Pour poursuivre là -dessus, parce qu'on touche à plein de sujets intéressants:
La construction d'un parti ou mouvement politique "web-based" et se construisant sans beaucoup d'a priori peut être, entre autres, phagocytée par l'entrisme des militants ou sympathisants d'un ou plusieurs gros partis déjà existants, c'est ce qui est arrivé dans l'expérience qui ressemble peut-être le plus à votre idée dans un passé connu (sans vouloir vexer mais plutôt avertir): le
DARD de Patrick Sébastien.
Il y avait une personnalité connue, une idée directrice générale même un peu vague (les gens ne sentent pas respectés, or il le faudrait: zou je pars là -dessus) -encore plus important que tout le reste peut-être- mais les débats sur le net partent en vrille, les sympathisants de chaque parti (par tactique et/ou par déception vis-à -vis de leur appareil mais pas de ses idées) viennent essayer de colorer la page (quasi)blanche de leur couleur à eux, résultat ça tombe à l'eau...
Un filtrage à l'entrée peut être utile: si on ne veut que des abstentionnistes, demander de montrer sa carte électorale vierge ;-) mais ça ne suffit pas forcément. En politique traditionnellement (et c'est vrai d'autres associations), si on n'est pas d'accord: soit on reste minoritaire, soit on devient majoritaire, soit on s'en va (soit rejoindre un autre parti, soit en créer encore un nouveau, soit "nulle part"). La quatrième possibilité, plus facile sur un forum mais qui existe en vrai, c'est de mettre le cirque. Là , au-delà d'une dose raisonnable, il faut que les responsables osent virer les trublions, ces derniers criant alors à la censure, au manque de démocratie, tout ça. Mais parfois, il faut.
Sur l'idée de "chaque membre du parti devrait avoir son mot à dire dans son domaine de prédilection", c'est sûr que dans la mesure du possible ça peut être bien. Dans les grands partis, la connaissance des adhérents de base est souvent mal/peu utilisée à cause de l'organisation "à l'ancienne" basée sur l'échelon territorial (ou parfois l'entreprise) et du manque de fédération thématique. L'organisation territoriale étant toutefois très utile pour conquérir des sièges, en particulier dans les scrutins majoritaires actuels - mais même autrement, restent les mairies.
Croiser les points de vue est une bonne idée à condition d'une part de ne pas en oublier (ex. sur la consommation de viande, écouter les arguments critiques y compris ceux des végétariens, les consommateurs...) et d'autre part d'avoir les oreilles ouvertes sur ce qui se dit à l'extérieur et les tendances (sur la viande, il ne faut pas être aveugle à la montée des questions éthiques: végétarisme, bio, hallal,...) quitte à inviter des intervenants dans des débats (pour une mini-structure, il y aurait des réticences): presse, livres et surtout les divers corps intermédiaires (organisations professionnelles, syndicats ou assos à rôle syndical, associations de consommateurs, familiales, d'éducation populaire etc...), au moins prendre connaissance de ce qu'ils racontent voire -c'est le miracle qu'ils attendent, certains militants associatifs s'abstiennent- les écouter. A moins bien entendu d'adopter comme programme de dynamiter lesdits corps intermédiaires, c'est un autre point de vue... En tous cas, la question de savoir quels gens et structures on écoute et surtout desquels on favorise les intérêts est totalement fondamentale (peut-être qu'un des aspects de la crise politique est que l'Etat agit avant tout pour des multinationales qui n'emploient que peu de monde et où, en plus, le bas de l'échelle n'en profite guère).
Pour la question de la "sélection des élites" (c'est un bien grand mot):
Les personnes qui progresseraient dans la hiérarchie de ce partie seraient les plus brillantes
ça peut sembler logique (mais pas neutre idéologiquement: le gouvernement des meilleurs c'est étymologiquement l'aristocratie -rassurez-vous ou inquiétons-nous, tout le monde fait ça) mais ça peut vite (ra)mener à ce que vous (et bien d'autres) critiquez:
les types de personnages politiques, tous issus de la même catégorie (les hommes cadres âgés et blancs constituent l'écrasante majorité des députés à l'Assemblée).
("les plus brillants" compte tenu de l'expérience entraîne une sur-proportion de "cadres âgés", quant aux freins à la carrière liés à des discriminations c'est hélas une réalité).
Sur la progression du (d'un) parti, c'est crucial en effet de se poser la question. Observer la croissance (et les reflux) des petits partis fondés récemment (disons dans les 50 dernières années - eh oui) peut être assez instructif. J'en retiendrais ceci:
-avoir une "bonne" ligne idéologique au départ: soit une scission ou récupération d'une famille ou idée politique existante (avec un biais particulier) (ex. trotskysme, gaullisme social, nationalisme...), soit un axe politique plus nouveau (ex. régionalisme, écologie...).
