de vudeloin » Mer 16 Fév 2011 22:04
La situation de ces élections cantonales est déjà assez nettement différente de celle de 2004 dans le sens où la gauche sera présente dans un plus grand nombre de cantons – même si les chances de succès sont parfois réduites – que lors des élections précédentes.
Avec 15 candidats sur 16 cantons, on n’est plus dans la situation antérieure où la gauche n’avait pu investir de candidats dans les cantons d’Arc en Barrois, de Fayl Billot ( le pays de l’Osier ), tandis qu’une candidate d’extrême gauche s’était trouvée seule à la représenter sur Longeau Percey.
Le département, comme nous l’avons indiqué, comporte un nombre important de cantons faiblement peuplés et ruraux que nous allons examiner un peu plus en détail.
Commençons par les cantons sortants de l’opposition départementale, c'est-à -dire de la gauche.
Le canton de Vignory, qui est socialiste, avait été pourvu au 1er tour lors des élections de 2004.
Le canton comprend 16 communes et sa population tourne autour de 5 500 à 5 600 habitants ( une sorte de moyenne dans le département ), dont un tiers dans la commune de Bologne ( 1 908 habitants ) et presque autant dans celle de Froncles ( 1 640 habitants ).
Le chef lieu ne compte, pour sa part, que 300 habitants.
Le conseiller général sortant du PS est, par ailleurs, président de la structure intercommunale qui couvre le canton.
On peut donc présumer que le résultat de l’élection sera proche de celui constaté en 2004.
Et cela même si la droite a pu l’emporter, notamment lors des législatives de 2007.
Le canton d’Auberive, dans le pays de Langres, compte un peu plus de 1 600 habitants, et regroupe 20 communes dont la plus importante est le chef lieu, comptant un peu moins de 200 habitants., sur une superficie de plus de 330 km carrés, essentiellement forestiers.
Le canton compte 14 communes dont la population est inférieure à 100 habitants.
En 2004, après avoir fait un peu moins de 45 % au premier tour, le candidat PRG Didier Jannaud l’avait emporté avec 57,8 % au second, obtenant sans doute le transfert d’une partie des voix d’un candidat divers droite du premier tour.
Pas interdit de penser que le même processus se reproduise cette année.
Le canton de Wassy, outre la célèbre commune siège du massacre des Protestants qui fut l’une des tragédies déclenchant les Guerres de Religion, compte au total 20 communes ( sans compter les communes associées, nombreuses dans le département où elles sont plus d’une centaine ) et abrite environ 8 000 habitants, dont un peu plus de 3 000 sur le chef lieu, sur une surface assez largement boisée de 210 km carrés.
Le conseiller général de Wassy, Jacques Labarre, est classé DVG, mais le maire de la ville est PS, réélu en 2008 au terme d’une élection agitée, sa liste obtenant 13 élus au premier tour sur les 23 du conseil municipal.
Et les 10 restants ( dont je suppose un certain nombre issus de l’opposition ) furent élus au second tour avec une majorité relative.
Les régionales ont donné une courte majorité à gauche sur le chef lieu, comme à Brousseval, seconde commune du canton pour la population, mais la droite en tête sur Louvemont, qui fut la commune d’élection de l’ancien Président du conseil général.
Certaines communes ont donné des scores élevés au FN, ce qui interroge évidemment sur la tendance qui pourrait se dégager d’une configuration politique où serait présent ce parti.
Dans le canton de Saint Dizier Nord Est, canton communiste, les données du problème sont assez simples.
Le canton compte environ 5 600 habitants dont un millier sur Chancenay et environ 1 900 sur la commune ( à direction communiste ) de Bettancourt La Ferrée.
Dans les deux cas, les municipalités de gauche ont été reconduites sans problèmes en 2008 ( entre 88 et 95 % sur Bettancourt, avec une seule liste et 66,6 % de votants ; de 59 à 67 % sur Chancenay )
Le solde de la population, c'est-Ã -dire environ 2 700 habitants, se situe sur Saint Dizier, dans une partie du quartier du Vert Bois en pleine phase de restructuration urbaine.
Ce secteur comprend deux bureaux de vote, dont l’attachement à la gauche n’est pas feint.
En 2004, Jean Luc Bouzon, le conseiller général PCF, avait obtenu la majorité absolue sur cette partie de la ville, marquée par une forte abstention toutefois ( environ 50,2 % de votants seulement ).
On notera que lors de la consultation référendaire de mai 2005, le canton avait voté à 64 %, un pourcentage que l’on peut mettre en regard de celui des législatives 2007 sur l’ensemble de la ville.
