de maxxx » Lun 13 Sep 2010 12:50
Plus qu'ailleurs, les sénatoriales de 2001 en Loire-Atlantique avaient été assez houleuses et s'étaient traduites par des divisions assez fortes à droite comme à gauche. A cette époque, le rapport droite-gauche était assez équilibré et la plus forte division à gauche qu'à droite avaient entrainé un statu quo : 3 sièges à droite, 2 sièges à gauche.
Le département élira une nouvelle fois 5 sénateurs l'an prochain. Les sortants sont, dans l'ordre d'élection :
- André Trillard (UMP), 63 ans, conseiller général-maire de Saint-Gildas-des-Bois, ancien président du conseil général et dernier président de droite de l'institution (2001-2004), qui achèvera son premier mandat au sénat.
- Monique Papon (UMP), 76 ans, vice-présidente du Sénat, ancienne députée de Nantes (1986-1997), à l'époque où la droite faisait encore de très jolis scores dans la préfecture, ancienne conseillère générale de Nantes I, battue en 2004.
- Charles Gauthier (PS), 65 ans, maire de Saint-Herblain, ancien conseiller général, qui a également été élu pour la première fois au Sénat en 2001.
- François Autain (PG), 75 ans, ancien secrétaire d'Etat sous le gouvernement Mauroy, élu au Palais du Luxembourg depuis 1983, ancien maire de Bouguenais, oncle de Clémentine. Il a rejoint le Parti de gauche de Mélenchon en 2008.
- Gisèle Gauthier (UMP - ex-UDF), 72 ans, ancienne maire de Carquefou (1989-2003), ancienne vice-présidente du conseil régional à l'époque Guichard et Fillon : elle a quitté tous ses mandats locaux en 2003 pour se consacrer uniquement à sa fonction de sénatrice.
On peut constater l'âge avancé des sortants. Il est à l'heure actuelle certain que Monique Papon et François Autain ne repartiront pas en 2011 : ce qui n'est pas sans réjouir leurs camps respectifs, et pas uniquement parce que cela libère des places. Pour Monique Papon, son départ permet de cloturer définitivement les bisbilles politico-familiales qui avaient émaillées le scrutin de 200, durant lequel le climat avait été délétère avec un conflit opposant à l'époque le puissant député Edouard Landrain (UDF), l'ancienne députée de Nantes et le non moins puissant sénateur sortant et ancien président du conseil général Luc Dejoie (RPR)...La droite avait réussi à garder 3 sièges grâce au retrait de ce dernier. Les deux hommes sont tous les deux décédés en 2006, tournant une page importante de la vie politique du département.
François Autain avait quant à lui refusé de se retirer en 2001 au profit du tandem socialiste Gauthier-Dieulangard - il s'agissait à l'époque pour le député-maire de Nantes Jean-Marc Ayrault de récompenser le maire de Saint-Herblain pour sa fidélité - le maire de Nantes étant élu au Palais Bourbon dans la circonscription qui contient essentiellement Saint-Herblain. Seulement, François Autain s'est maintenu et c'est l'autre sortante socialiste Marie-Madeleine du Dieulangard, numéro 2 de la liste officielle, qui en avait fait les frais...Ces deux départs font permettre de rabattre certaines cartes.
Pour les autres sortants, il apparait quasi-sûr qu'André Trillard repartira et il conduira très certainement la liste UMP : il constitue un véritable atout pour la droite, par son profil d'homme assez consensuel, discret mais efficace. Charles Gauthier devrait également endosser ce rôle chez les socialistes, dans la mesure où il se représentera probablement pour un second mandat. Par contre, le maintien de Gisèle Gauthier est nettement moins sûr : son âge (73 ans en 2011) ne joue pas en sa faveur, comme le fait qu'elle n'ait plus de mandat donc de faire-valoir politique...Cela dit, la droite doit à tout prix éviter les dissidences et la réduction du mandat à 6 ans comme son ralliement à l'UMP avant la présidentielle de 2007 pourraient la sauver...Je crois quand même moins à cette hypothèse qu'à celle de son retrait...
