de pierrot » Mar 1 Mar 2011 16:47
Comme promis, en complément des analyses ci-dessus, un état des lieux plus précis des forces en présence dans le canton de Saint Fons, pour les amateurs de politique locale ;). Désolé si c'est un peu long.
Pour changer un peu, lisons l’affiche de droite à gauche.
Le FN est représenté par Danica Ljustina. Conseillère municipale de Vénissieux, elle était numéro 2 sur la liste conduite en 2008 par Yvan Bénédetti qui avait obtenu 11% des voix et 2 élus. Le leader du FN sur la 14ème circonscription ayant été choisi pour affronter Mercier à Thizy, c’est elle qui se lance pour le canton de Saint Fons. En 2010, elle était candidate (non élue) sur la liste conduite par Gollnisch aux régionales.
Elle a pour suppléant Maurice Dumontet qui était candidat en 2004 dans le canton.
Il avait obtenu 18,50% des suffrages exprimés au premier tour mais seulement 10,40% des inscrits, élément important avec la nouvelle règle applicable cette année (en 2004, il y avait eu 42% d’absentions au cours d’un scrutin concomitant avec les régionales). En regardant par commune, on note un pic à 22% à Feyzin où il avait obtenu la deuxième place, de même qu’à Saint Fons (avec 19%) où sa 2ème place était plus liée à la dispersion des voix à droite (voir plus loin). Au deuxième tour il a perdu une dizaine de voix malgré une participation en hausse de 700 électeurs environ.
Aux dernières européennes, la liste conduite par Le Pen père dans le sud-est n’avait réuni que 8,99% sur le canton (à l’image de son score régional) mais aux dernières régionales la liste Gollnisch atteignait les 16,82% au premier tour (mais avec seulement 6,45%des inscrits, l’abstention étant supérieure à 60%) avec un pic à 17,5 % dans la ville chef-lieu seule commune où elle devançait la liste de la majorité présidentielle. Au deuxième tour, le FN a gagné 321 voix pour talonner les 18%.
En conclusion, étant donné l’abstention prévisible et le potentiel électoral du FN, l’hypothèse d’un maintien au second tour dans le cadre d’une triangulaire est quasiment impossible (il faudrait dépasser les 2 700 voix). L’hypothèse d’une qualification en dépassant le candidat UMP est peu probable à mon avis malgré le contexte national. D’autant que pour le moment la campagne du FN sur le terrain est à peu près inexistante même si on sait que celle-ci a moins d’importance dans le vote frontiste qui répond plus à des questions de société.
Autre argument : à droite la situation est plus claire qu’en 2004 où le candidat officiel de l’UMP André Sardat, maire de Corbas à l’époque (et ancien candidat aux législatives de 1997 et 2002 dans la 14ème), avait dû affronter la candidature dissidente de Marie-France Vincent qui était première adjointe du maire radical valoisien de Saint Fons (Michel Denis). Cette dispersion était particulièrement marquée dans ce chef-lieu, commune comptant le plus grand nombre d’inscrits, où la dissidente avait largement dépassé le candidat officiel (14,90% contre 6,25 %). Au final, ce dernier ne devait sa deuxième place (100 voix d’avance sur le FN seulement) qu’aux 35% obtenus dans la commune dont il était maire.
Depuis, comme l’a indiqué vudeloin , la droite a perdu Saint Fons et Marie France Vincent n°2 sur la liste de Michel Denis a choisi, tout comme lui, de ne pas siéger au conseil municipal en tant que membre de l’opposition. Et cette année, elle part en tant que suppléante du candidat officiel de l’UMP Lilian Morinon. Délégué du parti présidentiel pour la 14ème circonscription du Rhône depuis octobre 2010 novembre 2008, il se présente pour la première fois sur son nom. Mais il n’est pas un inconnu sur la scène politique locale. Militant corbasien très présent sur le terrain (et sur Internet) depuis des années, nul en peut douter de ses ambitions (la candidatures aux législatives en 2012 et la mairie de Corbas en 2014) et dans cette perspective il joue une partie de se crédibilité lors de ces cantonales. En 2010, il a été candidat (non élu) sur la liste régionale Françoise Grossetête. En revanche aux municipales de 2008 à Corbas, il a choisi avec une partie de l’UMP locale (dont Joël Cas responsable UMP à l’époque) de lâcher le maire sortant André Sardat et de se présenter sur la liste Modem - Divers Droite de Pascale Dehard. Les dissidents contestaient le refus par le maire de "laisser la place aux jeunes", au moins en cours de mandat. Lilian Morinon occupait la dixième place sur cette liste, son épouse sa soeur aujourd’hui mandataire financière de sa campagne étant en 3ème position. Malgré ses 25%, la liste, partagée entre les objectifs contradictoires des centristes et des dissidents UMP, et dont la fusion avec la liste officielle UMP (investiture d’ailleurs contestée) était impossible, choisira de ne pas se présenter au second tour. Et ce pour ne pas porter la responsabilité de la victoire de la gauche qui a tout de même eu lieu puisque Sardat a largement perdu sa mairie au second tour avec seulement 45,5% des suffrages exprimés (nul doute que la division et les attaques du premier tour ont pesé dans la balance en sa défaveur face à une gauche unie dès le départ). Aujourd’hui tout ceci semble oublié puisque A. Sardat préside le comité de soutien corbasien de Lilian Morinon qui a donc réussi a obtenir l’union autour de lui pour ce scrutin. Dans ce contexte, avec une campagne active y compris des visites et soutiens ministériels et un positionnement très à droite (les attaques violentes contre la gauche socialo-communiste, les thèmes de l’insécurité et du refus des constructions de logements sociaux proposées par les municipalités de gauche sont largement martelés par l’UMP dans le secteur), il a de fortes chances d’atteindre le second tour et en particulier de ne pas se faire déborder par le FN.
