de maxxx » Mer 15 Sep 2010 14:27
Comme en 2001, ce département enverra l'an prochain 4 sénateurs au Palais du Luxembourg. Le scrutin de 2001 avait été particulièrement fructueux pour la gauche, qui était parvenue à faire jeu égal avec la droite, celle-ci s'étant à l'époque divisée assez fortement (avec pour résultat l'éviction de deux sortants de droite). Fait marquant : l'élection d'une sénatrice communiste, pour un parti qui n'avait plus eu de parlementaires depuis 1988 dans ce département.
Les 4 sortants sont, par ordre d'élection :
- Daniel Reiner (PS), 69 ans, ancien député-maire de Blainville-sur-l'eau, ancien conseiller général et régional, élu pour la première fois en 2001.
- Evelyne Didier (PC), 62 ans, conseillère générale-maire de Conflans-en-Jarnisy, vice-présidente de sa communauté de communes, élue également pour un premier mandat en 2001.
- Philippe Nachbar (UMP), 60 ans, secrétaire du Sénat, ancien adjoint au maire de Nancy et vice-président du conseil général. Il est sans mandat local depuis sa lourde défaite aux cantonales de 2004 sur Nancy-Nord. Il siège au Sénat depuis 1992.
- Jacqueline Panis (UMP), 62 ans, conseillère municipale de Seichamps, après y avoir été adjointe au maire et n'ayant pu garder la ville à droite aux municipales de 2008. Elle n'est élue que depuis 2007 au Sénat, où elle a remplacé Jacques Baudot (UMP), figure majeure de la vie politique locale, à son décès. Ce dernier fut en effet pendant 10 ans président du conseil général (1988-1998) et vice-président du conseil régional. Il était par ailleurs un des proches de Christian Poncelet.
A l'heure actuelle, aucun des sortants n'a manifesté le souhait de se retirer, ce qui parait logique, aucun d'entre eux n'étant a priori exclu en raison de leur âge...ces sexagénaires pourraient tous sur ce plan facilement rempiler.
Au niveau des équilibres politique, c'est la droite qui est plus minoritaire que la gauche, notamment au niveau des villes moyennes. Cela dit, la situation pour elle est loin d'être catastrophique : elle a certes perdu en 2008 notamment les mairies de Vandoeuvre (2ème ville du département au profit du PS), Seichamps et de Laxou (au profit du Modem), mais elle a réussi à s'emparer de Lunéville, Baccarat et surtout Longwy (véritable bastion ouvrier - ce qui fut un réel choc pour une gauche qui règne sans partage dans le nord du département - touché particulièrement par les crises industrielles). La gauche est majoritaire dans ces communes moyennes, mais la droite reste influente et bien implantée dans les petites communes rurales. On pourrait donc théoriquement parier sur un statu quo, la gauche ayant réalisé la quasi-totalité du travail en 2001.
Pour conserver ses deux sièges, je pense cependant que la droite aurait peut être intérêt à rabattre totalement les cartes, en parvenant à convaincre ses sortants de ne pas rempiler...Ces derniers sont en effet affaiblis : Philippe Nachbar a certes un beau parcours politique et est encore assez jeune, mais son ascension politique a été freinée brutalement en 2004, quand il a été éjecté par le PS de son canton de Nancy-Nord, en ne recueillant en duel au second tour que 39.7% des voix. Jacqueline Panis n'avait quant à elle pas le poids politique suffisant dès le départ pour combler le vide laissé par la disparition de Jacques Baudot : elle a encore plus été fragilisée par la perte de la ville de Seichamps, dont elle était l'adjointe sortante et la tête de liste de l'équipe sortante en 2008. Ces deux élus n'ont donc pas véritablement le moyen de négocier un renouvellement de leur mandat si la droite locale souhaite les sortir.
Pour assurer ses deux sièges, et se recrédibiliser, la droite pourrait tenter un coup de poker, à l'heure actuelle hypothétique mais qui serait sur le papier terriblement efficace : André Rossinot (UMP-PR), 71 ans, inoxydable maire de Nancy et président de la CA, ancien ministre et député, pourrait en effet être tenté pour prendre la tête de la liste UMP et ainsi finir sa carrière politique bien remplie. Il n'était pas parti en 2001, ne voulant pas ajouter de la division à la division déjà très forte de la droite (et surtout, il espérait peut être encore à l'époque rebondir ailleurs qu'au Sénat...). La stratégie de la droite serait alors que ce dernier fasse un ticket avec la très influente présidente de l'association des maires de Meurthe-et-Moselle, la conseillère générale UMP-DVD Rose-Marie Falque, élue du canton de Baccarat et maire d'Aizerailles. Elle en plus issue d'une zone où la droite ne cesse de reprendre des couleurs (depuis l'élection facile en 2007 de Jacques Lamblin aux législatives, après une période d'incertitudes marquée par l'usure du député François Guillaume).
La 3ème place reviendrait, pour le symbole et les voix, à un élu du nord du département voire du centre-nord : trois candidatures crédibles dans ce cas : Pierre Mersch, le conseiller général-maire DVD de Longuyon, Edouard Jacque, maire PR de Longwy et ancien député (2002-2007) ou Henri Lemoine, maire UMP de Pont-à-Mousson qui vient très récemment de reprendre sa mairie. Ces trois candidats sont de toute façon tout à fait crédibles également pour la 1ère place, si André Rossinot décide de ne pas y aller...
A gauche, tout dépendra de l'attitude du sortant Daniel Reiner. Evelyne Didier repartira certainement en numéro 2, le PS n'a aucun intérêt à laisser partir seul le PC, encore très présent dans le nord du département, surtout si André Rossinot part au combat. Si Daniel Reiner est prêt à céder la place de meneur, ce serait très vraisemblablement au profit du président du conseil général PS depuis 1998, Michel Dinet, 62 ans, qui serait heureux de redevenir parlementaire, 17 ans après avoir été battu aux législatives : celui-ci a décidé depuis 2001 de se consacrer entièrement au conseil général et à sa présidence, mais on sait très bien ce que vaut ce type d'engagement en politique...En 3ème place, on pourrait envisager dans ce cas le nouveau maire PS de Vandoeuvre, Stéphane Hablot par exemple, ou pour le symbole, Daniel Reiner...
Un duel Rossinot-Dinet mettrait en tout cas un peu de piquant à ses sénatoriales, à l'image du combat Gaudin-Guerini aux sénatoriales de 2008 dans les Bouches-du-Rhône...Reste à convaincre, si ces leaders veulent aller au Palais du Luxembourg, les sortants de ne pas se mettre en travers de leur chemin...