Pour ce qui est des équilibres politiques, il est clair qu'ils ne jouent désormais plus en faveur de la droite : je crois que la Loire-Atlantique est le département qui a connu la plus forte et rapide érosion de la droite au sein du conseil général ces dernières années : dans un département où la droite détenait encore la majorité au début de l'année 2004, le rapport de forces est désormais catastrophique pour celle-ci : 42 sièges pour la majorité de gauche contre 17 à l'opposition de droite et du centre...Sans le recul historique, on pourrait presque croire que le département est à gauche depuis des générations...Le niveau municipal est moins calamiteux pour la droite mais cette dernière n'est quand même plus majoritaire au global, au-delà du fait qu'elle est arrivée à garder quelques positions solides qu'on aurait pu croire menacées (Guérande, Saint-Sebastien-sur-Loire, Orvault, Carquefou)...L'affaiblissement de la droite est de toute façon facilement observables lors des élections législatives (notamment celles de 2007).
En toute logique, le 5ème siège devrait passer de droite à gauche. La droite, beaucoup moins désunie qu'il y a quelques années, devrait parvenir, le scrutin proportionnel aidant, à garder 2 sièges. Voyons les candidatures potentielles :
- A droite, derrière le sortant André Trillard, dans l'hypothèse où Gisèle Gauthier - par choix ou de force - se retire, le 2ème siège sera accordé à une femme. Il n'y a pas non une pléiade de candidates crédibles sur ce plan : l'hypothèse la plus crédible serait celle de Danielle Rival, maire de Batz-sur-Mer, conseillère régionale depuis 2004 et numéro 2 sur la liste départementale en 2010 : le problème est qu'une telle candidature serait trop proche géographiquement de celle du sénateur sortant, en restant sur le secteur Saint-Nazaire-La-Baule...Pour des raisons d'équilibre géographique, on pourrait donc plutôt penser à la candidature de Marie-Cécile Gesson (DVD-centriste), maire de Sautron (banlieue nantaise) depuis 2008 et ancienne adjointe de la ville pendant 18 ans : le problème c'est qu'elle s'était fâchée avec l'UMP et le maire sortant à ces mêmes municipales. Sinon, la candidature d'une adjointe au maire d'un maire de la banlieue nantaise (d'Orvault ou de Vertou par exemple) voire de Pornic n'est pas inconcevable, au contraire. En 3ème place, certainement non éligible cette fois-ci du fait de l'érosion de la droite, on pourrait retrouver le maire UMP de Chateaubriant, Alain Hunault, celui de Vertou, Laurent Dejoie, fils de Luc, voire celui de Saint-Sebastien, Joel Guerriaut (DVD).
- A gauche, il y aura donc 3 sièges dans le collimateur. Hormis celui du socialiste Charles Gauthier, reste donc les places de numéro 2 et de numéro 3. Le groupe CRC perdra très certainement, avec le départ de François Autain, un siège dans ce département : les communistes et le PG n'ont rien à faire valoir en échange, et même s'ils avaient une candidature féminine toute trouvée en la personne de Sabine Mahé, maire PC de Trignac, cette dernière commune est la seule que possède le PC - avec un unique canton qui est celui-là précisément...C'est beaucoup trop léger et le PS ne sera pas non plus généreux à ce point. Par contre, il faudra certainement que le PS donne ce siège à un écologiste, s'il y a un accord national entre le PS et Europe ecologie là -dessus : ce serait donc soit une femme ou un homme, selon l'accord pour une deuxième ou une troisième place sur la liste : si c'est une numéro 2, ce sera certainement une conseillère régionale ou une adjointe qui n'est pas issue de Nantes et de sa banlieue (au risque d'une forte concentration avec Charles Gauthier)...Si c'est un numéro 3, ce pourrait dans ce cas être un élu EE issu ou non de Nantes (Raphael Romi ou Jean-Philippe Magnen ?). Pour le 3ème poste de sénateur, si le PS prend la deuxième place, il faudra une femme : par exemple la maire PS de Bouguenais Michèle Gressus (candidature pouvant en plus plaire à François Autain) ou la nouvelle maire DVG de Vallet, Nicole Lacoste. Si c'est la 3ème place, l'homme en question pourrait tout simplement être l'ancien député PS René Leroux, 58 ans, maire de la Turballe et conseiller général de Guérande, ou bien, depuis qu'il a réintégré le PS après avoir flirté avec Jean-Pierre Chevènement, le maire de Saint-Nazaire, Joel Batteux, 67 ans : cela dit, les relations entre ce dernier et le PS sont vraiment du "je t'aime, moi non plus" et assez chaotiques selon les périodes, et il pourrait très bien aussi partir seul avec sa propre liste...