Bayonne-Nord LE parti Communiste en reconqueteDépossédé de son seul siège en 2004, le PCF a fait de la reprise de ce «bien" l'une de ses priorités. La maire de Boucau, Marie-José Espiaube, désignée pour mener cette bataille, sera opposée au sortant Christophe Martin (PS), qui est aussi l'un de ses adjoints. La droite est en embuscade, mais divisée. Les abertzale sont unis, mais en terrain difficile28/12/2010
Un mini-séisme politique. En 2004, Maurice Garcia, conseiller général sortant du canton Bayonne-Nord, échouait dans sa tentative de «sauver» l'unique fauteuil communiste du Parlement de Navarre, emporté par la vague de désaffection globale à l'égard du PCF. Seulement troisième à l'issue du premier tour, il se résignait rapidement à soutenir son devancier socialiste Christophe Martin. Avant d'assister, depuis le «banc de touche», à la victoire de ce dernier face à Christian Millet-Barbé (UMP), avec 65,23 % des suffrages contre 34,77 %.
Incontestablement, la perte de ce «bastion» est restée en travers de la gorge des communistes, qui ont décidé de mettre le paquet pour tenter de le récupérer. Ainsi, c'est la maire de Boucau, Marie-José Espiaube, élue la plus notoire du «canton», qui a été désignée par les siens - et plus largement par le Front de gauche, qui regroupe également le Parti de gauche - afin de mener cette bataille au goût de revanche. Comme lors des municipales de 2008, elle sera opposée à son adjoint Christophe Martin, qui a reçu l'aval des socialistes dans sa quête d'un deuxième mandat.
Ralliement derrière le mieux placéThéoriquement, le moins bien placé des deux à l'issue du premier tour se ralliera à l'autre, selon la même logique qu'en 2004. Ou qu'en 2008, lors des municipales. Après avoir recueilli 152 voix de moins que Marie-José Espiaube, Christophe Martin avait accepté de se ranger derrière l'actuelle maire de Boucau.
Les deux candidats ont annoncé leur intention de respecter à nouveau cette forme de «pacte de la gauche» en mars prochain. «Ce soutien est normal, on l'a toujours fait. Mais je dois quand même lui apporter un bémol», met en garde Marie-José Espiaube. «En 2004, quand Maurice Garcia est arrivé troisième, il n'a manqué aucune voix communiste à Christophe Martin au second tour. Ce qui n'a pas été le cas des voix socialistes en ma faveur en 2008. Par la faute du PS. J'espère que ça ne se reproduira pas cette fois-ci».
On s'en doute, Christophe Martin n'a pas la même lecture des événements : «Il y a toujours une déperdition des voix, quel que soit d'ailleurs les cas de figures. En 2004, mon score avait été supérieur à l'addition des voix PS, Verts et PCF, mais c'est parce qu'une dynamique s'était créée. En 2008, j'avais capté au premier tour des voix d'un électorat plus large que les seuls socialistes, ce qui peut expliquer que le report n'ait pas été total. De toute façon, on ne peut pas comparer les deux types d'élections, municipale et cantonale».
Le vainqueur de la primaire élu ?Si le report s'effectue correctement, le vainqueur de cette «primaire de la gauche» pourrait en tout cas s'ouvrir la voie royale vers l'élection. La circonscription, divisée en deux parties (une portion de la rive droite de Bayonne et Boucau, voir carte page 3), reste l'une des plus «populaires» du département, malgré l'arrivée de nouveaux habitants ces dernières années (lire encadré page 3).
Sur Boucau, l'équilibre gauche-droite ne semble pas avoir bougé depuis six ans. Lors des régionales 2010, la liste d'Union de la gauche, menée par Alain Rousset, a obtenu 65,13 % des voix, soit quasiment, à la décimale près, le score réalisé par Christophe Martin au second tour des cantonales de 2004.
Ce parallèle ne signifie pas que le scrutin soit joué d'avance pour la gauche. Chaque élection répond à sa propre logique. D'autre part, l'absence de données récentes concernant l'orientation politique des nouveaux électeurs de la partie bayonnaise du canton (671 contre 352 à Boucau) fait planer une incertitude quant au vote de ces derniers en mars prochain.