Une élection où l’on avait dénombré 50,1 % de votants sur l’ensemble de la ville, avec une nette majorité en faveur du député UMP François Cornut Gentille, rapporteur des crédits de la Défense à l’Assemblée ( ne pas oublier la BA 113 ) qui avait recueilli 5 165 voix avec sa suppléante Mylène Gouverneur.
Jean Luc Bouzon, candidat communiste associé à Mélanie Tsagouris, enseignante sur le quartier du Vert Bois, était parvenu en seconde position avec 883 voix sur l’ensemble de la ville et 10 % des voix.
Le PS s’était présenté divisé avec une candidature officielle, celle de Kheira Drissi, et une candidature dissidente, autour de Roland Daverdon et d’André Guyot.
Nous reverrons ces noms…
Aux régionales, les Bragards se sont massivement abstenus : 33,2 % de votants au premier tour, 38,2 % au second avec un taux sans doute plus élevé dans les quartiers des deux cantons Nord Est et Sud Est, qui se partagent le Vert Bois.
La ville a placé en tête la liste UMP au premier tour, avec 1 778 voix ( soit environ le tiers des voix de Cornut Gentille aux législatives ! ) et la liste de gauche au second tour avec 2 624 voix contre 2 429 à la liste UMP.
Le Front National a toutefois obtenu 1 363 suffrages et plus de 21 % des voix, signe de la persistance de son influence dans une ville où la population est souvent composée de retraités ouvriers ou d’ouvriers en activité ou sans emploi.
Le siège ne semble pas menacé cependant, eu égard aux dernières consultations.
Passons aux cantons de droite.
Saint Dizier Centre, qui regroupe une bonne partie de la ville d’avant le Vert Bois, est tenu par Elisabeth Robert Dehault, héritière d’une famille de maîtres de forges.
Au demeurant, avec les filles du créateur de Miko, les dynasties industrielles sont bien représentées sur la ville.
Et l’examen des données de l’impôt de solidarité sur la fortune nous révèle que Saint Dizier compte 87 contribuables de l’ISF, disposant d’un patrimoine moyen de 2 153 000 euros environ, situant la commune dans le Top 10 des patrimoines moyens les plus élevés en France.
Notons par contre que la ville ne compte que 6 448 contribuables imposés au titre de l’impôt sur le revenu sur 15 727 foyers fiscaux, soit 59 % de non imposables…
Le canton du Centre a nettement voté pour la candidate de droite en 2004, lui accordant 1 531 voix au premier tour ( 36 % des suffrages ) et 2 097 au second, soit plus de 46 %.
A noter sur ce canton le score élevé du candidat du FN : 1 007 voix et 23,7 % au premier tour, 976 et 21,5 % au second…
Je ne pense pas que le canton puisse basculer cette année, ou bien alors dans une configuration qui serait déroutante…
Le canton de Saint Dizier Ouest, qui complète le renouvellement 2011, est tenu par le premier adjoint de François Cornut Gentille, mais son chef lieu est situé dans la commune d’Eclaron Braucourt Sainte Livière…
Pourquoi un tel nom ?
Tout simplement parce que cette commune regroupe trois communes associées à l’époque de la loi Marcellin, trois communes dont la particularité est de ne pas avoir la même couleur politique.
On imagine l’ambiance du conseil municipal…
Eclaron est plutôt de droite, avec une liste élue autour de 60 % en 2008 tandis que Sainte Livière a un maire de gauche, puisqu’il s’agit tout simplement de Roland Daverdon, dont nous avons parlé plus haut.
Et qui fut plébiscité dans sa commune « associée « avec 82 % des voix.
Aux cantonales de 2004, sur le canton, Philippe Bossois fut élu avec une majorité relative de 1 974 voix ( 41,2 % ) face au candidat PS Michel Hild nanti de 1 663 voix ( 34,7 %).
Le solde tomba dans l’escarcelle du FN : 1 159 voix, et 24,2 %.
Un FN qui dépassera le tiers des voix dans le village de Perthes tandis que Philippe Bossois creusera l’écart grâce aux villages de Moeslains ou de Valcourt.
Sur la partie de Saint Dizier votant sur ce canton, le candidat UMP finira avec 63 voix d’avance sur le candidat PS.
Evidemment, nous ne traiterons pas plus du canton de Langres, déjà abordé dans un autre message, même s’il convient d’indiquer que le candidat sortant a renoncé à s’y représenter, désavoué par les militants du parti majoritaire à l’Assemblée nationale.
