de vudeloin » Mar 8 Nov 2011 23:31
L’examen de la situation de la 8e circonscription, qui recoupe trois des cantons du nouvel arrondissement d’Arcachon, mérite en effet d’être quelque peu approfondi.
Nous avons donc dit trois cantons.
Le premier c’est celui d’Arcachon
Il n’y a sans doute pas découpage électoral plus simple puisque le canton est constituée de la seule commune d’Arcachon, dont le développement remonte au Second Empire.
Arcachon, commune balnéaire, thermale (on y exploite l’eau de la source des Abatilles, propriété jusqu’en 2008 du groupe Nestlé Waters), a en effet été détachée de la Teste en 1857 par décret impérial et développée sous l’impulsion des fameux banquiers d’origine juive portugaise, les frères Pereire.
Elle compte aujourd’hui un peu moins de 11 800 habitants, particulièrement âgée, puisque largement constituée de retraités plus ou moins fortunés.
Ainsi, compte on sur place 5 000 habitants de plus de 65 ans contre moins de 1 600 moins de 20 ans.
10 % des Arcachonnais sont arrivés sur place depuis moins de cinq ans en venant d’une autre région du pays.
Et l’on compte 49,8 % de retraités dans la population adulte…
Un électorat par conséquent plutôt acquis à la droite, ressemblant beaucoup à l’ancien électorat chiraquien de Paris (femmes retraitées vivant seules) mais avec une population active qui peut être, hors saison touristique, frappée par le chômage saisonnier.
La structure des revenus accuse les traits locaux avec une prépondérance des pensions et retraites (47 % de l’assiette de l’impôt sur le revenu) et une part non négligeable des activités non salariées (près de 7 %) et des autres revenus (plus de 14 %), c'est-à -dire des revenus fonciers, immobiliers et mobiliers.
Des revenus relativement conséquents puisque se situant 10 % au dessus de la moyenne départementale.
Politiquement, Arcachon vote à droite.
Aux municipales 2008, la liste UMP d’Yves Foulon l’a emporté avec 4 534 voix (71,18 %) contre 1 836 voix (28,82 %) pour la liste de gauche de Jean Pierre Soulas.
Aux cantonales 2011, le même Yves Foulon a été réélu conseiller général en obtenant 2 778 voix et 55,9 % au premier tour.
Le FN a réalisé 589 voix, un divers droite 73 voix.
Quant à la gauche, la candidate PS a rassemblé 747 voix, le Verts 658 voix et le PCF 125 voix, soit un total de 1 530 voix, finalement asse proche de la performance des municipales.
Le second canton, c’est celui d’Audenge.
Un canton densément peuplé, avec plus de 55 200 habitants et comptant huit communes.
Tout d’abord Audenge, commune d’un peu moins de 6 000 habitants qui, en 2008, a élu la socialiste Nathalie Le Yondre au terme d’une triangulaire au couteau.
Sa liste a en effet obtenu 1 289 voix et 21 élus, contre 1 234 voix et 6 élus à une liste divers droite et 374 voix et deux élus pour une seconde liste divers droite.
Aux cantonales 2011, léger changement de décor puisque les trois candidats de gauche ont recueilli 1 049 voix contre 717 voix aux candidats de droite et d’extrême droite au premier tour.
Au second tour, Audenge a contribué à l’élection d’un conseiller général socialiste, en lui accordant 1 159 voix contre 651 à la candidate UMP.
La seconde commune, c’est Andernos les Bains, commune de près de 11 000 habitants.
Le maire d’Andernos, Philippe Pérusat, est UMP, et les municipales de 2008, qui ont mobilisé près de 62 % du corps électoral, se sont déroulées sans liste de gauche.
Stupéfaction lors des cantonales de 2011.
En effet, au premier tour, les trois candidats de gauche ont rassemblé 1 914 voix et les candidats de droite 2 101 voix.
