Le rapport de force actuel et quelques chiffres clés

[Jean-Philippe]

Actuellement, on compte 240 villes de plus de 30 000 habitants dont 39 de plus de 100 000 (en 2006, mais 41 en 2009 avec Saint-Denis du 93 et Saint-Paul de la Réunion).

Rapport gauche/droite :
_ 137 sont à ce jour dirigées par un maire de la majorité dont 26 PC 1 Vert, 1 Front de gauche. 99 le sont par un maire d'opposition dont 17 UDI. 4 le sont par un maire du Modem.
_ Sur les 10 plus grandes villes de France, 7 sont dans la majorité (Paris, Lyon, Toulouse, Nantes, Montpellier, Lille, Rennes) contre 3 dans l'opposition (Marseille, Nice, Bordeaux).
_ Sur les 39 villes de plus de 100.000 habitants, 27 sont à gauche (29/41).
_ 2008 est la 1e scrutin où la majorité des villes de plus de 3500 habitants est à gauche (1500/1400) ; parmi celles-ci, presque 900 au PS, 175 PC, 36 PRG, 14 Verts, 355 DVG.

Historique de ce rapport :
_ 155 des 221 villes de plus de 30000 habitants étaient dirigées par la gauche après le scrutin de 1977
_ Juste avant le scrutin de 2001, le rapport était très équilibré : 120 villes à gauche, 117 à droite et 3 à l'extrême droite

Cumul :
On compte 36 députes-maires de la majorité en situation de cumul contre 43 issus de l'opposition.

Ancienneté :
Environ une quarantaine de maires auront plus de 70 ans révolus au jour de l'élection. 56 maires sortants auront exercé durant 3 mandats complets ou plus.

Sources :
L'article de Xavier Chinaud sur Atlantico
Le Monde, notamment celui de 27 mars 2008 avec l'analyse des rapports de force depuis 1977 dans les différentes strates de villes

[Jean-Philippe]

Pour ce qui est des villes de plus de 10 000 habitants de France métropolitaine (hors d'Île-de-France), voici le rapport de force actuel (d'après les étiquettes choisies par Vincent) :
la gauche détient 366 villes et la droite 278 (total : 644)
Si on détaille par strate de population, le rapport est de 23 à 11 pour les villes de plus de 100 000 habitants, 23 à 17 dans celles de 50 à 100 000, 41 à 38 pour celles de 30 à 50 000 et de 279 à 210 pour celles de 10 à 30 000.
Par parti (ou groupe de partis), voici ce que cela donne (le premier chiffre est celui de la première strate... et celui après = est le total:
le PCF (+ FG et ADS) : 0+2+6+39=47
le PS : 23+19+31+196=269
le PRG : 0+1+1+9=11
le MRC : 0+0+0+2=2
EELV : 0+0+0+3=3
DVG (dont plusieurs ex PS) : 0+1+3+30=34

MoDem : 0+0+3+8=11
UDI : 1+3+7+24=35
UMP : 10+13+24+127=174
DVD : 0+1+4+51=56
Ligue du Sud : 0+0+0+2=2

On peut remarquer que la strate où la droite est la moins devancée est celle des villes de 30 à 50 000 habitants au contraire de celles de plus de 100 000 habitants.

[Jean-Philippe]

Voici le rapport de force en Île-de-France, avec la même méthode.
On compte 245 villes de plus de 10 000 habitants dans la région capitale (soit 27,5% du total métropolitain), Paris, malgré ses 20 arrondissements, n'est ici comptabilisée comme comme une ville et non 20.

Voici le rapport de force parmi les villes des 4 mêmes strates :
_ plus de 100 000 habitants : 4/1 en faveur de la gauche
_ de 50 à 100 000 : 22/12
_ de 30 à 50 000 : 24/24
_ de 10 à 30 000 : 64/94

On constate donc que la droite est majoritaire en nombre (114/131), mais pas en poids démographique puisque cette avance est compensée par la taille moyenne plus grande des villes de gauche, y compris sans Paris.

Dans le détail des étiquettes, on compte :
_ 1+7+12+16=36 villes PCF, PG, FASE ou CAP (soit près de la moitié des 83 villes de métropole)
_ 2+14+7+34=57 villes PS
_ 0+0+0+1 ville PRG (idem pour MRC et MUP)
_ 1+1+0+2=4 villes EELV (la moitié des 9 villes françaises)
_ 0+0+5+9=14 villes DVG (dont 6 (2+4) dirigées par des maires encore récemment au PS)

Au centre et à droite, cela donne :
_ 0+0+1+2=3 villes MoDem
_ 0+5+6+10=21 villes UDI (soit plus d'un tiers du total national)
_ 1+6+16+69=92 villes UMP
_ 0+1+1+13=15 villes DVD (dont 1 PCD et 1 DLR)

Pour éviter à certains, je résume la situation en métropole : la gauche a un avantage dans toutes les strates, respectivement 27/12, 45/29, 65/62 et 343/304, soit un total de 480 villes de gauche et 409 de droite.

[PhB]

Waouh ! Voilà une série de contributions qui mériterait un tampon Politiquemania *** !

L'idée de comptabiliser le poids démographique des villes est intéressante. Quelqu'un a-t-il une idée du rapport droite/gauche selon ce critère ?

[Jean-Philippe]

Waouh ! Voilà une série de contributions qui mériterait un tampon Politiquemania *** !

L'idée de comptabiliser le poids démographique des villes est intéressante. Quelqu'un a-t-il une idée du rapport droite/gauche selon ce critère ?

