de vudeloin » Ven 18 Fév 2011 21:03
Les élections cantonales de 2011 constituent un bon test, dans un département comme la Haute Loire, pour mesurer comment les forces de gauche comme les forces de droite peuvent être amenées à évoluer sur la durée.
Les Altiligériens, de longue date, ont plutôt fait confiance à la droite, et singulièrement la démocratie chrétienne pour les représenter.
De ce point de vue, le fait que le ministre Laurent Wauquiez Motte soit venu reprendre la mairie du Puy en Velay ne constitue, sur la durée historique, qu’un évènement somme toute assez logique, puisqu’une gestion de gauche au Puy ne s’était pas produite depuis un temps que les moins de soixante ans ne pouvaient pas connaître…
C’est que la cité mariale est de très longue date acquise à la droite que le résultat de 2001, totalement à contre courant de la tendance nationale, avait constitué un phénomène pour le moins surprenant.
Pour autant, la reconquête de la ville par la droite ne peut être considérée comme surprenante, sinon que le mouvement tendanciel de la commune est aujourd’hui de s’inscrire beaucoup plus à gauche que par le passé.
En 2008, Laurent Wauquiez Motte a reconquis la mairie au premier tour en obtenant 4 965 voix sur l’ensemble de la ville, contre 3 548 voix pour la liste d’Arlette Landau ( la maman du syndicaliste étudiant devenu adjoint au Maire de Paris, Bruno Julliard ) et 283 pour une liste d’extrême gauche.
Victoire écrasante, donc, aussi nette que celle de son collègue Chatel à Chaumont et qui fut un peu l’exception de la cuvée 2008 pour l’UMP.
Problème pour Laurent Wauquiez Motte : en 2010, lors des élections régionales, la gauche a obtenu 2 871 voix au premier, les listes de droite et du centre 2 531 et le second tour ne fut pas meilleur, avec 3 129 voix à gauche contre 2 641 à droite.
Les régionales, dernière consultation organisée dans le département, ont fourni quelques éléments d’analyse.
Sur la série de cantons renouvelables cette année, nous avons 6 cantons PS ou DVG et 10 cantons détenus par la droite.
Sur les 6 cantons de gauche, la gauche est arrivée en tête aux régionales dans 5 cantons ( Auzon, Blesle, Brioude Nord, Le Puy Est et Saint Julien Chapteuil ) dans des proportions qui ne laissent le plus souvent guère de doutes sur le résuttat.
Le dernier canton, celui de Pradelles, a placé la droite en tête au second tour des régionales.
Sur les dix cantons de droite, la gauche est arrivée six fois en tête aux régionales ( Loudes, Monistrol sur Loire, Lavoûte Chilhac, Le Puy Ouest, Solignac sur Loire et Tence ).
Les quatre autres cantons ont voté à droite : Fay sur Lignon, Montfaucon en Velay, Saint Paulien et Saugues.
Si les cantonales 2011 dupliquaient les régionales, la gauche gagnerait donc 6 cantons et en perdrait 1, ce qui donnerait un rapport de forces presque équilibré avec 17 élus à gauche et 18 à droite…
Entrons dans les détails.
Cantons de gauche tout d’abord, avec le canton d’Auzon, au débouché du Val d’Allier, comptant plus ou moins 9 300 habitants, dont le tiers sur Sainte Florine ( mairie de gauche ), 1 800 sur Vergongheon ( mairie classée DVG ) et 1 300 sur Lempdes sur Allagnon ( mairie classée DVG ).
Pas de souci pour la gauche sur ce canton, où elle a dépassé les 69 % aux régionales.
Canton de Blesle, ensuite.
Ce canton de 10 communes et de moins de 2 000 habitants se situe dans le même secteur qu’Auzon.
Il fut, longtemps, le terrain d’élection du sénateur socialiste René Chazelle.
Il a voté en 2010 pour la gauche par 584 voix contre 510 à la droite au second tour.
Une liste DVG où figurait le candidat socialiste de l’élection cantonale a été élue aux municipales contre le maire sortant DVD et l’on peut donc penser que la gauche gardera le siège.
Pour rester dans le Brivadois, allons sur le siège de Brioude Nord, où la gauche a réalisé, lors des régionales, 62,5 % des votes avec 1 913 voix contre 1 148.
L’écart s’est constitué à Brioude ( 748 voix contre 466 ) mais également dans les autres communes du canton, notamment Bournoncle Saint Pierre, Paulhac et Cohade.
Toutes communes de sensibilité de gauche, y compris Paulhac perdu par la droite en 2008, Annie Bard succédant à Lucien Ayel.
Passons maintenant au canton du Puy Est, composé d’une partie de la commune du Puy ( les deux bureaux de vote logés au Centre Fourneyron ), de Blavozy, Brives Charensac et Saint Germain Laprade.