Et au second tour, le PS est arrivé en tête avec 2 125 voix contre 1 876 pour la candidate UMP.
Troisième commune du canton, Arès.
Commune d’environ 5 500 habitants, Arès a un maire UMP, élu avec 1 979 voix en 2008 face aux 1 056 voix de la liste de gauche.
Mais, aux cantonales 2011, 872 voix de gauche au premier tour et 1 099 voix de droite.
Au second tour, stupeur et tremblements en mairie d’Arès, avec le candidat PS en tête avec 1 025 voix contre 976 voix pour la candidate UMP.
Vient ensuite Biganos, commune d’environ 9 000 habitants.
En 2008, Biganos a voté en faveur d’une liste DVG, aucune liste présente ne se réclamant au demeurant de la droite dans cette localité.
Située au fond du bassin, Biganos n’a pas les mêmes caractères qu’Arcachon ou Lège Cap Ferret situées plus près de l’Océan.
L’attachement de la commune à la gauche s’est d’ailleurs manifesté de nouveau lors des cantonales de 2011.
Au premier tour, les trois candidats de gauche ont réuni 1 373 suffrages quand les candidats de droite et d’extrême droite en rassemblaient 905.
Avec une particularité : le fait que le FN ait été en tête de la droite avec un peu plus de 20 % des suffrages.
Au second tour, le candidat PS a écrasé la candidate UMP en obtenant 1 582 voix contre 688.
Allons maintenant à Lanton, commune de 6 000 habitants, mairie d’élection de Christian Gaubert, le conseiller général du canton d’Audenge.
En 2008, lors des municipales, la liste de Christian Gaubert l’a emporté avec 1 903 voix, contre 883 voix pour l’UMP et 814 pour une liste divers gauche.
Lors des cantonales de 2011, Christian Gaubert a joui d’une prime locale en obtenant 1 254 voix et un peu plus de 50 % au premier tour.
La gauche était à 1 525 voix, la droite à 981 voix.
Au second tour, 1 608 voix pour Gaubert, 969 pour la droite.
Allons maintenant à Lège Cap Ferret, commune résidentielle, sorte de sœur jumelle d’Arcachon sur l’autre rive du bassin et en contact direct avec l’Atlantique par son cap.
Dans ses lotissements et ses villages, la commune abrite un peu plus de 7 300 habitants, dont un bon tiers de retraités et 41 % de chefs de famille retraités.
Le revenu déclaré moyen excède la moyenne départementale de plus de 40 %, et l’on compte, comme à Arcachon, plus de revenus d’activité non salariée et de revenus de patrimoine et de placement que dans la moyenne girondine.
Lors des municipales de 2008, la liste de l’UMP fut élue avec plus de 70 % des voix face à une liste divers droite…
Aux cantonales 2011, la commune est restée fidèle à la droite en accordant 1 497 voix et plus de 47,5 % à la candidate UMP, devant les 578 voix (18,4 %) à la candidate du FN.
Retour désormais à Mios, dans la partie Est du bassin.
Cette commune d’un peu moins de 7 000 habitants est moins huppée que Lège Cap Ferret.
Aux municipales 2008, les deux listes divers droite arrivées en tête ont obtenu 2 272 voix tandis que la liste de gauche se contentait de 765 voix.
Au second tour, la gauche est d’ailleurs tombée à 501 suffrages.
Aux cantonales 2011, par contre, nouvelle surprise.
Les candidats de gauche obtiennent au total 944 voix contre 739 voix pour les candidats de droite et d’extrême droite, avec le FN en tête, nanti de 389 voix.
Et au second tour, avec une faible participation (moins de 40%), le candidat PS a obtenu 1 135 voix contre 523 voix pour la candidate de de l’UMP.
Terminons le canton avec la commune de Marcheprime, comptant un peu moins de 4 000 habitants.
La commune est gérée par une équipe divers gauche menée par le PRG.