Merci, mais ce travail est fait à partir de celui de Vincent (vous devinez que les derniers départements d'IDF vont bientôt arriver). L'idée de comptabiliser le poids démographique des villes en tenant compte du rapport droite/gauche était au programme, ta demande ne fait qu'accélérer ma recherche.

Pour ne pas faire le total un peu fastidieux de la population de toutes les communes de droite et de gauche, je vais choisir arbitrairement une moyenne de 70 000 habitants pour toutes les villes de 50 à 100 000 habitants, 38 000 pour celles de 30 à 50 000 et 17000 pour celles de 10 à 30 000 habitants. Pour les communes les plus peuplées, je prendrai les chiffres précis :
sur les 30 101 114 Français habitant dans une ville de plus de 10 000 habitants, il y en a, avec cette méthode :
3150+2470+5831=11 451 000 à gauche pour les villes de 10 à 100 000 habitants
2030+2356+5168=9 554 000 à droite
pour celles de plus de 100 000 habitants, le total est précis : 6 950 613 contre 2 615 165 en faveur de la gauche

soit un total (fictif et arbitraire je le rappelle) de 18 401 613 pour les villes de gauche et 12 169 165 pour celles de droite, soit quasiment mon total officiel puisqu'on arrive à 30 570 778 habitants. Le rapport est donc environ de 60/40.

[vincent]

En complément des chiffres donnés par Jean-Philippe, voici quelques éléments statistiques avant les élections municipales de 2014.

[benplc]

Les Villes à bascule :

Il s'agit des villes de + de 10.000 habitants qui ont suivi le mouvement national depuis 1995, c'est à dire qu'elles sont passées de Gauche à Droite en 2001, puis de Droite à Gauche en 2008. Elles sont au nombre de 18 à avoir connu cette particularité.

Il ne s'agit pas forcément de villes susceptibles de basculer une nouvelle fois
dans l'hypothèse d'une vague ou vaguelette bleue, mais elles seront à
surveiller de près en tout cas, au vu de leur instabilité.Il s'agit de Bourg-en-Bresse, Evreux,Quimper,Blois, Roanne,Cahors,Strasbourg,Dieppe, Rouen, La Seyne Sur Mer,Colombes, Villepinte,Argenteuil, Saint Denis de la Réunion, Miramas,Saintes,Firminy, Sens

PS :Trois villes ont elles connu les basculements successifs mais à l'inverse. Le Puy en Velay , Agen, et La Teste de Buch étaient à droite en 1995, puis à gauche en 2001, puis ont basculé à contre-courant à droite en 2008

Source : http://bensan.typepad.com/ben/2013/05/m ... scule.html

[Jean-Philippe]

Je vous invite à lire cet article de Délits d'opinion où l'on constate que depuis 1995 (où le vote national et le vote dans les grandes villes sont quasiment identiques à la présidentielle), les 30 plus grandes villes ont accentué leur tropisme à gauche (50,8% pour Royal (+3,8 sur son score national) et 56,7 pour Hollande (+5,1). En 1974 et 81, les cores étaient proches, mais en 1988, les villes ont avantagé Chirac (grâce au poids de Paris où il obtint 60,17%).
L'évolution sociétale des villes centres que nous avons déjà plusieurs fois évoqué (surtout la croissance du nombre des cadres sup, plus favorables à la gauche que les indépendants, en déclin numérique). Seule Aix-en-Provence se droitise un peu dans le lot des villes universitaires du graphique montrant le positionnement par rapport à la moyenne nationale des présidentielles. La plupart des autres villes suivent la même courbe avec une forte accélération en 1995 et surtout 2007.
A Nice, et Toulon, le phénomène est inverse alors qu'à Marseille et Perpignan, la gauche compense peu à peu la lourde chute observée entre 1981 et 1988 (respectivement de +4 à -4 et de +1 à -7).
L'article mise sur une certaine stabilité globale des rapports de force.

[ligerien]

A mon sens, le rendez-vous électoral crucial sera en 2015 avec les départementales et régionales, où le PS remettra gros sur la table.
Pour les européennes, on parlera encore de l'abstention, on reparlera comme référence de 2009 avec le piètre score socialiste et la 1ère place pour l'UMP et ses alliés.

[Jean-Philippe]

J'avais laissé de côté les villes d'outre-mer, je répare aujourd'hui cet oubli, avec toutes les précautions dues aux spécificités des situations locales (le MoDem réunionnais penche plus à gauche, les partis locaux ne sont pas toujours rattachés à des partis métropolitains, les électeurs votent moins en fonction de l'étiquette...) :

Voici le rapport de force parmi les villes des 4 mêmes strates :
_ plus de 100 000 habitants : 2/0 en faveur de la gauche
_ de 50 à 100 000 : 5/4
_ de 30 à 50 000 : 5/3
_ de 10 à 30 000 : 24/18 (plus 3 villes sans étiquette claire)

Dans le détail des étiquettes, on compte :
_1+2+3+2 =7 villes PC, apparentés ou dissidents
_1+0+2+5 =8 villes PS
_0+3+0+17=20 villes DVG

SE ou autres (à Mayotte, Polynésie) : 0+0+0+3

Au centre et à droite, cela donne :
_0+0+1+1 =2 villes MoDem
_ 0+0+0+2=2 villes autres centristes
_ 0+3+1+10=14 villes UMP
_ 0+1+1+5=7 villes DVD