L'Italie sans Berlusconi

[Jean-Philippe]

Umberto Bossi, chef de file de la Ligue du Nord et partenaire de la coalition au pouvoir en Italie, avait appelé ce matin Silvio Berlusconi à démissionner. Lors du vote qui a suivi, celui-ci a remporté 308 voix, en-dessous des 316, seuil de la majorité absolue, alors que la gauche avait appelé à l'abstention.
Il démissionnera juste après l'adoption par le parlement des mesures budgétaires et des réformes économiques promises à l'Union européenne pour éviter la contagion de la crise de l'euro, annonce aujourd'hui la présidence de la République.
http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2011/11/08/97002-20111108FILWWW00639-berlusconi-va-bientot-demissionner.php
Il va donc probablement y avoir des élections anticipées cet hiver.

[ploumploum]

Des élections....mais avant, le président Napolitano va devoir consulter les partis pour décider de la formation ou non d'un nouveau gouvernement. Le truc, c'est de savoir si un chef de gouvernement est nommé ,aura t-il l'investiture ? Il peut l'envisager car le vote contre Berlusconi peut s'expliquer sur son comportement et par les "affaires".

[vudeloin]

l'Italie peut connaître de nouveau le parcours cahotant des gouvernements à géométrie variable...
Ceci dit, l'opposition que représente le PD, dernier avatar de la transformation du grand PCI des années 70, me semble tout de même particulièrement mollassonne...

[pierrot]

Après Papademos en Grèce, il semble que Mario Monti ex-commissaire européen à la concurrence puis au marché intérieur, soit pressenti pour remplacer Berlusconi à la tête du gouvernement italien. Economiste et universitaire lui aussi, il a également été formé -en partie - dans une université américaine (Yale en l'occurrence, ainsi qu'à l'université Bocconi de Milan).
Détail troublant : tout comme Mario Draghhi (ancien du MIT, tiens donc) il a travaillé pour Goldman Sachs en tant qu'International Advisor.

On savait que les marchés et la pensée économique dominante issue des grandes universités américaines imposait ses vues aux politiques. Doit-on comprendre que désormais ses représentants (technocrates, universitaires, banquiers centraux…) ont vocation à les remplacer à la tête des pays européens ?

[Relique]

Si le PD peut apparaître molasson, il organise tout de même régulièrement des manifs avec pas mal de participants.

Bon, ici en Toscane, je ne vois pas les gens sourire un peu plus depuis qu'ils savent que Berlusconi est bientôt fini (sans jeu de mot, je vous l'assure), mais je suis certain que l'influence de la ligue du nord à l'Assemblée et dans certaines régions est encore trop grande pour que la population toscane, marquée à gauche, soit vraiment optimiste quant à l'avenir politique du pays...

[ploumploum]

Après Papademos en Grèce, il semble que Mario Monti ex-commissaire européen à la concurrence puis au marché intérieur, soit pressenti pour remplacer Berlusconi à la tête du gouvernement italien. Economiste et universitaire lui aussi, il a également été formé -en partie - dans une université américaine (Yale en l'occurrence, ainsi qu'à l'université Bocconi de Milan).

Le Président Napolitano a semble t-il pris les choses en main puisqu'il avait nommé Mario Monti Sénateur à vie, mercredi.

[ploumploum]

C'est officiellement fait depuis ce samedi soir, Silvio Berlusconi a démissionné de la Présidence du Conseil.
On notera que son arrivée au Quirinal, "l'Elysée italien", a été marquée par des scènes de joie doublées par des insultes.
Rien n'est fait sur le prochain Gouvernement, car le parti de Berlusconi menace de ne pas y apporter son soutien, malgré l'adoubement de Monti par Il Cavaliere (qui a du se contraindre au choix de Napolitano.)

[vudeloin]

Mario Monti fut commissaire européen à la Concurrence, si mes souvenirs sont exacts...
Comme la concurrence a fait la démonstration, notamment dans le champ des services publics et de la gestion d'infrastructures déterminantes pour l'activité économique et sociale du pays, de ses grandes qualités, on peut craindre que la politique suivie en Italie ne soit pas nécessairement d'une grande originalité.

On peut juste remarquer avec intérêt ( c'est le cas de le dire) que Mario Monti, outre la Présidence de l'Université Bocconi de MIlan, sorte de Dauphine sauce milanaise, fait partie de la Trilatérale, du groupe de Bilderberg ou encore du centre de réflexion Bruegel, qui ont théorisé, comme par hasard, les modes de résolutions de la crise des dettes souveraines tels que nous les voyons aujourd'hui à l'oeuvre.
C'est à dire que ces modes de résolution associent engagements européens au niveau de l'Union à Bruxelles en échange de ce que l'on appelle des " mesures de consolidation budgétaire ', c'est à dire, en bon français, des politiques d'austérité.
Notons que le centre Bruegel associe des économistes venus de plusieurs pays d'Europe, mais qui ont en commun une certaine forme d'orthodoxie financière et économique dont nous connaissons les traductions politiques.
Le responsable actuel de ce centre de réflexion est Jean Pisani Ferry qui a, il y a assez peu de temps, théorisé sur la nécessité de maintenir les exonérations et allégements de cotisations sociales sur les bas salaires et de ne les soumettre à aucune condition.
Cela donne une idée des solutions budgétaires que Mario Monti risque de mettre en oeuvre, nonobstant sa toute récente nomination comme Sénateur à vie en Italie, entre autres considérations...

[Jean-Philippe]

Comme le montre cet article, Berlusconi n'a pas renoncé à peser, critiquant notamment les hausses d'impôts qu'il avait refusées et déclarant notamment : "Moi je suis toujours en piste et le serai aussi à l'avenir".

Officiellement, il a affirmé ne plus vouloir être le candidat Premier ministre du centre-droit mais il n'est pas certain que son dauphin désigné à la tête du PDL, Angelino Alfano (41 ans), fasse le poids.

Ce dernier était ministre de la justice de 2008 à juillet 2011, date à laquelle il est nommé secrétaire politique national du Peuple de la liberté.

[vudeloin]

Sur le fond, le choix de la rigueur "technicienne" que l'Italie se retrouve à voir appliqué à sa situation économique, sociale et budgétaire, est il meilleur que le " laissez faire et enrichissez vous " de Berlusconi ?
Il est en effet à craindre que, faute de résultats probants sur les principaux objectifs (réduction de la dette et des déficits, amélioration de la situation de l'emploi), le gouvernement Monti sera bientôt mis en question.
Il est sans doute trop tôt pour le dire, mais comme la transition s'est passée avec un Parlement maintenu en l'état et une absence d'élections, les conditions du changement n'ayant pas été forcément réunies au départ, l'Italie peut courir le risque d'un populisme encore plus puissant et plus vindicatif à raison des échecs de l'équipe Monti.