Les initiatives fleurissent pour reconstituer un rassemblement semblable à l'UDF, en vue de l'élection présidentielle. Mais les stratégies divergent. Les arbitrages de Nicolas Sarkozy pourraient s'avérer décisifs.
L'ex-ministre de l'Éducation Gilles de Robien, le président de la commission des affaires sociales de l'Assemblée Pierre Méhaignerie et maintenant le sénateur Jean Arthuis… Ils sont nombreux au centre à vouloir initier un mouvement de réunification. Objectif affiché : renouer avec une formation indépendante de la majorité, à la sauce UDF.
Mais depuis 2007 et l'éclatement de la famille centriste, symbolisé par la création du MoDem et du Nouveau Centre, la tâche s'annonce ardue. Et les Etats généraux, colloques, et autres assises lancés par les différents leaders apparaissent dès lors comme des moyens de mettre la main sur l'électorat centriste à la veille de 2012.
De son côté, l'Elysée surveille ce petit manège de très près. Pour Nicolas Sarkozy, une candidature du centre-droit au premier tour en 2012 permettrait de constituer un réservoir de voix intéressant. Reste encore à trouver le bon candidat…
• Jean-Louis Borloo :
Au lendemain des régionales, lorsque Nicolas Sarkozy a caressé l'idée de présenter un candidat pour capter les voix du centre en 2012, il a d'abord pensé à Jean-Louis Borloo. Très populaire, le président du parti radical valoisien dispose de plusieurs atouts pour faire le plein des voix. Fort d'une image sociale depuis son passage à la mairie de Valenciennes, l'homme du Grenelle de l'environnement, est désormais le héraut de l'écolo-centrisme. Son objectif ? S'adresser «aux écolos qui ne sont pas à gauche… Si on ne les a pas, la droite perdra en 2012», expliquait-il en avril dernier.
Problème pour l'Elysée : très populaire et très proche de l'UMP, dont il est le vice-président, Jean-Louis Borloo pourrait faire de l'ombre au parti présidentiel au premier tour. Certes, sa candidature ne décolle pas dans l'opinion pour le moment: selon un sondage Ifop, il n'est crédité que de 3% des intentions de vote. Mais en cas de sursaut, Nicolas Sarkozy pourrait décider de nommer Jean-Louis Borloo à Matignon lors du remaniement prévu à l'automne. De quoi calmer les ardeurs du ministre-star du gouvernement.
Jean-Louis Borloo a fait part de son intérêt pour une candidature. Mais n'a pas encore pris de décision. Si les radicaux le soutiennent, les autres franges de la famille centristes sont en revanche plus réticentes. A commencer par le Nouveau Centre d'Hervé Morin, qui voit dans cette hypothèse un torpillage en règle de sa propre candidature.
• Hervé Morin :
Il a promis d'«aller jusqu'au bout». Même s'il ne bénéficie pas du soutien de l'Elysée, Hervé Morin, patron du Nouveau Centre, reste coûte que coûte déterminé à réunir sur son nom quelque 15% des suffrages au premier tour. Idéaliste ? Sans doute. Mais Hervé Morin bénéficie du soutien sans faille des 13.000 adhérents de son parti et de ses proches. Pour convaincre Nicolas Sarkozy, il rappelle que la question de l'alliance au second tour avec l'UMP «ne se pose pas». Comme il l'avait fait en 2007 pendant l'entre-deux-tours, le Nouveau Centre compte donc apporter ses voix au candidat de la majorité présidentielle. Preuve de sa motivation, Hervé Morin se dit aussi prêt à renoncer à son poste de ministre de la Défense en cas de candidature.
• François Bayrou :
C'est la nouvelle proie convoitée par l'Elysée. Après sa tentative avortée d'ouverture à la gauche et les résultats catastrophiques du MoDem aux régionales, François Bayrou est dans une mauvaise posture. Officiellement, Bayrou reste farouchement «indépendant». Mais lors d'une rencontre fin mai avec l'ex-UDF Pierre Méhaignerie, il aurait confié vouloir se «recentrer».