Pour ces derniers, ce n'est pas le plus facile mais pas forcément le moins porteur à terme: premiers ministres écolos dans les années 90, députés en 1997, mairie de grande ville en 2014; présidence de la collectivité de Corse obtenue tout récemment par la 3e génération de Simeoni, une bonne cinquantaine d'années après la fondation du premier parti
régionaliste corse moderne. Bref, vu comme ça, ça peut marcher mais il faut être (très) patient.
Une ligne qui tient la route, sachant que les problèmes des pays voisins sont peu ou prou les mêmes que les nôtres, veut probablement dire à terme avoir des équivalents ailleurs en Europe.
Construire "à partir d'une feuille blanche" peut mener à réinventer l'eau tiède ou une combinaison originale d'idées existant toutes déjà par ailleurs. Ca peut avoir son utilité mais manquer du souffle nécessaire. Probablement, en partant d'une feuille blanche pour recomposer tout ce qui existe en-dehors des grands partis, on arrive à en reconstituer non pas un mais plusieurs...
-Pas forcément la peine d'avoir tout de suite un programme détaillé sur tout: "on ne sort de l'ambigüité qu'à son détriment" (phrase datant au moins de la 1e moitié du 17e s...) et pour rassembler des militants et des électeurs, il faut admettre quelques désaccords relatifs et secondaires. En-dehors de la ligne directrice, il peut y avoir une marge de flou, de non-dit ou de points qui importent peu, voire dire clairement que sur tel type de sujet, on ne prend pas de position car elle ne servirait qu'à diviser (p.ex. Nouvelle Donne prend fort peu position sur des sujets sociétaux). Plus un parti grossit, plus il est susceptible d'avoir des élus partout, plus il se doit d'avoir un avis sur tout, ce qui n'exclut pas le flou artistique. "Flou" parfois dû à l'idée que c'est d'abord aux acteurs de terrain de décider (négociation patronat(s)-syndicats, éléments de démocratie participative...) sans que l'Etat (donc le parti qui en serait à la tête) intervienne trop a priori - les solutions venues toutes cuites d'en haut ne sont pas forcément les meilleures; ce n'est pas seulement le résultat qui compte mais aussi la manière.
-dans l'espace médiatique actuel - Internet compris, hélas- il est quasi indispensable d'avoir un fondateur ou porte-parole qui "passe" médiatiquement, qui puisse happer et convaincre les électeurs "convainquables" (donner de l'urticaire aux autres n'est pas forcément un handicap, il faut savoir en jouer) Exemples extrêmes: A.Laguiller (bon, LO existait peut-être déjà en 65), O.Besancenot, Le Pen ancêtre. Un cas particulier est celui de F. Asselineau (celui dont le parti "monte malgré le silence des media") qui apparemment "passe" assez bien sur Internet en vidéos et fort mal à la télévision: c'est paradoxal, ça sert plutôt son discours mais lui joue forcément des tours.
-en paradoxe avec ce qui précède, ne pas trop compter sur son leader donc avoir une structuration qui ne repose pas trop sur ce grand homme (ou présumé tel). Les exemples sont multiples de partis s'effilochant suite à la fatigue du fondateur (ex. le MPF de de Villiers). En particulier, avoir pour leader une personnalité politique (typiquement, ancien membre du gouvernement) n'est pas gage de succès, qu'on songe aux non-succès (hors alliances) des partis de C.Lepage (bon, scores proches de Nous Citoyens aux européennes...) ou D. de Villepin...
-au moins pour les leaders, la politique est un engagement énorme, ça veut dire par moments être chaque soir en meeting à un endroit différent de France voire d'Europe - et toute la journée au bureau ou équivalent. S'attendre donc à perdre son conjoint (ex. D. de Villepin, Pablo Iglesias de Podemos, ou dans de plus grosses formations les derniers candidats présidentiels du FdG et de l'UMP). Et pendant ce temps, il faut bien manger...
-les "actions coup de poing", il faut voir ce qu'on entend par là et je ne suis pas sûr que ce soit si porteur. Ca peut vite tomber, par les temps qui courent, sous l'accusation de terrorisme ou autres plus légères (intrusion,...). Il faut être conscient que beaucoup d'actions faites pour être visibles de la part de partis ou d'autres organisations ne passent pas la barre de la sélection des sujets du JT... Et certaines actions frappantes mais trop répétées (déposer du fumier devant une préfecture, monter sur le dôme d'un réacteur nucléaire...) finissent par perdre leur efficacité.