Election législative partielle 2010 4e circonscription Isère

[vincent]

Conséquence directe de la nomination de Didier Migaud en tant que premier président de la Cour des comptes, une élection partielle sera organisée dans la 4e circonscription de l'Isère dans les prochaines semaines. La date n'est, bien entendu, pas encore connu à ce jour.

Ce message me permet de faire un point sur les différents cas de figure et ainsi de distinguer ceux qui entraînent l'entrée du suppléant à l'Assemblée de ceux qui nécessitent une élection législative partielle.

Dans les cas suivants, le mandat de député est confié au suppléant :

• Décès d'un député
• Nomination d'un député au gouvernement
• Nomination d'un député au Conseil constitutionnel
• Attribution à un député d'une mission parlementaire dont la durée est supérieure à 6 mois

Dans tous les autres cas, une élection législative anticipée est nécessaire.

[Artisan-Politologue]

A priori on devrait donc aller vers une partielle. Pour mémoire, Philippe Séguin n'était plus député à sa nomination en 2007 (il ne s'était pas représenté en 2002).
Nicolas Sarkozy ne fait pas courir un grand risque à la gauche en envoyant Didier Migaud à la cour des comptes. Depuis 1997, ses réélections, au second tour, furent confortables: 29 630 voix (62,97 %) en 1997, 27 983 (60,89) en 2002, 31 725 (62,76) en 2007.
C'est pourtant au départ un miraculé électoral. Elu en 1988 à 36 ans, face au puissant maire RPR de l'Alpe-d'Huez Jean-Guy Cupillard, l'une des pièces maîtresses du dispositif Carignon, il a échappé à la vague bleue en 1993: 24 950 (52,45) contre 22 618 pour Cupillard. En fait, paradoxalement, ces législatives ont donné le coup d'envoi de l'érosion électorale d'Alain Carignon et de ses alliés.
Consciemment ou non, la droite a laissé Migaud s'installer dans cette circonscription en présentant contre lui, entre 1997 et 2007, des candidats considérés par de nombreux observateurs locaux comme des seconds couteaux. Il faut dire qu'elle manque de points d'appui. Dans cette circonscription, qui n'est pas concernée par le redécoupage Marleix, elle détient des cantons dans l'ouest et le sud, sur les hauts plateaux du Vercors et dans le Trièves, mais ceux-ci restent peu peuplés. La gauche est favorisée dans le nord, qui recouvre des communes du sud de l'agglomération grenobloise et de la vallée industrielle de la Romanche (plus de détails: http://www.atlaspol.com/RHAL/isere.htm.
Maintenant la question des candidats va se poser.
Le PS peut représenter la suppléante, mais celle-ci reste peu connue. Il peut se tourner vers Christophe Ferrari, le nouveau maire de Pont-de-Claix, qui arraché cette commune populaire de la banlieue grenobloise au PCF en 2008. A moins qu'il joue la sécurité avec Christian Pichoud, conseiller général de Bourg-d'Oisans et président du comité départemental du tourisme, l'un des hommes de confiance du président du conseil général André Vallini.
Les écolos vont se jeter dans la bataille avec délice. Cette circonscription où passe la très contestée et inachevée autoroute A51 est l'un de leurs champs de bataille préféré. Ils pourraient présenter Catherine Brette, conseillère générale verte de Fontaine-Seyssinet, ou le conseiller régional vert Gérard Leras, opposant de longue date à l'A51.
Le Front de gauche sera très certainement présent.
A droite, le meilleur candidat semble être Fabrice Marchiol, le jeune maire UMP de La Mure, qui a réussi, en 2001, à conserver à droite ce fief ouvrier.
Au-delà de cette élection, le retrait de Didier Migaud va redistribuer les cartes au sein d'un PS hégémonique depuis dix ans dans le sud du département. Maire de la petite banlieue résidentielle Seyssins, il était surtout président de la communauté d'agglomération de Grenoble-Métropole (La Métro), l'une des structures les plus puissantes du département, avec la ville de Grenoble, détenue par Michel Destot, et le conseil général, présidé par André Vallini.
Manu

[Fabien]

Cette circonscription est plus le fief de Migaud qu'un vrai bastion de gauche. Pour mémoire, Sarkozy y était majoritaire en 2007 (certes avec un score inférieur à la moyenne nationale), alors que Jospin l'avait emporté 12 ans plus tôt.