Mais ce positionnement peut lui faire perdre des voix au centre où il aura la concurrence de 2 candidats. Tout d’abord Maurice Iacovella, ex-UDF, qui utilise le sigle "Union du Centre" sur son matériel de propagande électorale. Il a été élu municipal à Vénissieux en 2008 à la tête d’une liste de Rassemblement des vénissians qui a obtenu (une petite surprise) 7,34%. Ceci malgré la présence d’une liste MoDem-Verts à qui il a siphonné pas mal de voix (10,65%) et d’espoirs, car cette liste imaginait mieux face à l’union très à gauche version Gerin et la majorité présidentielle très à droite derrière le MPF Christophe Girard (attention c’est un homonyme de l’adjoint à la culture de Delanoë). Bien que sans étiquette, il se revendiquait déjà du centre en 2008 "Pas centriste mais au centre" et cette fois encore se retrouve face au MoDem. Mais fidèle depuis des années à sa surprenante stratégie rhodanienne perdante (voir plus haut), le parti bayrouiste présente encore une fois une inconnue (alors qu’il n’y a que 6 candidats officiels en tout et plus d’une dizaine d’ancien MoDem à travers le département) dont la campagne est très discrète (pour ne pas dire moins) pour le moment. Je la vois donc finir derrière la candidat vénissian poursuivant l’inexorable dégringolade orange ( 16,85% pour Bayrou en 2007 dans le canton, 7,21% aux européennes pour le MoDem et 4,59% pour Begag aux régionales). En 2004, le centre-droit était représenté par l’UDF Guy Barral qui était à l’époque adjoint au maire de Solaize (il est devenu maire en 2008). Il avait atteint 25% dans sa commune (à égalité avec la sortante socialiste) et entre 2 et 4 % dans les trois autres communes : soit un score de 5,5% à l’échelle du canton.
Du côté des verts, Serge Perrin, militant historique de la non-violence, est candidat comme en 2004. Il avait obtenu 7,59% des voix avec des scores assez équilibrés dans les différentes communes. Aux Européennes de 2009 et aux régionales de 2010, les listes EELV dépassaient les 14% dans le canton soit moins que leurs scores régionaux. A noter que les écologistes participent aux exécutifs municipaux (présence d’adjoints verts) des 3 villes socialistes du canton. Ils étaient présents sur une liste d’union de la gauche dès le premier tour à Feyzin et Corbas et sur une liste autonome à Saint Fons. Cette liste, justement conduite par Serge Perrin, avait atteint 6,51% avant de fusionner avec la liste de gauche de C. Demontes qui a arraché la mairie de 97 voix.
Il peut bénéficier de quelques sujets d’actualités assez porteurs dans le canton (contournement ferroviaire CFAL, plateaux agricole des grandes terres) ou l’est lyonnais (grand stade OL land) et de l’implantation de longue date d’élus verts (lui-même à Saint Fons, Paul Coste à Corbas…). Mais dans le contexte du couloir de la chimie assez difficile pour l’écologie politique et face à la sortante socialiste bien implantée, il n’a aucune chance d’atteindre le second tour à mon sens. Tout au plus, sur la dynamique des derniers scrutins, peut il espérer un score à 2 chiffres.
Car Jacqueline Vottero, malgré ses 76 ans, reste la grande favorite. Je rappelle bien sûr qu’en cas d'égalité de sièges (gain d’un canton par la gauche), le doyen d'âge présiderait le conseil général.
Très implantée à Saint Fons où elle a été adjointe et où elle a accompagné son mari, un médecin apprécié, elle a su se faire connaître dans tout le canton dont elle occupe le siège depuis 1992. A cette date, elle a succédé à F Serusclat sénateur-maire du chef lieu, dont elle fût l’adjointe.