Une information qu'il dément mais qui fait suite aux nombreux appels du pied de la majorité. A commencer par celui de Jean-Pierre Raffarin, qui demandait début mai au «troisième homme» de 2007 de «réfléchir à un retour au sein d'une majorité présidentielle élargie». De plus en plus critique vis-à -vis du parti socialiste, François Bayrou s'est entretenu avec Nicolas Sarkozy le 22 avril dernier. Ordre a ensuite été donné à l'UMP de ménager le candidat centriste.
L'éventualité d'un rapprochement entre le MoDem et le camp présidentiel est très mal perçue par les autres clans de la famille centriste, Nouveau Centre en tête. Elle est aussi loin de convaincre les éléments les plus radicaux du MoDem, comme l'ancien Vert Jean-Luc Benhamias.
• Jean Arthuis :
C'est le centriste par excellence. Indépendant, Jean Arthuis a quitté le MoDem début 2008 sans pour autant accepter de rejoindre l'UMP ou le Nouveau Centre. Il a préféré transformer son club, l'Alliance centriste, en parti. Une douzaine de sénateurs et deux députés en sont membres.
A l'origine des Assises de la refondation du Centre, qui se tiennent ce mardi, le sénateur centriste Jean Arthuis se différencie du Nouveau Centre en laissant la porte ouverte au MoDem de Bayrou et en invitant ce dernier. Lequel s'est empressé de décliner, acceptant cependant de rencontrer le sénateur en privé.
Pour 2012, Jean Arthuis ne semble pas s'intéresser aux stratégies élyséennes. Il milite pour l'organisation de «primaires à l'intérieur de la famille centriste pour savoir qui est le plus apte à porter notre projet». Une compétition à laquelle, évidemment, il «n'exclut pas» de participer.
• Gilles de Robien
ll se défend de vouloir propulser quelconque candidat pour la prochaine présidentielle. Mais avec son club «Société en mouvement», qu'il préside, Gilles de Robien se démène pour réunir les centristes autour d'un projet commun. En retrait de la vie politique depuis sa défaite aux municipales à Amiens en 2008, Gilles de Robien prépare son grand retour. Il a organisé le 18 mai, un colloque sur le thème «Comment rassembler les centres». Déplorant un «déplacement à droite de la majorité», l'ancien ministre des gouvernements Raffarin et Villepin veut «revenir aux fondamentaux» et «souhaite que ceux qui se sentent esseulés, orphelins, se retrouvent sur une plate-forme de travail, autour de valeurs communes».
Le sénateur Jean Arthuis, président de l'Alliance centriste, estime que le centre n'est "pas uniquement le centre droit" et qu'en 2012, son candidat "devra entrer en négociation avec les deux candidats en lice", de gauche et de droite, s'il n'accède pas au second tour.
Partisan de primaires pour désigner le candidat centriste à la présidentielle, M. Arthuis juge, dans une interview à Libération, qu'il faut d'abord "mettre un terme à l'évaporation du centre" dont la voix est aujourd'hui "inaudible".
Il préconise que le centre aborde rassemblé les échéances de 2011 (cantonales en mars, sénatoriales en septembre) en évitant "des confrontations de candidats centristes".
Estimant que le centre n'est "pas uniquement le centre droit", il avertit que "le Nouveau centre doit se montrer attentif à ne prononcer aucune exclusive". Selon lui, le président du Mouvement démocrate (MoDem) François Bayrou "appartient incontestablement à la famille centriste" et "depuis quelque temps, il se recentre".
Pour Jean Arthuis, "au soir du premier de la présidentielle, si le candidat centriste ne parvient pas à se hisser au second tour", il "devra entrer en négociation avec les deux candidats en lice, comme ça se fait en Allemagne et en Grande-Bretagne".
Le président du Mouvement démocrate François Bayrou est la personnalité politique qui incarne le plus les idées et les valeurs du Centre, selon un sondage réalisé par l'IFOP pour France-soir, deux jours avant le remaniement.
A la question, parmi les personnalités suivantes, laquelle selon vous incarne le plus les idées et les valeurs du Centre?, François Bayrou arrive en tête (41%) devant Jean-Louis Borloo (24%), Dominique de Villepin (23%) et Hervé Morin (9%).
