de vudeloin » Ven 14 Jan 2011 20:25
Pour poursuivre l’analyse des points chauds du scrutin cantonal, un petit détour par le canton de Viarmes.
Un siège détenu de longue date par la droite et/ou le centre puisque ce fut longtemps le siège de Pierre Salvi, Président UDF du Conseil général du Val d’Oise, avant qu’il ne le cède à Emelyne Georges Picot, apparentée à la famille Giscard d’Estaing, et que le siège ne revienne enfin à Daniel Desse, maire de Viarmes jusqu’en 2008.
Le canton regroupe 10 communes connaissant une expansion démographique permanente, liée à plusieurs facteurs.
Le premier, c’est qu’il se situe entre les forêts de Montmorency et de Carnelle et qu’il présente donc toutes les caractéristiques de la « ville à la campagne « .
Le second, c’est que le développement de nombreux lotissements pavillonnaires dans les communes du canton participe du phénomène de rurbanisation que nous connaissons depuis une trentaine d’années, une rurbanisation qui fait de petits villages de gros bourgs et de gros bourgs des petites villes.
Politiquement parlant, la gauche ne gère qu’une des dix communes du canton, celle de Saint Martin du Tertre, avec un maire proche du PCF, réélu non sans quelques difficultés en 2008.
Saint Martin du Tertre, au plus haut de la forêt de Carnelle, compte aujourd’hui plus de 2 300 habitants et est dans le giron de la gauche depuis au moins le jour d’août 1944 où Louis Desenclos, jeune communiste du comité de résistance du secteur, s’est installé à la Mairie en lieu et place du maire désigné par Vichy.
Louis Desenclos fut d’ailleurs constamment réélu de 1945 à 1995 ( un record dans le Val d’Oise que seul le comte de Noailles, dans sa commune d’Epinay Champlâtreux, a pu égaler ), soit comme Maire la plupart du temps, soit comme adjoint.
Il fut aussi à plusieurs reprises l’adversaire de Pierre Salvi aux cantonales.
La commune de Belloy en France est l’autre commune gérée par une autre équipe que la droite, avec un maire d’obédience centriste, Raphaël Barbarossa, qui a rompu en 1995 la longue litanie des Maires issus de l’agriculture de cette commune située en plein cœur de la riche Plaine de France.
Il a soutenu Bayrou en 2007 et il est président de la Communauté de communes de Carnelle.
Les autres communes sont plus nettement gérées par la droite, parfois même par des maires encartés à l’UMP ( Montsoult, Viarmes, Asnières sur Oise ou encore Villaines sous Bois ) ou non, et sous réserves de quelques ajustements.
C’est aussi un canton où les municipales ne sont pas nécessairement marquées par la présence de plusieurs listes.
L’exemple de Viarmes est intéressant : sur 3 620 inscrits en 2008, 1 688 se sont déplacés aux urnes ( il n’y avait qu’une seule liste de droite constituée ) et 1 201 ont voté pour la liste élue.
Il y a donc un vote local, aux municipales, obéissant à des dynamiques propres, et un autre vote dès lors que l’offre politique est différente.
En 2004, le conseiller général UMP a été élu avec moins de 45 % des votes au second tour, la présence d’un candidat FN ayant troublé un peu le jeu.
Daniel Desse était en tête sur Viarmes ( 53,7 % et 430 voix d’avance sur la candidate PS ), Villaines sous Bois ( 53,2 % et 51 voix d’avance ) mais il fut devancé de 3 voix à Belloy, de 93 voix sur Montsoult ou de 166 voix sur Saint Martin du Tertre.
Son avance fut de 301 voix sur l’ensemble du canton.
Aux régionales de 2010, dernières élections référence pour ce secteur, les données du problème sont assez nouvelles.
Au premier tour, les listes du centre, de l’UMP, de droite et d’extrême droite sont en tête dans 7 des 10 communes du canton et capitalisent 3 376 voix, un nombre de suffrages à rapprocher des 4 017 suffrages obtenus lors du second tour de la cantonale de 2004.
Les listes de gauche et d’extrême gauche sont en tête sur Saint Martin du Tertre ( assez normal ), Seugy ( pour 3 votes ) et Montsoult ( pour 53 voix ).
Ce qui peut être surprenant dans une municipalité UMP qui constitue un mini nœud ferroviaire sur les lignes de Paris Nord.
Au total, la gauche obtient 3 113 voix, score à rapprocher des 3 716 suffrages du second tour des cantonales de 2004.
Les forces de droite et du centre, avec certains scores importants du FN et parfois de la liste Dupont Aignan, ont donc 263 suffrages d’avance.
Au second tour, la table se renverse.
La gauche ajoute en effet Maffliers et Viarmes à la liste des communes où elle est en tête.
Elle gagne des voix dans toutes les communes, et obtient finalement 496 voix de plus, soit 3 609 votes sur l’ensemble du canton.
Le tout en général avec une participation autour de 50 %, alors que la cantonale avait connu un taux de participation de 70 %.
On peut estimer à plus de 800 votes le nombre de voix gagnées par la gauche au regard des cantonales…
La liste Pécresse, dans ce canton situé dans la circonscription de Jérôme Chartier, perd 91 voix sur le total du premier tour et se situe donc à 3 285 voix, soit plus de 300 voix de retard sur la gauche.
Compte tenu de la plus faible participation qu’aux cantonales, on aurait pu s’attendre à ce que la droite rassemble les 5/7emes de ses électeurs de 2004 et la même proportion des électeurs du Front National ( 1 275 voix ).
Soit, en gros, 2 870 électeurs Desse des cantonales et 910 électeurs FN, ou 3 680.
Il y a un petit déchet ( plus ou moins 400 votes ) qui interroge.
Alors, évidemment, le siège est dans la mire de la gauche, à l’instar de ce que nous avons pu dire sur le canton de Marines mais les traditions de droite de ce secteur du Val d’Oise sont fortes.
La candidate Verte présentée sur place, conseillère régionale, portera t elle la possible victoire ou bien la droite se mobilisera t elle assez pour préserver une position indispensable pour les législatives à venir ?
Affaire à suivre donc… ;)