Elle est largement reconnue au Conseil Général, y compris dans la majorité, pour ses compétences dans le domaine de l’action sociale Malgré des problèmes de santé ces dernières années et son âge, elle a accepté de repartir et appuie ce choix sur deux éléments : la durée courte du mandat, lié à la réforme territoriale pour 2014 et la présence d'un suppléant.
Ce dernier, Thierry Buttin, a conduit la liste d’union de la gauche victorieuse en 2008 à Corbas et a occupé le poste de maire jusque 2009. Il a perdu son mandat suite à une inéligibilité pour avoir réglé personnellement 1 261 euros au début de la campagne municipale avant la désignation de son mandataire financier. Erreur assez innocente puisqu’il avait déclaré cette somme dans les comptes de campagnes entraînant par la même son invalidation. Jean-Claude Talbot (PS également) lui a succédé à la tête de la mairie. Buttin, comptait sur ces cantonales pour se réhabiliter, face à ce qu’il considère comme une injustice. En effet, au même moment, le conseil d’Etat a prononcé exactement la même peine à l’encontre de Serge Dassault pour avoir … acheté des voix en 2008 ! Mais il espérait plutôt une place de titulaire et un poste au conseil général (misant sur le départ de la sortante) qu’un strapontin de remplaçant.
Autre avantage pour Vottero, outre les 3 mairies PS cotées par vudeloin, contrairement à 2004 elle n’aura pas à affronter Thierry Vignaud, élu MRC à Vénissieux qui a renoncé, ni surtout de candidature Divers Gauche puisque Michèle Edery a quitté (pour le moment ?) la scène politique de Saint Fons et est cette fois candidate officielle du PS dans le canton de Lamure-sur-Azergue où elle a des racines familiales. En 2004, elle avait tout de même réuni 6% à l’échelle du canton (8% à Saint Fons). Également candidate Divers Gauche à la législative de 2007 dans la 14ème du Rhône elle avait obtenu 1,89% des exprimées et 4,65% à Saint Fons même.
Enfin à sa gauche, la sortante trouvera un ticket 100% PCF puisque Roland Le Bouhart et sa suppléante ("candidats du monde du travail") réfutent l'étiquette Front de Gauche. Adjoint de Demontes, conseiller communautaire au Grand Lyon, il est à l’image de la section de Saint Fons fidèle à la ligne orthodoxe du député André Gérin, qui préside son comité de soutien, et s'oppose de ce fait à cette stratégie d'alliance. Cette ligne est moins claire dans d’autres sections, en particulier celle de Corbas qui comprend dans ses rangs la vice-présidente du conseil régional Christiane Puthod réélue en 2010 sur une liste Front de Gauche au premier tour (avant fusion avec le PS et EELV au second) avec une tête de liste régionale du Parti de Gauche. Cette liste avait obtenu 8 % sur la canton (environ le même score qu’aux européennes de 2009). Contrairement aux scrutins précédents, les candidats communistes n’auront pas à affronter cette fois de candidatures d’extrême gauche, lesquels avaient réuni entre 5 et 7 % sur le canton aux scrutins déjà cités de 2004, 2009 et 2010 (il y a pourtant 2 élus LO à saint Fons). Côté PCF, en 2004, Michèle Picard, qui a succédé depuis à Gerin à la mairie de Vénissieux (en 2009), s’était présentée et avait obtenu 6,50% des suffrages exprimés.
Rappel 2004
1er tour
Inscrits 19 968
Votants 11 598
Exprimés 11 235
Jacqueline VOTTERO (PS) 2 674 voix 23,80%
André SARDAT (UMP) 2 176 voix 19,37%
Maurice DUMONTET (FN) 2 078 voix 18,50%
Serge PERRIN (Verts) 853 voix 7,59%
M.France VINCENT (DVD) 744 voix 6,62%
Michèle PICARD (PCF) 730 voix 6,50%
Michèle EDERY (DVG) 691 voix 6,15%
Guy BARRAL (UDF) 618 voix 5,50%
Christian PRADA (LO) 388 voix 3,45%
Salah FERKOUNE (PT) 151 voix 1,34%
Thierry VIGNAUD (MRC) 132 voix 1,17%
2ème tour
Inscrits 19 968
Votants 11 598
Exprimés 11 235
Jacqueline VOTTERO (PS) 6 077 voix 50,80%
André SARDAT (UMP) 3 818 voix 31,92%
Maurice DUMONTET (FN) 2 067 voix 17,28%
EDIT 1 pierrot le 02/03/2011 à 21:05 -> ajout à l'analyse du positionnement et des résultats de Guy Barral au centre-droit en 2004
EDIT 2 pierrot le 07/03/2011 à 08:35 -> corrections de certaines infomations relatives au candidat UMP Lilan Morinon, suite à des précisions apportées par ce dernier
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pierrot le Lun 7 Mar 2011 08:33, édité 2 fois.