de VIC57 » Dim 26 Juin 2016 16:55
Les législatives 2017 en Moselle risquent fort de se rejouer selon le même scénario qu'en 2012.
Jusqu'en 2012 : 10 circonscriptions dont 8 UMP et 2 PS. Depuis, le redécoupage et la victoire de François Hollande sont passés par là : 5 LR et 4 PS.
Contrairement à la tendance nationale la droite n'a pas profité de l'impopularité de la gauche, conséquence des divisions, des luttes internes et de l'absence de renouvellement dans un département pourtant massivement à droite :
Municipales 2014 : Hormis des victoires dans des villes moyennes (Maizières, Mondelange, Thionville...) Metz (120 000 habitants) est restée à gauche, comme Forbach (21 000 habitants), alors même que l'UMP aurait dû les reprendre.
Départementales 2015 : l'UMP se fait damer définitivement le pion par l'UDI et les indépendants (Patrick Weiten, d'abord indépendant puis UDI, a pris la présidence en 2011 à la suite de l'UMP Philippe Leroy). L'UMP devient le groupe le plus faible du CD, derrière le PS...
Régionales 2015 : le 1er tour des régionales confirme la tendance, la tête de liste de la droite et du centre, le même Patrick Weiten, réalise un score plus que médiocre (22% soit moins que la moyenne régionale 26%) face au FN Florian Philippot (39%) et au PS (20%). A la suite du second tour, l'UDI récupère la 1ère vice-présidence du CR.
2016 : cerise sur le gâteau, suite au décès de la députée-maire LR de Thionville, Anne Grommerch, son siège revient au suppléant... l'UDI Patrick Weiten, désormais plus fort que jamais.
Bref, 5 années assez cauchemardesques pour la droite. En revanche, la nouvelle donne est la progression spectaculaire du FN. 25% pour Marine Le Pen en 2012, une victoire à Hayange (15 000 habitants) aux municipales, 34% aux départementales (mais aucun canton gagné), 39% aux régionales, dont beaucoup de communes autour de 50% et, un comble, 29% à Metz pourtant historiquement rétive au FN. A voir si la présidentielle confirme cette progression.
Pour la gauche, le tableau n'est pas si noir vu le contexte. Le PS a démontré une bonne capacité de résistance. La Moselle obtenu une ministre (Aurélie Filippetti, puis un secrétaire d’État Jean-Marc Todeschini). Malgré la perte de Thionville, Dominique Gros a conservé Metz, et Laurent Kalinowski Forbach. Aux départementales, le groupe a bien résisté, 14 élus sur 54, contre 19 en 2011. Avec le gain notable du canton historique de la droite : Metz-3. Aux régionales, malgré le faible score (16%) du candidat socialiste et sénateur Jean-Pierre Masseret, la Moselle lui a donné 20%. Il est vrai qu'il était président sortant de la Lorraine.
Pour les législatives : le PS ne peut que perdre, surtout avec une victoire de la droite aux présidentielles. le FN peut espérer obtenir un siège si il surmonte la médiocrité de son personnel politique local. Quant à la droite, elle devrait sur le papier récupérer des circonscriptions, un grand chelem est même possible.
1ère : la sortante PS Aurélie Filippetti est peu présente sur le terrain (elle avait pourtant changé de circo suite au redécoupage). Ministre pendant deux ans, elle avait récupéré un siège de conseillère générale de 2012 à 2014 suite à la démission du titulaire, devenu député suppléant. C'est peu de dire que son activité d'élue fût laconique. Conseillère à Metz depuis 2014, elle n'a assisté à quasiment aucun conseil municipal. Si la droite gagne en 2017, elle a beaucoup à craindre. En revanche si Hollande est réélu, elle peut sauver sa tête de justesse. Chez LR, qui sera candidat ? Le précédent Julien Freyburger, 40 ans, devenu depuis maire de Maizières et conseiller départemental ? Ou Marie-Louise Kuntz, vice-présidente du CD et élue régionale ? Au FN, aucun candidat naturel.
2ème : Denis Jacquat est député sans interruption depuis 1986 dans un territoire acquis à la droite. Reste à savoir si il se représente à 73 ans (il l'a annoncé, mais tiendra-t-il jusqu'au bout ?). La CNI validera sa candidature. Si il n'y va pas, il dit souhaiter que son suppléant Jean François, 1er vice-président du CD, lui succède. Au PS, reverra-t-on Jean-Michel Toulouze, adjoint à Metz, ou bien Gilles Soulier, maire d'Ancy-sur-Moselle et ancien candidat aux départementales ? Au FN, qui de Thierry Gourlot, conseiller à Metz et à la région, ou de Aymeric Perraud, jeune conseiller à Montigny-lès-Metz ?
3ème : peu de suspens dans la circonscription LR de Marie-Jo Zimmermann, qui sera candidate à 66 ans. Un territoire de droite même avec le redécoupage. Mais de son score dépendra aussi son avenir politique (défaite aux municipales à Metz, puis aux départementales, et refusée sur la liste aux régionales...). Le sénateur Jean-Louis Masson et ancien détenteur de la circo, est touché par ces enjeux. Qui à gauche ? Peut-être Sébastien Koenig, victorieux sur le binôme Zimmermann aux départementales et président du groupe PS au CD57. Au FN, la conseillère messine et acalienne Françoise Grolet probablement.
4ème : peu de suspens également sur cette circo rurale de Sarrebourg parmi les plus vastes de métropole. Le député-maire LR Alain Marty devrait repartir à 71 ans. La gauche n'y a pas de grandes chances malgré le fait de l'avoir détenue dans les années 1990. Alain Marty avait même gagné en triangulaire en 2012. Le FN peut y faire un bon score, même avec un candidat fantôme.
