de vudeloin » Sam 4 Juin 2011 20:19
Le découpage électoral est un exercice difficile, Artisan et je pense d'ailleurs que Marleix est déjà , sauf abrogation de la réforme, en train de se demander comment découper les départements en cantons destinés à élire des conseillers territoriaux.
Parce que, bon, quand il faudra définir 55 conseillers territoriaux dans Paris, je ne sais pas comment se terminera !
La réalité politique de 1978 ( j'étais, sinon électeur, en tout cas attentif à ce qui se passait dans la vie politique de l'époque ), c'est tout de même celle d'un découpage qui, dans un contexte de quasi égalité entre droite et gauche en termes d'influence électorale, permit à la majorité parlementaire de centre droit de disposer de 290 sièges contre 201 aux forces de gauche.
Pour éclairer la lanterne de chacun, je vous livre, calculs faits, la répartition des sièges par Régions.
Il y avait des Régions majoritairement de gauche.
Picardie : 6 élus PCF, 3 élus PS, 1élu UDF, 1 élu divers droite, 4 élus RPR
Nord Pas de Calais : 14 élus PCF, 17 élus PS et MRG, 2 élus divers droite, 4 élus RPR
Midi Pyrénées : 18 élus PS et MRG, 1 élu UDF, 3 élus RPR
Languedoc Roussillon : 7 élus PCF, 5 élus PS, 4 élus UDF
Limousin : 4 élus PCF, 1 élu PS, 3 élus RPR
Aquitaine : 2 élus PCF, 14 élus PS et MRG, 8 élus RPR
Il y avait deux régions partagées.
Poitou Charentes : 1 élu PCF, 6 élus PS et MRG, 3 élus UDF, 1 élu CNIP, 3 élus RPR
Provence Alpes Côte d'Azur : 9 élus PCF, 5 élus PS, 11 élus UDF, 3 élus RPR
Et il y avait les régions où, majoritairement, les élus avaient été de droite.
Ile de France : 27 élus PCF, 5 élus PS, 13 élus UDF, 2 élus CNIP, 3 élus divers droite, 33 élus RPR
Champagne Ardennes : 2 élus PCF, 5 élus UDF, 5 élus RPR
Haute Normandie : 4 élus PCF, 2 élus PS, 4 élus UDF, 4 élus RPR
Basse Normandie : 2 élus PS, 6 élus UDF, 1 élu CNIP, 4 élus RPR
Centre : 1 élu PS, 6 élus UDF, 2 élus divers droite, 11 élus RPR
Bourgogne : 6 élus PS et MRG, 2 élus UDF, 2 élus CNIP, 1 élu divers droite, 4 élus RPR
Corse : 4 élus RPR
Bretagne : 1 élu PCF, 4 élus PS, 10 élus UDF, 10 élus RPR
Pays de Loire : 1 élu PCF, 3 élus PS, 9 élus UDF, 1 élu CNIP, 12 élus RPR
Lorraine : 3 élus PCF, 2 élus PS, 7 élus UDF, 3 élus divers droite, 6 élus RPR
Alsace : 5 élus UDF, 1 élu divers droite, 7 élus RPR
Franche Comté : 3 élus PS, 4 élus UDF, 2 élus RPR
Auvergne : 2 élus PCF, 3 élus PS, 5 élus UDF, 3 élus RPR
Rhône Alpes : 3 élus PCF, 12 élus PS, 19 élus UDF, 8 élus RPR
DOM TOM : 3 divers gauche, 5 élus UDF, 9 élus RPR
Nous entrerons dans les détails plus tard, dans d'autres messages mais on constatera tout de même qu'en région Centre, la gauche avec 48,3 % des voix au premier tour ( gaullistes dissidents 1,1 %, écologistes 0,5 %, centre , droite et extrême droite 50,1 %) ne put avoir qu'un seul élu sur vingt.
En Ile de France, la gauche et l'extrême gauche obtinrent 49 % des voix, les gaullistes et jobertistes 0,6 %, les écologistes 3,9 %, le centre, la droite et l'extrême droite 46,5 %.
Mais, à la sortie, 32 élus de gauche et 51 de droite...
Quelques éléments d'explication ?
Peut être le découpage, Artisan...
Exemples : Maurice Couve de Murville est réélu député du 8e arrondissement de Paris en obtenant 10 502 voix au premier tour, le corps électoral de la circonscription comptant moins de 30 000 électeurs...
Edouard Frédéric Dupont, le vieil élu de Sainte Clotilde, est reconduit avec 21 709 voix dans un corps électoral de 45 863 inscrits entre Gros Caillou et Ecole Militaire, dans le 7e arrondissement.
Et Pierre Charles Krieg se qualifie pour le second tour dans sa circonscription des 1er et 4e arrondissements avec 9 627 voix...
Henry Canacos, maire de Sarcelles, arrive en tête au premier tour dans la 5e circonscription du Val d'Oise avec 34 953 voix, dans un collège électoral comptant alors 142 803 électeurs inscrits dans les cantons de Sarcelles, Villiers le Bel, Gonesse, Goussainville, Luzarches, Viarmes, Domont, Ecouen et groupant au total 60 des 185 commune du département...
Il lui faudra 61 401 voix au second tour pour être élu ( les 50 % se situant à 56 806 suffrages dans cette circonscription ).
Pierre Juquin, membre du Bureau Politique du PCF à l'époque, obtient 42 860 voix au premier tour dans la 3e circonscription de l'Essonne, construite entre Massy et Longjumeau, dans un secteur où le développement urbain des années 60 et 70 a profondément modifié les données démographiques et sociologiques.
Et Pierre Juquin sera réélu avec 76 323 voix, la barre des 50 % étant à 71 744 voix cette année là ...
Sur la présentation des choses, je pense que le puzzle des différents sujets relatifs à l'histoire politique de notre pays peut être progressivement reconstitué et nous permettre d'éclairer quelque peu la lecture que l'on peut avoir aujourd'hui des comportements politiques de l'opinion.
Revenir sur une élection antérieure à celle dont nous parlons ou qui constitue le sujet principal du fil de discussion peut avoir son utilité, dès lors que l'on part d'un principe ' scientifique ' simple qui veut que rien ne se produit tout à fait par hasard, puisque, pour donner un exemple précis, on ne peut pas réduire la présence du Front National à une simple transformation schématique de comportements électoraux antérieurs, mais peut être aussi à la résurgence de votes déjà exprimés dans le passé sous d'autres étiquettes.
Je suis par exemple intéressé par le fait qu'une bonne partie des points forts actuels du FN ont aussi été des zones de forces des non gaullistes, et singulièrement des indépendants...
Même s'il y a probablement plusieurs électorats lepénistes, de la même manière qu'il y a aussi un électorat socialiste pluriel ( sinon pourquoi Emmanuelli, Moscovici et Ségolène Royal dans le même parti, n'est ce pas ? )...
C'est là l'intérêt du croisement, celui de nous permettre d'appréhender quelque chose.
Sinon, n'est ce pas, pas de quoi en ajouter des lignes...