Sur Arc en Barrois, canton historique de la droite ( ce fut le canton d’élection de Charles Fèvre, ancien député ), indiquons notamment que le candidat de la gauche, 1er adjoint au maire du chef lieu, s’il a de fait une chance de gagner présente la particularité d’être adjoint d’un maire de droite !
Le canton compte 10 communes et entre 2 700 et 2 800 habitants, dont le tiers sur le chef lieu.
Aux régionales de 2010, Arc a donné la majorité absolue à la liste UMP (situation plutôt rare) et le pari du candidat radical de gauche ne me semble donc pas évident.
Les autres communes ont indiqué la même tendance que le chef lieu, soulignons le.
Sur le canton de Châteauvillain, la droite fut élue au premier tour en 2004, avec 56,5 % des votes au premier tour.
Le canton compte 4 300 habitants environ avec un peu moins de 1 700 résidents dans les communes associées dans le chef lieu.
La liste de Marie Christine Lavocat fut réélue ( 13 élus sur 15 ) sur la commune chef lieu en 2008 avec 321 à 389 voix sur 953 inscrits et 624 exprimés, la conseillère générale réalisant le score le plus élevé.
Notons tout de même que Jean Marie Bouchot, candidat PS en 2004, a été réélu avec 61 sur 70 maire de la commune associée d’Essey les Ponts et que Marie Rose Patelli, candidate communiste pressentie pour la canton, a fait 57 voix sur 58 ( et 79 inscrits ) dans l’autre commune associée de Marmesse.
On imagine, là encore, l’ambiance qui peut régner au conseil municipal qui regroupe, au total, les élus de 4 communes, héritage de la loi Marcellin.
Le chef lieu a voté à gauche ( mais avec 228 voix sur 1 269 inscrits et 533 exprimés au second tour )
Le reste du canton penche, de mon point de vue, suffisamment à droite pour ne pas inquiéter outre mesure la position de la sortante.
Dans le canton de Prauthoy, celui du sénateur Charles Guéné, pas de problème pour la droite, puisqu’il fut réélu en 2004 avec 56,6 % des votes et que sa commune d’élection, Vaux sous Aubigny, l’a reconduit en 2008 avec plus de 87 % des votes.
Aux régionales, Vaux a placé l’UMP en tête, tout comme Prauthoy où le FN a obtenu 27 % au second tour…
Dans le canton de Montier en Der, qui avait réélu en 2004 dès le premier tour le maire du chef lieu Jean Jacques Bayer ( 58 % des voix sur le canton et 72 % sur le chef lieu, commune du cheval Auxois et de l’Oiseau migrateur…), la candidature PS est intéressante.
Le festival de l’image et de la photo animalière est en effet la grande manifestation culturelle annuelle de Montier en Der, située près du lac du Der ( la réserve d’eau potable d’une bonne partie de Paris ), zone de passage des migrateurs.
Le candidat PS de 2004, maire de Sommevoire, n’avait pu véritablement mettre en cause la position du candidat de l’UMP que dans sa commune, quand bien même, de façon globale, les autres communes du canton avaient presque mis Jean Jacques Bayer en ballottage.
Celui-ci n’avait en effet réalisé que 865 voix en dehors du chef lieu contre 848 voix aux trois autres candidats.
Une mise en ballottage général du sortant UMP serait déjà une performance.
Le canton de Juzennecourt contient l’un des plus petits chefs lieux de canton de notre pays puisqu’il ne compte que 203 habitants.
Mais l’une de ses communes est autrement plus connue puisqu’il s’agit de Colombey les Deux Eglises, elle-même réunion aujourd’hui du chef lieu historique et de sept autres communes associées.
Autant dire que nous sommes dans un canton rural et forestier et nettement acquis à la droite, puisque Colombey a accordé 66 % des voix à la liste UMP des régionales, par exemple !
Rappelons que le candidat PS de 2004 s’est contenté de 11,25 % des exprimés…
Doulevant le Château, canton que nous regarderons ensuite, compte environ 2 400 habitants, répartis dans 18 communes, sur 233 km carrés ( z’ont de la place ).
Le canton a donné plus de 68 % au second tour au candidat de droite, Jean Marie Fèvre.
La gauche est arrivée en tête au second tour des régionales de 2010 sur le chef lieu mais rien ne semble devoir permettre autre chose que d’améliorer le score de 2004.
Nous reviendrons dans un autre message sur les deux derniers cantons, celui de Chaumont Nord et celui de Longeau Percey qui peuvent nous intéresser sur l’évolution du département…