Aux municipales de 2008, la liste du PRG a obtenu 67 % et la liste du Parti socialiste 33 %.
Le nombre d’exprimés fut de 1 903 sur un total de 2 846 inscrits.
Aux cantonales de 2011, les candidats de gauche sont naturellement arrivés en tête sur la commune.
Ils ont réuni 636 voix sur 1 078 exprimés, tandis que la droite devait donc se contenter de 442 voix, en plaçant, là encore, le FN en tête avec 229 voix.
Au second tour, large avance pour le candidat PS, avec 765 voix contre 299.
Le troisième canton est celui de la Teste de Buch
Un canton qui comprend dans un premier temps la commune de La Teste, comptant plus de 25 000 habitants, avec plusieurs ensembles urbains puisque l’une des ressources touristiques de la commune est constituée par l’impressionnante Dune du Pilat (ou du Pyla), située dans la villégiature de Pyla sur Mer, face au Cap Ferret.
Un temps mairie PS, La Teste de Buch est devenue aux municipales de 2008 une commune gérée par la droite.
La ville est sectionnée en deux éléments : section de la Teste d’un côté, section du Pyla de l’autre.
Le Pyla a voté pour la liste de l’UMP, en lui accordant 640 voix sur 1 229 exprimés, une liste divers obtenant 366 voix et la liste de gauche 223.
Ce qui a donné à l’UMP 4 sièges sur 5.
Dans la section de la Teste, la liste de gauche est arrivée en tête avec 3 936 voix sur 10 708 exprimés.
Elle devançait trois listes de droite, une plutôt centriste, arrivée deuxième, une investie par l’UMP et une dernière divers droite.
Au second tour, la fusion des listes de droite a emporté le morceau avec 5 994 voix et 23 élus contre 5 178 voix et 7 élus pour la liste de gauche.
Aux cantonales 2008, situation aussi serrée avec 5 341 voix de droite et d’extrême droite au premier tour face à 5 831 voix de gauche et écologistes.
Au second tour, 5 720 voix à gauche et 5 964 voix pour le candidat UMP.
La seconde commune du canton est celle de Gujan Mestras, ville d’élection de Mme Marie Hélène Nollet des Esgaulx, ancienne députée et actuellement sénatrice de Gironde, peuplée d’un peu plus de 18 400 habitants, et dont les activités touristiques constituent l’ossature économique.
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Aux municipales de 2008, la liste de Mme Nollet des Esgaulx fut élue sans problème avec 50,6 % des voix, tandis qu’une liste sans étiquette recevait 22,5 %, une liste de gauche 21,2 % et une liste Modem 5,6 %.
Aux cantonales, la commune apporta son soutien aux candidats de droite pour 4 141 voix au premier tour contre 4 710 voix pour les candidats de gauche et écologistes.
Le second tour vit la droite l’emporter avec 3 847 voix contre 3 122 au candidat de gauche.
Enfin, reste la commune du Teich.
Le Teich compte un peu plus de 6 200 habitants, et est gérée depuis un certain temps par le député socialiste François Deluga, par ailleurs président du CNFPT.
La ville est orientée à gauche.
Aux municipales 2008, la liste Deluga l’a très nettement emporté avec 2 327 voix et 77,1 % des voix.
La liste de droite dut se contenter de 690 voix et 22,9 %.
Aux cantonales 2008, même tendance.
Au premier tour, la gauche obtient 2 018 voix et la droite 954.
Au second tour, 1 473 voix à gauche et 694 à droite.
A noter que la baisse de la participation au second tour est aussi venue d’incidents climatiques en mars 2008 dans le secteur.
Ceci dit, la conclusion est claire.
Cette 8e circonscription, a priori taillée sur mesure pour la droite, compte tenu des communes qui en font partie, est finalement relativement incertaine, notamment du fait de la hausse constante de l’influence de la gauche ( à moins que ce ne soit la baisse de celle de la droite ).
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