner l’obstacle d’un suffrage universel non favorable au premier constat.
Il est temps de dépolluer la vie politique des travers du scrutin majoritaire.
Parce que, pour le coup, quelqu’un trouve t il tout à fait normal que les Verts n’aient aucun élu sur 39 dans le Pas de Calais en ayant fait 7 % des voix ?
Ou que le Front de Gauche n’ait peut être aucun élu dans les Hautes Pyrénées en ayant nettement dépassé les 10 % au premier tour ?
Toutes remarques qui me semblent clairement justifier qu’on récuse l’opération menée par EELV dans ce second tour, et que l’on peut qualifier « d’opération de coucou «.
Vous savez, cet oiseau qui fait son nid dans celui des autres…