[Hashemite]

En effet, Sarkozy a reçu 50.7% environs sur la circonscription (et 30.2% au premier tour)

Plus proche, les résultats des européennes étaient plutôt mauvais pour l'UMP:
UMP 24% (-6% contre le premier tour de 2007. au niveau national, la perte face a 2007 était de -3.3)
Verts 22.34%
PS 19.15%
MoDem 7.04%
PCF-PG 6.48%
FN 5.41%
NPA 5.13%
AEI 3.66%
Libertas 3.05%
DLR 2.03%

voici, par ailleurs, une carte rapide des résultats des présidentielles et législatives:



Je note également, pour rajouter a l'excellente analyse sociologique de Manu, une concentration des forces de la gauche dans l'ancien basin minier du Dauphiné (le canton de La Mure surtout).

[Jean-Philippe]

Pour le PS, je mise sur la suppléante Marie-Noëlle Battistel, maire de La Salle-en-Beaumont (300 habitants) et deuxième sur la liste du PS en Isère pour les régionales. Christophe Ferrari, le jeune maire de Pont-de-Claix, pourrait être son suppléant. Je ne suis pas certain que Marie-Noëlle Battistel soit membre du PS (ce ne serait pas un handicap dans la campagne si elle a son soutien).
A droite, je pense plutôt à Frédérique Puissat, maire de Château-Bernard (200 habitants environ), présidente de la Communauté de communes du canton de Monestier de Clermont et secrétaire départementale de l'UMP en Isère depuis juillet 2009. Fabrice Marchiol pourrait être son suppléant.

L'autre enjeu est la présidence de la Métro (agglomération de Grenoble), soit 26 communes et 398 900 habitants en 2007 :
les nominés sont tous socialistes, ce qui est logique vu leur domination sur l'agglomération.
*Christophe Ferrari, maire de Pont-de-Claix (environ 12000 habitants) depuis 2008 (aux dépends du PC), 10e vice-président
*Marc Baïetto, maire d'Eybens (9500 habitants environ) depuis 1983, conseiller général depuis 1988, 3e vice-président, chargé des déplacements et des transports au conseil général et à la Métro (s'il ne devient pas président, il peut revenir au 1e plan lors des sénatoriales)
*Michel Issindou, maire de Gières (6300 habitants) depuis 1997, député depuis 2007, 2e vice-président, très proche de Migaud.
*Michel Destot, député depuis 1988, maire de Grenoble depuis 1995, 18e vice-président. En cas d'élection, il pourrait laisser la mairie à son premier adjoint grenoblois Jérôme Safar.
*Geneviève Fioraso, 1ère vice-présidente, adjointe au Maire de Grenoble et députée depuis 2007 (peu probable)

Dans tous les cas, ils saurront accorder leurs violons.

[Artisan-Politologue]

En effet, cette circonscription est bien davantage "migaudienne" que socialiste. Sa réélection en 1993 a été une vraie surprise. Sur le global, elle penche légèrement à droite, mais la répartition démographique - importante dans une législative, notamment dans le choix du candidat et de son suppléant - et les dynamiques restent à gauche.
Jean-Philippe, le Dauphiné Libéré fait la même analyse que toi (bravo!) et penche aussi pour un duel Battistel-Puissat: http://www.ledauphine.com/vers-un-duel-au-feminin-pour-le-mandat-de-depute--@/index.jspz?chaine=25&article=266958. Il fait aussi le point sur Seyssins et la Métro.
Pour cette dernière, je ne crois pas trop à la promotion de Christophe Ferrari. Celle de Michel Issindou est plus probable, mais il a aussi le "défaut" d'avoir été élu contre un communiste (aux législatives de 2007). Marc Baïetto serait la valeur sûre. Geneviève Fioraso? Pourquoi pas. C'est en effet peu probable mais cela la renforcerait dans sa circonscription (la 1ere) qui reste sociologiquement marquée à droite. Quant à Michel Destot, cela le renforcerait face à André Vallini sur certains dossiers, notamment sur le coûteux projet de rocade nord. Pas sûr que tous les élus le suivent, tant la dichotomie est importante, comme souvent dans les structures intercommunales, entre la ville-centre et le reste de l'agglo.

Manu

[Jean-Philippe]

Marc Baïetto, maire d'Eybens depuis 1983, conseiller général depuis 1988, 3e vice-président de l'agglo, chargé des déplacements et des transports dans ces deux assemblées sera élu vendredi président président de l'agglo. Destot s'étant retiré lundi, Ferrari mardi, il sera seul candidat pour la gauche.

Didier Migaud a assisté ce samedi à la nomination de son successeur à la mairie de Seyssins. Il a passé le relais à son ancien premier adjoint Michel Baffert.