5ème : fermement détenue par le député-maire de Sarreguemines Céleste Lett qui se représentera à 66 ans, il n'y a pas de grand risque. Mais les scores du FN dans cette circonscription deviennent impressionnants. La gauche pourrait ne pas être présente au second tour. Mais aucune personnalité FN ne se démarque par sa qualité et sa présence sur le terrain. Le radical David Suck, vice-président du CD, pourrait troubler le jeu.
6ème : la circo la plus incertaine. En 2012, Florian Philippot, pourtant parachuté, avait éjecté le sortant UMP Pierre Lang au premier tour, et perdu avec seulement 46% face au maire PS de Forbach Laurent Kalinowski. Depuis, les scores du FN se sont envolés. Aux régionales, il y était même en tête au second tour. Philippot, devenu entre-temps député européen et conseiller régional, pourrait bien y retourner, et espérer gagner. Le député-maire de Forbach de 62 ans a bien été réélu en 2014 et dispose d'un fort ancrage. La PS a conservé le canton de Freyming-Merlebach. Le risque pour LR de ne pas figurer au second tour est réel, même avec une victoire à la présidentielle, d'autant qu'ils n'ont pas de candidat naturel. L'ancien député Pierre Lang voudrait y retourner à 70 ans.
7ème : une circo également difficile malgré le fait qu'elle soit sociologiquement de droite. L'ancien député UMP-Rad André Wojciechowski a été battu en triangulaire de peu en 2012 face au PS qui a obtenu une victoire historique. Paola Zanetti est désormais députée PS et sera candidate à 40 ans. Elle était tête de liste PS pour la Moselle aux régionales. Le FN y est de plus en plus fort mais il n'a pas de candidat naturel, ce qui rend à mon avis incertaine une victoire. Tout dépendra du résultat de la droite aux présidentielles. André Wojciechowski, depuis largement réélu maire de Saint-Avold, et conseiller départemental pourrait bien être candidat à 61 ans (il a l'avantage d'être double-adhérent LR-UDI...).
8ème : le territoire a toujours été à gauche (sauf entre 93 et 97). Michel Liebgott, PS, député-maire de Fameck et président du Val de Fensch, devrait y retourner à 59 ans. A droite, ce sera probablement Rémy Sadocco, 48 ans, maire de Mondelange et nouveau conseiller régional. Au FN : Fabien Engelmann, maire d'Hayange et conseiller régional. Si la droite gagne la présidentielle la circo peut être prise comme en 1993, mais avec le FN, cela risque d'être plus compliqué vu ses scores dans la région...
9ème : un territoire historiquement de droite à la frontière du Luxembourg. Désormais détenue par l'UDI et président du Département Patrick Weiten, LR a peu de chances de la voir revenir dans son escarcelle, que Weiten se représente ou pas à 62 ans. Au mieux, ils peuvent espérer obtenir un suppléant. A gauche, depuis la défaite du maire de Thionville Bertrand Mertz (ville et département), déjà candidat en 2012, le vivier est faible, tout comme au FN, qui a perdu son seul élu municipal à Thionville lors de la partielle de 2015.
Bilan donc : des matchs retour comme en 2012, sur la 1, la 2, la 6, la 7, voire la 4 et la 5, dont certains avec les anciens députés Lang et Wojciechowski. Des candidats qui de toutes parts semblent assez âgés, à souvent plus de 60 ans, voire 70 ans. Un PS qui va forcément perdre des pions face à LR ou au FN, mais pas tant que ça. Une droite qui devrait pouvoir faire le presque grand chelem en cas de victoire (mais cela dépend fortement des résultats de la présidentielle). Et un FN qui peut espérer gagner un siège.
A noter que la parité des candidats pose problème chez LR. Si tous les sortants se représentent, soit 3 hommes (Jacquat, Marty et Lett) et 1 femme (Zimmermann), sans compter l'UDI Weiten, les candidats en conquête semblent aussi être tous des hommes (Wojciechowski, Lang, Sadocco, Freyburger). En cas de victoire de la droite en 2017 il pourrait bien n'y avoir qu'une femme députée. Enfin, des députés sortants ou candidats qui vont se retrouver en obligation de démissionner de leurs fonctions exécutives, les maires Alain Marty, Céleste Lett, Laurent Kalinowski, Pierre Lang, Julien Freyburger, Rémy Sadocco, Michel Liebgott. Le président du CD Patrick Weiten.
1ère : LR Julien Freyburger ou Marie-Louise Kuntz. PS Aurélie Filippetti. FN inconnu. Avantage à la droite si victoire présidentielle.
2ème : LR Denis Jacquat ou Jean François. PS Jean-Michel Toulouze ou Gilles Soulier. FN inconnu. Avantage droite.
3ème : LR Marie-Jo Zimmermann. PS inconnu. FN Françoise Grolet. Avantage droite.
4ème : LR Alain Marty. PS et FN inconnus. Avantage droite.
5ème : LR Céleste Lett. PS et FN inconnus. Avantage droite.
6ème : PS Laurent Kalinowski. LR Pierre Lang ou inconnu. FN Florian Philippot. Résultat incertain avec léger avantage FN.
7ème : PS Paola Zanetti. LR André Wojciechowski. FN inconnu. Résultat incertain dépendant de la présidentielle.
8ème : PS Michel Liebgott. LR Rémy Sadocco. FN Fabien Engelmann. Avantage droite seulement si large victoire présidentielle.
9ème : UDI Patrick Weiten ou inconnu. PS et FN inconnus. Avantage au centre.