Profusion de candidats à droiteAussi, bien que très délicate, la prise de cette forteresse rouge-rosée n'est pas impossible pour la droite. La preuve ? L'élection de Christian Millet-Barbé en 1992. Après ses deux échecs de 1998 et 2004, celui-ci ne sera cette fois pas candidat. Proche de Jean Grenet et membre comme lui du Parti radical, Jean-Bernard Pocq a été investi par l'UMP pour tenter de créer la surprise. Ce médecin généraliste de 58 ans, installé de longue date dans le quartier Sainte-Croix, misera beaucoup sur son implantation locale : «Je ne me situe pas comme un candidat politique, même si j'ai des investitures, mais comme un citoyen représentant de la société civile, avec une expérience sociale importante et un vécu sur le canton», indique-t-il.
Un deuxième postulant de droite, le «gaulliste républicain» de Debout la République (le parti de Nicolas Dupont-Aignan), Pascal Lesellier, s'est déjà déclaré. Deux autres pourraient suivre. Forces 64 (MoDem) n'a pas encore dévoilé le nom de son protégé, mais il est quasiment acquis qu'il y en aura un. Par ailleurs, un proche d'Yves Ugalde (Bayonne par Coeur) est susceptible de s'inviter dans la course, en fonction du contexte des autres cantons bayonnais.
Les abertzale unisContrairement à 2004, les abertzale de gauche se présenteront unis, sous la bannière Euskal Herria Bai (AB, Batasuna et EA). Le représentant de la plateforme n'a pas encore été choisi. Il y a six ans, Béatrice Peyrucq (AB, 3,25 %) et Nathalie Valles (Baiona Iraultzen, 1,64 %) avaient au total recueilli un peu moins de 5 % des suffrages, dont plus des deux tiers provenaient de la partie bayonnaise du canton. Etant donné sa configuration sociologique et géographique, Bayonne-Nord est particulièrement difficile pour les abertzale.
Les thématiques de campagne très probables (Fertiladour, Batz...) pourraient servir les Verts-Europe écologie, dont le(a) candidat(e) devrait être un(e) élu(e) local(e).
Enfin, le FN proposera un candidat, mais celui-ci ne sera connu qu'en janvier, après le congrès du parti. Son représentant Henri Chevrat avait terminé 4e au premier tour en 2004, avec 9,49 %. L'extrême gauche se dévoilera également fin janvier.
Pierre MAILHARINUn Canton bicephale, Actuellement en pleine mutationCréée en 1973 à la suite de la refonte des périmètres de Bayonne-Nord-Est et Bayonne-Nord-Ouest («le charcutage Pasqua», dixit Christophe Martin), la circonscription Bayonne-Nord, bicéphale et quelque peu incohérente, se compose du territoire de Boucau et d'une partie de la rive droite bayonnaise de l'Adour (voir carte ci-dessus).
En pleine mutation et urbanisation ces dernières années, le canton aurait gagné depuis 2004 quelque «3 000 à 3 500 habitants», selon Christophe Martin. Au dernier recensement de 2007, il comptabilisait en tout cas 19 409 habitants (7 503 à Boucau, 11 906 dans la portion bayonnaise).
Le site de la préfecture des Pyrénées-Atlantiques indique qu'au 28 février 2010, les électeurs inscrits sur ce territoire étaient au total 12 861 (contre 11 838 en 2004, + 1 023), chiffre réparti entre Boucau (5 556 contre 5 204 en 2004, +352) et Bayonne (7 305 contre 6634, + 671).
Depuis 37 ans, Bayonne-Nord a vu défiler trois élus de gauche, Jean Abadie (ancien maire PCF de Boucau 1973-1992), Maurice Garcia (PCF, 1998-2004) et Christophe Martin (PS, 2004-2011), contre un seul de droite, Christian Millet-Barbé (RPR, 1992-1998).
http://www.lejpb.com/paperezkoa/20101228/240179/fr/Bayonne-Nord-LE-parti-Communiste-reconquete