2012 : Hervé Morin attend le "feu vert" des militants
Source : NouvelObs
Le porte-parole du Nouveau Centre Jean-Marie Cavada a annoncé la candidature d'Hervé Morin à la présidentielle, avant que le parti ne rectifie le tir en expliquant que l'eurodéputé n'avait exprimé qu'un simple "souhait".
Le président du Nouveau Centre Hervé Morin, a appelé mercredi 5 janvier les centristes de la majorité, parmi lesquels les radicaux de Jean-Louis Borloo, à "une clarification indispensable" de leur position vis-à -vis de l'UMP en réaffirmant que l'union des centres "ne pouvait se faire qu'entre formations indépendantes"
Concernant sa propre candidature à la présidentielle, Hervé Morin a souligné que "ce serait aux militants de donner le feu vert de cette formidable aventure démocratique qu'est l'élection présidentielle" lors d'un congrès extraordinaire à l'automne prochain.
Le porte-parole Jean-Marie Cavada a annoncé mercredi sur France 2 la candidature d'Hervé Morin à la présidentielle, avant que le parti centriste ne rectifie le tir en expliquant que l'eurodéputé n'avait exprimé qu'un simple "souhait".
Une annonce "stupéfiante"
Le numéro 2 du parti, Jean-Christophe Lagarde, s'est dit stupéfait par l'annonce du porte-parole Jean-Marie Cavada, estimant que la désignation d'un candidat n'était pas une "autoproclamation".
"Je trouve stupéfiant qu'un porte-parole du parti puisse annoncer une candidature à la présidentielle à quelques jours d'un conseil national [le 22 janvier, ndlr] qui alors ne servirait strictement à rien", a expliqué le député.
"Cette annonce est en contradiction totale avec ce qui a été décidé il y a moins d'un mois par le comité exécutif et le bureau politique du parti, à savoir, notre décision de travailler au rassemblement des centres, notamment avec les radicaux de Jean-Louis Borloo", souligne Jean-Christophe Lagarde. "Si on voulait rendre les choses impossibles, on ne s'y prendrait pas autrement."
"Forcément une compétition"
Le porte-parole du Nouveau centre avait aussi indiqué que l'ancien ministre de la Défense irait "le 19 janvier devant le comité national" du Parti radical présidé par Jean-Louis Borloo,"de façon à créer les conditions d'une tentative d'union des centres". "J'espère que cette union ira plus loin que les simples paroles que nous échangeons, c'est une nécessité, dans la crise, il n'y a pas de place pour le magasin des egos", a-t-il dit. Mais "il y aura forcément une compétition" au centre pour 2012, "ce n'est pas la peine de tourner autour du pot", a reconnu Jean-Marie Cavada.
Le Nouveau centre a expliqué que le président du parti n'avait pas changé de position sur 2012. "Hervé Morin affirme depuis plusieurs mois la nécessité d'une candidature centriste à la présidentielle de 2012", a souligné l'attaché de presse du parti, Alexandre Fontana, en exprimant la position officielle du NC. "Jean-Marie Cadava a exprimé son souhait de voir Hervé Morin représenter les centristes à cette échéance. Mais, comme cela a déjà été précisé, la décision sur cette candidature interviendra bien à l'automne 2011", a-t-il précisé.
pierrot a écrit:Plus facile à dire qu'à faire, surtout quand on connaît la manne financière que cela représente pour les radicaux.
Jean-Philippe a écrit:Je crois que l'UMP a plus à perdre que les radicaux en cas de divorse. En effet, le PRV est propriétaire de son siège (contrairement à l'UMP), a un certain nombre de parlementaires (plus que le PC en tout cas), donc financièrement il est en capacité de prendre son indépendance.
