Les fidèles d'hier prennent la relève aujourd'huiPublié le dimanche 30 janvier 2011 à 06h00
MORAD BELKADI >
morad.belkadi@nordeclair.frTout est en place mais rien n'est officiel, contrairement à Lomme (lire ci-contre). Le premier adjoint d'Hellemmes, Frédéric Marchand, s'apprête à prendre la place de Gilles Pargneaux.Consécration pour l'homme de 45 ans qui a fait ses armes en politique avec Bernard Derosier.L'heure de vérité approche. Celui qui a pris sa carte au Parti socialiste au début des années 80, va connaître au soir du 20 mars, le verdict des urnes. À 45 ans, Frédéric Marchand va assumer pour la première fois une élection cantonale sous son nom propre.
Un scrutin qui, pour lui, dépasse largement le cadre du simple enjeu de conseiller général. En fait, c'est son avenir en territoire hellemmois qui en dépend. Premier adjoint de la commune, il pourrait bientôt prendre la place du maire Gilles Pargneaux, ce dernier préférant se concentrer sur son mandat de député européen. Règle du non-cumul oblige... Forcément, aucun des deux n'est prêt à évoquer le sujet, et se retranche derrière des formules conventionnelles. Un peu trop « tôt » pour en parler, pas vraiment « d'actualité ». Silence radio.
Pourtant, tout semble réglé au millimètre près. Ces derniers mois, les deux hommes n'ont eu cesse de peaufiner leur stratégie, allant même jusqu'à pousser vers la sortie leur mentor de toujours. Lors d'une réunion qui s'est tenue en septembre, Gilles Pargneaux aurait signifié à Bernard Derosier que Frédéric Marchand serait le candidat de Lille-Est. Le même canton où le président du Conseil général est élu depuis 1973. Une mise à la retraite anticipée, alors que Bernard Derosier aurait bien voulu prolonger son bail au Département jusqu'en 2012.
La fin de l'innocence Au jeune Frédéric Marchand maintenant de marcher sur les traces d'un Bernard Derosier, dont il a rejoint l'équipe en 1987. Depuis, cet ex-étudiant de la fac de Droit de Lille 2, a fait son chemin. D'abord tapis dans l'ombre, puis face aux citoyens. Il est enrôlé dans l'aventure des municipales lilloises de 95, où il finira adjoint aux fêtes et à l'animation. Il rempile en 2001. Mais cette fois du côté hellemmois, il y aura un grand bond en avant.
À peine élu maire, Bernard Derosier laisse la main à Gilles Pargneaux. La suite est connue : au renouvellement communal, Frédéric Marchand est propulsé 1 er adjoint. Depuis, il est devenu l'homme des dossiers, le bosseur, décrit par les membres du Conseil comme un élu qui maîtrise tous les aspects de son territoire. Un bon bureaucrate dirait presque le communiste Roger Maly. « C'est quelqu'un de droit dans ses bottes, sérieux, je ne vais pas dire austère mais... ». Roger Maly sait que le personnage est aux antipodes d'un Gilles Pargneaux. L'opposition aurait-elle du souci à se faire ?
« Ça sera plus difficile avec Frédéric Marchand comme maire, il est plus tranchant, plus cassant », confie l'UMP Caroline Boisard-Vannier. Un bon manager d'équipe municipale. Personnalité un peu plus délicate pour susciter l'adhésion des habitants. « Pargneaux, c'est l'homme souriant, le mec qui sert deux cents mains en traversant Hellemmes, claque la bise à toutes les dames », analyse Roger Maly. Un bon côté populaire que Frédéric Marchand devra travailler pour les cantonales, même s'il n'en est pas à sa première campagne, à ses premiers porte à porte. La différence aujourd'hui, c'est que tout repose sur ses épaules. « Il passe après Derosier, ça va peut-être ne pas se révéler aussi facile que ce que l'on croit, ajoute l'élu communiste. S'il échoue, il n'aura plus aucune légitimité pour devenir maire d'Hellemmes, il n'aura pas l'adhésion des Hellemmois ».
Un constat que partage Caroline Boisard-Vannier, même si elle relativise le degré de prise de risque. « Hellemmes est la terre des socialistes, ce n'est pas Marchand qui sera élu, c'est le PS. On ne vote pas sur le nom, mais sur le bulletin avec le poing et la rose ».
Une fois gagné cette légitimité, Frédéric Marchand pourra donc accéder à la tête de la commune. Oui mais quand ? Si à Lomme, tout est fixé à 2012, rien n'est moins sûr ici. Et dans les rangs de l'opposition, on fantasme sur un jeu de chaises musicales qui pourrait s'opérer à peine les cantonales digérées. Reste une inconnue. Gilles Pargneaux quittera-t-il définitivement l'assemblée ? Ou le futur ex-maire restera-t-il simple conseiller municipal ?
Et puis, Caroline Boisard-Vannier ne peut s'empêcher d'évoquer un scénario catastrophe, où le premier adjoint échoue aux cantonales. Qui pour diriger Hellemmes ? « Je ne vois personne d'autre dans la majorité ». La probabilité pour qu'un tel scénario se réalise est très mince, la commune a un fort terreau d'électeurs socialistes. Mais en effet, si il y avait une surprise, l'équation serait presque impossible à résoudre. Pour sa première bataille personnelle, Frédéric Marchand aurait pu espérer moins de pression. Courage, l'heure de vérité approche.
w
http://www.nordeclair.fr/Locales/Lille/2011/01/30/les-fideles-d-hier-prennent-la-releve-au.shtml