de Artisan-Politologue » Jeu 8 Avr 2010 12:45
Même si le sigle PRS semble piqué à Mélenchon, République sociale ça fait bien gaulliste.
L'objectif est clair: monter une machine de guerre partidaire pour aller à la présidentielle. Tout le contraire de Bayrou qui s'était appuyé sur une UDF existante mais dont il s'est éloigné des orientations originelles (sauf l'Europe) pour aller vers le centre-gauche.
Stratégiquement, le PRS a tout intérêt à être une composante de l'UMP. S'il va tout de suite à la rupture, il ne sera soutenu que par quelques députés à la marge. Clairement, les élus UMP n'ont qu'une trouille depuis les régionales: perdre leur circonscription. En revanche, en les travaillant de l'intérieur, Villepin a davantage de chances de les rallier. Cela m'étonnerait que Copé, qui a les yeux rivés lui aussi sur l'Elysée, laisse faire!
Piuyr en revenire à Bayrou, le positionnement de Villepin, même s'il pourrait attirer le Nouveau Centre (Morin ne cache pas qu'il est intéressé par la démarche), est différent. Il s'agit de ranimer un dinosaure endormi depuis 1976: le gaullisme. En réalité, le chiraquisme, qui en est l'héritier. Ce que Sarkozy n'est pas du tout, lui qui s'est dit avant tout de droite et a commencé sa carrière politique en soutenant Chirac.
Le dinosaure est endormi mais ses nasaux soufflent encore de temps en temps sur le paysage politique. Témoin la vraie-fausse candidature Alliot-Marie qui a agité le landerneau peu avant la présidentielle de 2007.
Ce sera l'occasion pour Villepin de démontrer s'il est ou non un bon politique. Le charisme, l'allant ne lui feront pas défaut.
Ensuite, il lui faudra aménager son espace politique. S'il ne s'appuie que sur le NC, il est cuit. Pour un chiraquien, un bon centriste est "roulé dans la farine et frit dans l'huile". En revanche, une partie de l'électorat MoDem, notamment celui qui se souvient du discours à l'Onu contre la guerre en Irak, pourrait le suivre.
Témoignage troublant aussi recueilli cette semaine par les jeunes du Bondy Blog et diffusé chez Pascale Clark sur France Inter: celui d'une jeune femme de banlieue indiquant qu'elle voterait pour lui car "il est le seul a avoir dit non à cette guerre". C'est peut être insignifiant mais il a tout intérêt à jouer là -dessus.
S'il est malin, il peut aussi soit s'adjoindre Nicolas Dupont-Aignan, qui lui aussi est sur cette thématique gaulliste, soit siphonner ses (maigres) troupes.
Dans l'état actuel du paysage politique, j'évalue à environ 2 millions de voix son potentiel électoral. Soit à la louche les électeurs de Bayrou en 2002.