Saint-Estève : un fauteuil pour cinqEdition du 30 09 2010
© L'IndépendantCe dimanche, et dimanche prochain (en cas, probable, de second tour) les Stéphanois voteront pour élire leur maire. La seconde fois en deux ans. Une municipale anticipée provoquée par une série de démissions et qui voit cinq candidats se disputer l'écharpe.Certains pensent qu'ici, le sport local c'est le rugby. Erreur ! Ici, le sport local c'est aussi l'élection anticipée. L'élection entre deux élections, provoquée par des démissions, par des maires "empêchés" ou devenus inéligibles et hélas aussi par le décès d'édiles. Perpignan, Saint-Cyprien, Canet, Ille-sur-Têt... et maintenant Saint-Estève. En deux petites années, les électeurs roussillonnais auront été nombreux à revenir aux urnes. Dimanche, 8 622 d'entre eux sont attendus dans les huit bureaux de vote stéphanois. Ils devront chosir entre cinq listes, dont celles du maire socialiste sortant Elie Puigmal et de ses meilleurs ennemis depuis un an et demi, issus du "groupe des 9" et de l'opposition.
Fatal théâtreLe retour aux urnes des Stéphanois, après plus d'une année de tempêtes municipales qui a considérablement fragilisé le maire et sa majorité, est essentiellement due à la gestion de la désormais fameuse "affaire du théâtre". L'opposition, mais aussi une partie de la majorité d'Elie Puigmal (des colistiers qui entreront finalement en dissidence) s'interrogeant sur le financement d'un outil que d'aucun juge surdimensionné et hors de prix pour la commune : 8,5 millions d'euros. Un marché de 750 000 euros HT attribué, certains disent "donné", à Boitaclous pour assurer la programmation culturelle du lieu, marché ensuite retiré, aura mené la police judiciaire jusqu'à la mairie, mis le feu aux poudres et ouvert des appétits.
Coup de pokerDevant une situation intenable et à deux doigts de perdre sa majorité au conseil municipal, Elie Puigmal a préféré rester maître du calendrier en faisant démissionner l'ensemble de ses ex-colistiers. Début septembre, Saint-Estève perdait donc plus du tiers des membres de son conseil municipal, ce qui entraine automatiquement la tenue de nouvelles élections. Le procédé s'apparente à un coup de poker. Elie Puigmal rebat les cartes mais ce sont les Stéphanois qui vont les distribuer.
Elie, Jean-Jacques, Robert et les autresIls auront le choix dimanche, et très probablement encore dimanche prochain, entre cinq listes. Et cinq hommes. D'abord Elie Puigmal, le premier à avoir fait acte de candidature. Le maire sortant PS (réinvesti par son parti), à la tête de la ville depuis 2001, veut paraître inébranlable : "Je reste droit dans mes baskets", déclarait-il avant de repartir en campagne (notre édition du 2 septembre). Peut-être "jamais deux sans trois" pour celui, bien chaussé donc et qui est aussi conseiller général et vice-président de l'Agglo. Un cumul de fonctions qui, selon certains de ses adversaires, n'est pas synoyme de cumul de bénéfices pour la ville. Jean-Jacques Vila par exemple, à la tête d'une liste sans étiquette, martèle que "le poids de Saint-Estève est inexistant dans les institutions, que ce soit au conseil général ou à l'Agglo". Cet expert-comptable, ancien international à XIII et forte gueule, a réussi un tour de force. Celui de rassembler une partie du "groupe des 9" dissidents avec les opposants "historiques" au maire ; et d'être leur tête de liste... Son propre frère, Robert Vila, a décliné l'offre d'union et préféré repartir en campagne avec sa propre liste. Cet UMP non investi (*) , conseiller municipal d'opposition depuis 2001, brigue donc la mairie stéphanoise pour la troisième fois, fier d'avoir été, en 2008, "le seul candidat face à Elie Puigmal au second tour". Jean-Marie Palma, investi par le CNI, tente lui aussi de revenir dans le paysage politique stéphanois après ses échecs de 2001 et 2008. Seul petit nouveau de cette élection : Jean-Marc Panis. Etiquetté Europe Ecologie (parti qui fait ici un "joli coup", déjà en terme de visibilité), ce quadra propose une "alternative écologique de gauche" et du "sang neuf" puisque l'ensemble de sa liste est novice en politique. De quoi, espère-t-il, "changer d'ère", l'un de ses slogans de campagne. Une campagne qui voit donc s'affronter de vieilles connaissances puisque sur les cinq candidats en lice, quatre (Elie Puigmal, Robert Vila, Jean-Jacques Vila et Jean-Marie Palma) étaient déjà présents aux municipales de 2001 et/ou 2008. Oui, en politique, on prend souvent les mêmes pour recommencer.
(*) Le conseil départemental de l'UMP n'a pas souhaité se positionner, alors même que sa présidente Jacqueline Irles aurait souhaité qu'un candidat porte les couleurs de son parti.Frédérique Michalak
http://www.lindependant.com/articles/2010-09-30/saint-esteve-un-fauteuil-pour-cinq-256706.php 
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