de vudeloin » Dim 20 Nov 2011 15:27
Je ne vais produire d'analyse des cinq circonscriptions mais m'intéresser de suite à la cinquième, celle de Vernon – Les Andelys – Gisors, circonscription historique de René Tomasini, ancien secrétaire général du RPR qui avait d'ailleurs basculé en 1981 avec un élu PS, Freddy Deschaux Baume, qui est aujourd'hui maire d'une commune du Sud de la France ( je crois même que c'est dans l'ensoleillé département des Pyrénées Orientales ).
Comme cela a été souligné dans le fil de discussion sur les Verts et les législatives, cette circonscription a été réservée, dans le cadre de l'accord EELV / PS, à un candidat du mouvement écologiste.
Mais revenons à ses caractères.
8 cantons sur ce siège : Les Andelys, Ecos, Etrepagny, Fleury sur Andelle, Gisors, Lyons La Forêt, Vernon Nord, Vernon Sud.
Comme nous sommes dans l'Eure, cela représente un nombre de communes assez intéressant puisque ces huit entités territoriales regroupent au total 130 communes.
Pour mémoire, le département haut normand compte 675 localités différentes, signe de l'histoire particulière d'une région où la transmission d'héritage nobiliaire a souvent produit l'émiettement des patrimoines...
Bien que pourvu d'un conseil général de gauche, l'Eure a une particularité dans cette circonscription : six des huit élus cantonaux sont de droite...
On pourrait donc se dire que les chances de la gauche sont faibles, dans un tel contexte mais le truc c'est qu'il ne oublier aucun détail.
Notamment que la plupart des communes un tant soit peu importantes de la circonscription sont aujourd'hui à gauche : Gisors est une mairie PCF depuis un temps déjà long (1971 je crois bien), Vernon et Les Andelys sont repassés à gauche en 2008, avec dans le premier cas la défaite d'un sénateur UMP, Jean Luc Miraux, qui fut d'ailleurs recalé par ses petits camarades aux élections sénatoriales du mois de septembre suivant et dans le second cas une victoire stupéfiante du PS dans une triangulaire mortifère pour la droite.
Est encore à droite la commune de Saint Marcel de Vernon dont le maire est d'ailleurs le conseiller général de Vernon Nord.
Autre aspect : dans le canton d'Ecos, où est élu Michel Jouyet, frère du Président de l'Autorité des Marchés Financiers et ancien Ministre d'ouverture de 2007, la commune la plus importante, Gasny, connue des cyclistes pour sa côte casse – pattes, a un maire socialiste.
En 2011, le canton a nettement voté en faveur de Michel Jouyet, la gauche étant éliminée au premier tour de par la seconde position atteinte par le candidat du FN, le secrétaire national aux entreprises du parti lepéniste, Jean Michel Dubois, ex conseiller municipal d'Enghien les Bains.
Dans celui d'Etrepagny, la droite tient à peu près toutes les positions clé.
Même configuration que sur le canton d'Ecos, avec un duel UMP/FN au second tour et une gauche éliminée bien qu'ayant tout de même rassemblé environ 35 % des votes au premier tour.
Dans le canton des Andelys, la division de la gauche, malgré un score cumulé d'environ 40 % des votes, l'a également empêché d'atteindre le second tour et laissé en lice pour le second les candidats FN et UMP.
Mais dans le canton de Fleury sur Andelle, tenu par le PS, si le chef lieu est de droite, Charleval a un maire PCF, Perriers sur Andelle un maire PS et celui de Romilly sur Andelle, le mathématicien et pédagogue Jean Luc Romet, est de sensibilité DVG.
En 2008, avec une participation normale (près de 68 %), le canton a réélu le conseiller général socialiste maire de Vandrimare au premier tour avec plus de 56 % des voix, la droite se retrouvant avec juste un peu plus de 21 % des suffrages.
Sur Gisors, victoire nette du candidat PCF, le maire de Gisors Marcel Larmanou, avec plus de 60 % au second tour ( et 1 500 voix d'avance), la gauche ayant dépassé les 70 % au premier tour.
Sur Lyons La Forêt, longtemps canton du sénateur de droite Henri Collard, et dont le chef lieu est porteur de la mémoire de Maurice Ravel (qui aurait composé le fameux Boléro dans une maison en lisière de la forêt), la droite avait été élue sans trop de difficulté avec plus de 75 % des voix dans le cadre d'une triangulaire UMP/DVD/PS.
Mais le canton ne compte qu'un peu plus de 4 000 habitants et 3 700 électeurs dont quelques bons bourgeois parisiens dans leurs résidences secondaires de campagne...
Restent les deux cantons vernonais.
Le canton Nord a voté en faveur de la droite en accordant au candidat UMP une avance supérieure à 700 voix au second tour de 2008 tandis que le canton Sud avait élu son conseiller UMP avec une avance d'environ 120 votes.
En clair, nous avons donc deux bastions de gauche assez nettement affirmés sur le canton de Fleury sur Andelle et celui de Gisors, deux cantons de droite à dominante urbaine avec des majorités relativement ténues sur Vernon et quatre autres cantons, en général ruraux (Lyons, Ecos, Etrepagny) orientés à droite avec des influences extrêmement variables mais néanmoins réelles.
Le danger pour la droite, c'est que le FN puisse parvenir au second tour, d'autant qu'il est probable que Jean Michel Dubois prolonge son expérience des cantonales 2011 sur Ecos en devenant le candidat lepéniste de la législative et crée les conditions d'une triangulaire où le choix du PS d'investir un candidat EELV peut ouvrir une place à une candidature issue du Front de Gauche.
A noter qu'aux régionales de 2010, tous les chefs lieux de canton de la circonscription ont voté à gauche, sauf Lyons la Forêt, ainsi que les principales communes (Gasny, Saint Marcel, Perriers sur Andelle, Romilly sur Andelle entre autres).
Cette situation, dans un contexte de participation assez faible au second tour (proche de celle des cantonales 2011), montre aussi une certaine réceptivité de la circonscription aux tendances électorales « nationales », révélatrice du caractère spécifique de celle ci au regard des autres sièges haut normands.
C'est que la cinquième circonscription de l'Eure, sur bien des aspects, est un peu une sorte de grande banlieue parisienne éloignée (il suffit de voir l'état des parkings des gares desservies dans le secteur pour s'en rendre compte), où la population est assez fortement composée de ce que l'on appellerait en Italie des « pendolari « , c'est à dire des salariés se levant tôt le matin pour aller travailler sur Paris et sa région avant de revenir le soir, relativement tard.
Cette situation sociologique, que nous approfondirons, est aussi un élément des comportements politiques locaux.