de vudeloin » Lun 24 Jan 2011 17:34
Mes chers amis, première étape de l’analyse de cette évolution du département du Var, qui fut, en des temps un peu lointains, l’un des départements républicains de France, et qui est aujourd’hui l’un des bastions de la droite parlementaire, avec ce qu’il faut de porosité entre son électorat et celui de l’extrême droite de temps à autre…
Juste pour mémoire, indiquons tout de même qu’en 1936, le Var élit deux députs communistes et deux socialistes, pour un seul élu de la gauche démocratique et des radicaux indépendants, le maire de Toulon Escartefigue.
Une situation confirmée sous la IVe République avec un élu MRP en sus des deux communistes et des deux socialistes.
Le PS perdit un siège en 1951 au profit des Indépendants mais ce fut en 1958 que se produisit le premier choc avec l’élection de quatre députés gaullistes.
Les choses retournent à la normale en 1967 avec l’élection d’un député PCF sur La Seyne, de deux PS et d’un UNR.
Le basculement du Var à droite ne date pas des années 90, et remonte plus précisément aux années 70, en tout cas leur deuxième partie.
Quelques explications.
En 1973, même si cela fait quelques temps que la droite tient la ville de Toulon ( qu’elle devra lâcher, le temps d’un mandat, au Front National ), notamment du fait des comportements électoraux des personnels de la Marine Nationale habitant sur place ou dans les communes autour, le Var a élu deux députés de gauche et deux députés de droite.
A gauche, le pays dracénois, c'est-à-dire pour aller vite, l’essentiel du département en superficie, et notamment les hauts cantons, élit sans difficulté majeure un député PS, Pierre Gaudin.
La majorité est claire : 13 132 voix d’avance pour le candidat socialiste au second tour, sur un territoire comptant 79 154 électeurs et regroupant 17 cantons.
Le second siège, obtenu avec une plus restreinte, est le siège de Toulon La Seyne, où est élu Philippe Giovannini, maire communiste de la Seyne, qui l’emporte de 488 voix dans une circonscription très peuplée et comptant 107 221 électeurs.
A droite, élection de Mario Bénard sur le siège de Fréjus Saint Raphaël, avec une majorité de 2 113 voix sur l’ensemble de la circonscription.
Notons qu’à la surprise générale, en 1971, Fréjus a élu une municipalité de gauche, en poussant dehors André Léotard, maire rendu célèbre, si l’on peut dire, par la catastrophe du barrage de Malpasset.
Sur le siège couvrant Toulon et la Valette du Var, élection d’Aymeric Simon Lorière, député UDR, avec une majorité de 3 075 voix.
A l’époque, le département est tenu par Edouard Soldani, sénateur PS et maire de Draguignan, un de ces caciques socialistes de Provence comme on n’en fait plus…
En 1974, le département accorde la majorité de ses suffrages au candidat de la gauche, François Mitterrand, lors des présidentielles, imitant en cela dans la région tous les départements sauf les Alpes Maritimes et les Hautes Alpes.
Mais l’écart est faible ( 3 575 voix sur l’ensemble du département ).
En 1977, la gauche obtient quelques succès aux élections municipales, avec notamment la conquête de la ville d’Hyères, qui entretiennent l’illusion de son influence sur le département.
Le PS a gardé Draguignan, le PCF la Seyne et La Garde mais François Léotard reprend Fréjus.
Et en 1978, le glissement est plus net.
Le nombre des électeurs inscrits, porté par l’abaissement de l’âge électoral à 18 ans et les arrivées de populations nouvelles, passe de 350 000 environ en 1973 à 440 000.
Les effets de ces mutations ne se font pas attendre.
Si le PS, avec Alain Hautecoeur, est réélu sur Draguignan, les trois autres sièges, sur la Côte, tombent dans l’escarcelle de la droite et singulièrement des giscardiens, avec Maurice Arreckx sur Toulon La Valette, François Léotard sur Fréjus Saint Raphael et Arthur Paecht sur Toulon La Seyne.
Les positions de force de la gauche demeurent particulièrement concentrés sur la circonscription dracénoise, où 16 des 17 cantons votent majoritairement à gauche.
D’ailleurs Alain Hautecoeur n’est présent au second tour que grâce au canton de Draguignan, puisqu’il devance de peu ( quelques centaines de voix ) le candidat PCF, Guy Guigou, maire de Cuers sur l’ensemble du siège.
Sur les trois autres sièges, la droite domine dans 22 cantons sur 24, puisque seuls les cantons, d’ailleurs mitoyens, de La Seyne sur Mer et de Toulon 2 échappent à son emprise.
A l’époque, Edouard Soldani préside encore aux affaires du département mais son temps est compté et il finira par perdre son mandat en 1985, où il sera remplacé par le maire de Toulon, Maurice Arreckx.
Entre temps, en 1981, le Var a fait l’inverse de la France et a voté Giscard contre Mitterrand, étant le seul département métropolitain dans ce cas.
Et si la vague rose de juin 1981 a permis l’élection de Guy Durbec et de Christian Goux ( PS tous les deux ) à la députation, et le seul maintien de François Léotard sur le siège de Fréjus Saint Raphaêl, les municipales de 1983 consacrent le recul de la gauche avec la perte de Draguignan, entre autres.
En 1986, le passage à 7 députés, causé par la progression de la population, conduit à l’élection de 2 députés PS, de 4 députés de droite et d’une députée FN, Yann Piat, dont on connaît le tragique destin.
Ce ne sont que les effets du scrutin proportionnel puisque le retour au scrutin majoritaire donne 6 sièges à la droite « classique « et un au FN.
Nous complèterons avec d’autres éléments.