Si la liste Marleix était arrivée en tête aux régionales sur le centre Fourneyron ( de 13 voix ), la liste Souchon a largement remporté le scrutin dans les trois autres communes.
Et cela alors même que Saint Germain Laprade est la commune d’élection du candidat choisi par la droite, Daniel Exbrayat.
Notons que Brives a réélu ( avec 100 % des voix et 1 214 voix sur 3 060 inscrits ) la liste de Jean Claude Ferret, le maire DVG conseiller général sortant.
On dénombra cependant 485 bulletins lors de cette élection municipale.
Dernier canton de gauche à majorité nette : Saint Julien Chapteuil, dans le pays du Meygal, où la gauche est arrivée en tête dans toutes les communes du canton en 2010, depuis la petite mairie communiste de Saint Pierre Eynac ( 298 voix contre 110 ) au chef lieu ( 472 voix contre 326 ) ou à Lantriac ( 435 contre 262 ).
Une telle situation pourrait permettre le passage de témoin sans trop de difficulté entre André Raveyre, l’ancien maire de Saint Julien et l’un des candidats de gauche.
Notons que Gustave Alirol, ancien maire de Saint Hostien, régionaliste proche des Verts est candidat à nouveau sur ce canton.
Reste donc le cas du canton de Pradelles qui a donné 678 voix à droite aux régionales et 620 à gauche.
Aux municipales, le maire DVG de Pradelles, conseiller général, Marc Liabeuf, a été réélu sans difficulté avec plus de 76 % des voix et 251 suffrages sur 423 inscrits.
Il disposait donc d’un électorat personnel supérieur au total de la gauche sur la commune au second tour des régionales ( 96 voix ).
Le candidat PS, Alain Forestier, est plutôt un bon candidat puisqu’il fut administrateur de la Mutualité Sociale Agricole et référent sur le canton.
Mais tout dépendra sans doute de la configuration et des candidatures des autres forces politiques, comme du soutien éventuel du sortant.
Passons aux cantons de droite.
Pas de risques sur Saugues, dans la Margeride altiligérienne, puisque la liste Marleix a largement dépassé les 60 % en 2010, en arrivant en tête dans toutes les communes sauf trois petites localités.
Peu de risques aussi sur Saint Paulien, canton du Sénateur centriste Jean Boyer, même si un échec du titulaire entraînerait presque fatalement la mise en cause de sa position pour les sénatoriales à venir.
Un DVG, agent EDF, est maire de Lavoûte sur Loire ( qui abrite le château de Lavoûte Polignac ), de même que le maire de Saint Vincent, Jean Louis Vidal.
A noter cependant que l’ancien candidat investi par le PS en 2004, Roger Maurin, a été élu sur Saint Paulien aux municipales.
Sur le canton de Fay sur Lignon, peu de menaces pour le Président sortant du CG 43, puisque la liste Marleix est arrivée à plus de 57 % au second tour des régionales.
Nous sommes dans un canton montagnard, peuplé de moins de 1 800 habitants, sur six communes de faible population, dont la plus haute du département et de la région Auvergne, Les Estables, se situe à la fois au pied du Mézenc et très près des sources de la Loire.
De l’autre côté de la Croix de Boutières, dans cet endroit isolé du monde, c’est l’Ardèche..
Gérard Roche ne craint pas grand-chose pour sa réélection.
Dans le même genre, le canton de Montfaucon en Velay, dans le pays yssingelais, ne devrait pas connaître de grands bouleversements.
Le titulaire du poste est le député UMP Jean Pierre Marcon, ancien maire de Dunières, la commune la plus importante du canton où il fut reconduit au conseil municipal avec plus de 73 % des voix en 2008.
Restent les six cantons que la droite peut perdre, sur la base du résultat des régionales.
Nous avons déjà parlé du canton du Puy Ouest, constitué autour de Ceyssac, d’Espaly Saint Marcel ( ancienne mairie PS passée à droite ) et des trois bureaux de vote découlant de la salle Jeanne d’Arc dans la cité ponote, c'est-à -dire en fait une partie des faubourgs de la cité historique.
De manière assez surprenante, ce secteur de la ville avait voté pour la gauche aux élections régionales.
Ceci dit, la faiblesse de l’écart constaté ( 37 voix ) mérite sans doute de faire de ce canton un point chaud du scrutin.
Deux autres points chauds : les cantons de Loudes, où se situe le petit aérodrome du Puy, une fois que l’on est monté sur le Dévès, où la gauche est arrivée de peu en tête avec 978 voix contre 958.
Une situation où la gauche avait obtenu au premier tour 821 voix contre 936 à droite.
La liste Marleix a été devancée, de six voix à Chaspuzac, commune d’élection de Michel Joubert, le CG sortant et par ailleurs Président de la CA du Puy en Velay, à Loudes mais aussi à Sanssac l’Eglise, commune la plus peuplée de ce canton rural devenant peu à peu rurbain.