Le Nouveau Centre se rapproche d'une candidature en 2012
Source Reuters / repris par Le Point
Le président du Nouveau Centre (NC), Hervé Morin, a obtenu, samedi, un vote de confiance massif de ses troupes en faveur de la présence d'un candidat centriste à la présidentielle 2012. Réuni à Vincennes, le conseil national de la formation a adopté à la quasi-unanimité - moins une voix contre et une abstention - une résolution jugeant cette candidature "absolument indispensable", contre l'avis de l'Élysée qui veut une union de la majorité dès le premier tour. "Je dis et je redis, même si ça ne fait pas plaisir à tout le monde. Nous aurons un candidat à l'élection présidentielle", a dit Hervé Morin.
Le NC se sent conforté dans ses ambitions par la publication, samedi, dans le Journal du dimanche, d'un sondage Ifop pour la Lettre de l'opinion montrant que 64 % des Français souhaitent une candidature centriste en 2012. Le choix du candidat soutenu par le NC se fera lors d'un congrès à l'automne, et Hervé Morin a, une nouvelle fois, indiqué explicitement qu'il entendait être de la partie. "Personne ne m'interdira de commencer à y penser en préparant le repas dans ma cuisine", a-t-il dit en plagiant Nicolas Sarkozy qui, encore ministre, déclarait penser à l'Élysée en se rasant le matin.
L'obstacle Borloo
Hervé Morin devra toutefois, pour cela, surmonter l'obstacle Jean-Louis Borloo, un certain nombre de responsables du NC ayant publiquement exprimé leur préférence pour l'ancien ministre de l'Écologie, mieux à même, selon eux, d'incarner une candidature de la famille centriste du fait de sa plus forte notoriété. L'intéressé s'est bien gardé jusqu'ici de dévoiler ses intentions. Mais il a esquissé cette semaine ce qui ressemble à un premier pas en annonçant que son Parti radical se prononcerait en mai sur son départ éventuel de l'UMP pour constituer une "confédération des centres".
La résolution adoptée samedi par le NC appelle aussi à un rassemblement de la famille centriste sous une forme identique, avec un préalable, celui de l'indépendance vis-à -vis de toute autre formation.
Rencontre avec Sarkozy mardi
Les anciens amis de François Bayrou, qui avaient rallié Nicolas Sarkozy entre les deux tours de la présidentielle de 2007, ont pris une longueur d'avance sur les radicaux avec l'annonce, samedi, du ralliement prochain de l'Alliance centriste à leur projet de confédération. L'animateur de ce petit parti, le sénateur de la Mayenne Jean Arthuis, est venu l'annoncer lui-même devant le petit millier de responsables du NC réunis à Vincennes.
Mais le président de la commission des Finances du Sénat, qui n'a pas coupé les ponts avec François Bayrou, a assorti sa démarche de plusieurs conditions, notamment que la confédération soit ouverte à tous ceux qui se réclament du centre. Il entend aussi que son candidat, au cas fort probable où il ne pourrait se maintenir après le premier tour en 2012, accepte de discuter avec les deux qui resteront en lice.
Morin s'en prend aux cafouillages du gouvernement
Cette idée reste un anathème pour le NC, qui s'inscrit résolument dans la majorité actuelle et voit dans le président du MoDem l'incarnation d'un "centrisme d'opposition". En attendant de clarifier les choses, Hervé Morin a déclaré qu'il y avait un vrai espace pour les idées du centre, estimant que l'UMP démontrait "jour après jour (...) qu'il n'est pas possible d'être un grand parti de droite et du centre". Il en veut pour preuve le monopole de la sensibilité gaulliste de l'UMP sur tous les grands postes ministériels et les débats controversés - remise en cause des 35 heures, statut des fonctionnaires - ouverts par le nouveau patron de la formation présidentielle, Jean-François Copé, et ses proches.
L'ancien ministre de la Défense, qui sera reçu, mardi, à l'Élysée par Nicolas Sarkozy, s'en est pris en outre de façon virulente aux cafouillages de la politique du gouvernement, à commencer par sa réaction récente aux événements de Tunisie. "On ne peut pas, le dimanche, saluer la libération de (l'opposante birmane) Aung San Suu Kyi et le lundi proposer à (l'ancien président tunisien Zine) Ben Ali notre aide pour former sa police", a-t-il dit.
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