Pour les législatives, principal enjeu consécutive au départ de Migaud, la candidature de sa suppléante tient la route au PS. Le parti apparaît unanime pour reconnaître sa légitimité. Elle devrait annoncer sa candidature après les régionales, histoire de ne pas courir deux lièvres à la fois. De toute façon, l'élection est prévue fin mai.
Les autres candidats intéressés si elle se désiste sont la conseillère générale de Vif Brigitte Périllié (qui se propose comme suppléante) et le conseiller général de Bourg-d'Oisans Christian Pichoud. Christophe Ferrari, le maire de Pont-de-Claix, ne semble pas intéressé, mais son échec à l'agglo va peut-être le faire changer d'avis.

A droite, Yann Casavecchia qui était le candidat de la droite en 2007 l'est à nouveau et semble motivé. Or, ancien porte-Parole de l'UMP départementale d'avril 2006 au dernier renouvellement des instances de l'UMP en novembre 2008, il est président du Club Villepin en Isère depuis septembre et n'avait pas renouvelé son adhésion à l'UMP en 2008 et en 2009, mais il a déclaré être "à jour de cotisation pour 2010" depuis quelques jours (fin février donc). Il est prêt à y aller comme divers droite.
Frédérique Puissat (déjà présentée dans un message précédent) est soutenue par une partie de l'appareil UMP, notamment le président départemental Michel Savin. Si elle n'est pas candidate, l'UMP dispose comme candidat du maire de La Mure Fabrice Marchiol, tête de liste iséroise de la majorité présidentielle aux régionales.
Un duel de femme est l'hypothèse privilégiée (je pense) avec une candidature dissidente à droite qui sera difficile à éviter par l'UMP.

http://www.grenews.com/isere-qui-aux-le ... icle=18512

[pat265]

Bonjour,
Le candidat naturel à la succession de Didier Migaud ne serait-il pas plutôt Charles Galvin conseiller général du canton de la Mure et surtout ancien suppléant de Didier Migaud de 1998à 2007? ancien conseiller regional avec déjà Didier Migaud par ailleurs etc je ne vais pas vous faire son cursus ce serait beaucoup trop long. je pense qu'il serait le seul qui par sa notorieté, son charisme, ses competences et la connaissance des dossiers. Marie-Noëlle Batistel oui certes est la suppléante actuelle maire par ailleurs d'une toute petite commune perdue dans un coin du Beaumont , élue recemment à la region mais ,mais, mais,encore trop peu connue et face à un Marchiol ou je ne sais qui d'autre elle ne fera pas le poids et de plus je crois qu'elle n'est pas inscrite au PS mais ça encore ça peut ezncore s'arranger. Très sincerement je suis sûre que pour au moins la periode 2010-2012 Charles GALVIN serait le candidat idéal pour la transition.
Merci de m'avoir permis de donner mon point de vue sur cette futur élection
Pat 265

[pat265]

Erratum
Charles GALVIN a été suppléant de Didier MIGAUD de 1988 à 2007 ( et non 1998 comme je l'ai écrit par erreur.
merci d'accepter mes excuses
Pat265

[Artisan-Politologue]

Effectivement, Pat, la candidature Galvin serait à étudier. C'est lui qui a arraché le canton de La Mure au carignoniste Claude Péquignot, et a donc replacé ce secteur ouvrier dans l'orbite de la gauche. De plus, il est issu du monde agricole, ce qui est devenu assez rare à l'Assemblée nationale (et même au conseil général de l'Isère, puisqu'il me semble qu'il est le dernier agriculteur dans cette instance depuis la défaite de Robert Pinet à Saint-Marcellin en 2004)
Cependant, je verrai deux inconvénients à sa candidature, aussi bien à gauche qu'à droite.
A gauche, Mme Battistel est clairement la candidate naturelle, en tant que suppléante du sortant. Certes elle représente une zone très rurale, et n'apportant donc pas beaucoup de suffrages, mais ce handicap peut être contrebalancé par le choix de son suppléant. La logique voudrait que ce dernier soit issu d'un milieu urbain à l'autre extrémité de la circonscription. Le maire de Pont-de-Claix Christophe Ferrari ferait donc un bon candidat dans cette hypothèse.
A droite, une candidature de Fabrice Marchiol, maire UMP de La Mure, disqualifierai presque automatiquement celle de Charles Galvin (tout au moins en titulaire, une candidature en suppléant resterai intéressante), puisque cela réduirait l'élection à un affrontement entre le maire et le conseiller général du même bassin de vie.
Après c'est une question de calendrier. Si le PS présente Galvin en premier, l'UMP hésitera sans doute à envoyer Marchiol, mais vu l'état de division de la droite iséroise, il pourrait se présenter en dissident.
Manu