Cette mairie est DVG et on suivra donc avec grand intérêt la suite des opérations.
Notamment pour tester la capacité de mobilisation d’une gauche qui avait dépassé les 40 % en 2004, malgré la reconduction au premier tour du sortant UMP.
Le canton de Lavoûte Chilhac présente des caractéristiques politiques proches.
La gauche l’a emporté au second tour de 2010 avec 589 voix contre 577 après avoir réalisé 543 voix au premier tour contre 566 à droite.
Une situation ouverte donc.
Restent les trois cantons où, à mon sens, la gauche peut nourrir les plus gros espoirs.
D’abord celui de Solignac sur Loire.
Cinq communes et un siège détenu par Michel Decolin, sénateur suppléant d’Adrien Gouteyron et maire de Bains.
Cussac sur Loire, la commune la plus peuplée du canton, a reconduit son maire PS, Jean Pierre Brossier, en lui accordant 822 voix sur 1 253 inscrits et plus de 93 % des voix sur une liste unique aux municipales 2008.
Michel Decolin a recueilli 508 voix sur 897 inscrits dans sa commune de Bains ( prononcer toutes les lettres ) et un peu plus de 76 % des votes.
Le seul problème, c’est qu’aux régionales, la gauche a eu 150 voix d’avance sur le canton et que, de fait, tout est ouvert pour ramener à gauche ce canton situé, comme celui de Loudes, dans le périmètre d’influence du Puy.
La menace sur la droite est plus précise encore sur le canton de Monistrol sur Loire.
Cas intéressant puisqu’il s’agit du canton historique de Jean Proriol, maire de Beauzac, mais aussi d’un canton qui a, à plusieurs reprises, montré une certaine perméabilité au discours du FN.
Le problème pour la droite, c’est qu’en 2008, la gauche a conquis la mairie de Monistrol sur Loire avec Robert Valour en tête de liste ( il sera le candidat du PS sur le canton cette année ) et 2 205 voix contre 1 868 à la liste UMP et 571 voix pour une liste divers gauche.
La gauche a regagné de 280 voix sur Monistrol aux régionales, mais elle est aussi arrivée en tête à Beauzac ( de 100 voix ! ), et dans les deux autres communes du canton.
Sur le canton, l’écart en faveur de la gauche était de 415 voix en 2010, et l’un des problèmes de l’UMP tient au fait que le FN a atteint 17 % au premier tour des régionales.
Enfin, le dernier canton est celui de Tence.
LÃ , nous sommes en terre protestante, avec les communes du Mazet Saint Voy ou du Chambon sur Lignon.
Sur Tence, le conseiller général de droite a été élu Maire, en recueillant un petit 51,2 % au premier tour des élections municipales de 2008, mais en devant accueillir dans son conseil municipal une opposition relativement conséquente puisque 19 des 20 élus du second tour l’ont été sans obtenir la majorité absolue..
3 des élus municipaux sont dans l’opposition au Maire et celui-ci s’est trouvé loin des 73 % qu’il avait réalisé en 2004 lors des cantonales.
Tence a donné 12 voix d’avance à la liste de gauche en 2010…
Sur le Chambon, c’est la mère de Laurent Wauquiez Motte qui a été élue Maire, mais avec un petit 50,9 % au premier tour et un conseil municipal complété par 10 élus minoritaires au second tour, dont 4 issus d’autres listes que celle d’Eliane Wauquiez.
En 2009, le village a peu voté aux européennes mais donné une majorité à la gauche ( 195 voix pour la liste PS sur 772, 154 voix pour Europe Ecologie notamment ).
Aux régionales, la gauche a obtenu 625 voix et la droite 355.
Une participation réduite mais qui, de fait, imprime tendanciellement le Chambon à gauche, comme aux cantonales 2004 où le candidat UMP, pourtant élu au premier tour sur le canton, n’obtint que 29,5 % sur la commune.
Sur Mazet Saint Voy, une liste unique, de sensibilité de gauche, a été élue aux municipales avec un score écrasant, le maire sortant réalisant plus de 91 % des voix.
Notons qu’aux régionales, le village a donné 369 voix à gauche contre 94 à droite.
Au final, sur le canton, la gauche a devancé l’UMP de près de 600 voix aux régionales.
Aussi, bien que les deux principales communes du canton soient gérées par la droite, il est fort probable que le siège de droite puisse être menacé.
Au final, on peut penser que la gauche progressera sur le département, en gagnant de 2 à 6 sièges, selon les hypothèses.
Un gain de 6 sièges, soulignons le, entraînerait pour la majorité UMP la perte du conseil général, ce qui constituerait une forme de « tremblement de terre « .
Un gain de 2 ou 3 sièges, tout compensé, n’est pas à exclure et conduira donc à un resserrement des positions.