de maxxx » Ven 17 Sep 2010 15:02
Dans ce département, qui a longtemps été une place forte de la droite symbolisée par le règne de l'ancien ministre et maire de Tours Jean Royer, les équilibres politiques tournent depuis quelques années dans le sens de la gauche, notamment depuis que celle-ci s'est emparée en 1995 de la ville de Tours, dans un contexte il est vrai de la candidature de trop du maire sortant et de la division à droite au premier comme au second tour...Renaud Donnedieu de Vabres avait un temps su contenir l'assaut des socialistes, notamment en se maintenant sur la circonscription de Tours...Mais la décrépitude s'est accélérée avec sa défaite en 2007 et aux municipales de 2008, date à laquelle la gauche s'est également emparée du conseil général.
Ce département élit 3 sénateurs. Les sortants sont :
- Yves Dauge (PS), 75 ans, ancien député-maire de Chinon, ville dans laquelle il est toujours adjoint au maire, ancien conseiller général et régional. Il avait été élu pour la première fois en 2001.
- Marie-France Beaufils (PC), 64 ans, maire de Saint-Pierre-des-corps depuis 1983, ancienne conseillère générale du seul canton communiste du département (1982-2001), elle a échoué à se faire élire à l'assemblée nationale (7.5% au premier tour en 2007) comme au Parlement européen (elle était chef de file de la liste PC-PG en juin 2009). Son élection avait été une surprise en 2001.
- Dominique Leclerc (UMP), 66 ans, ancien maire de la Ville-aux-Dames, ancien vice-président du conseil général et du conseil régional, il est élu au Sénat depuis 1992 et fut le seul sortant de droite rescapé en 2001.
Parmi les sortants, seul Yves Dauge ne devrait pas se représenter.
Le scrutin de 2001 s'était soldé par l'élection de deux sénateurs de gauche. Le scrutin proportionnel établi en 2001 conduisait mécaniquement à l'élection d'un sénateur de gauche mais la gauche était partie en liste d'union contre une droite divisée en 3 listes : 2 conduites par les sortants Dominique Leclerc et Jean Delumeau, 1 conduite par Joel Pelicot, vice-président du conseil général et maire de Charentilly. Au final, la droite n'est parvenue à garder qu'un seul siège des 3 qu'elle monopolisait depuis tant d'années.
Les équilibres politiques ont évolué depuis 2001 essentiellement au conseil général, avec la prise de la majorité par la gauche en 2008. A noter que la droite avait été reconduite de justesse en 2004. Sur le plan municipal, la droite a également perdu du terrain dans les communes moyennes (Fondettes ou Ballan-Miré), mais elle n'était déjà plus majoritaire dans ces communes de plus de 3500 habitants en 2001. Par contre, elle domine dans les petites communes, comme à son habitude, et surtout, la carte des cantons fait apparaitre une belle division en strates du département : dans le Sud, la droite règne sans partage au niveau cantonal, elle se maintien également à l'extrême nord (Neuvy-le-Roi, Chateau-Renault), et, dans l'entre-deux, la gauche possède quasiment tous les cantons (hormis les camps retranchés de Saint-Avertin, Saint-Cyr et Tours centre, citadelles de la droite).
Le retour au scrutin majoritaire bouleverse un peu la donne par rapport à 2001.
- A droite, le maintien de la proportionnelle faisait s'envoler tout espoir de faire autre chose que préserver le siège du sortant. Le scrutin majoritaire n'est donc qu'un bonne nouvelle pour elle. Elle reste majoritaire au niveau des petites communes et pourrait prétendre, avec la conjonction de certains facteurs (alignement de bons candidats crédibles et influents, tensions à gauche), à reprendre un deuxième siège. Le sénateur Dominique Leclerc est donné partant pour un dernier mandat et devrait sans grosses difficultés, avec la prime au sortant et son influence, être reconduit. La droite peut mettre en difficulté la gauche en investissant l'influent président de l'association des maires d'Indre-et-Loire et leader de l'opposition au conseil général, le maire NC de Chédigny Pierre Louault. Cela permet en plus à l'UMP de faire plaisir à ses alliés centristes et ce dernier est élu du sud du département (Loches), ce qui correspondrait bien aux équilibres géographiques (Dominique Leclerc étant issu de l'agglo tourangelle). Le 3ème candidat de droite, en cas d'union, serait certainement un autre UMP : le maire UMP de Saint-Avertin, Jean-Gérard Paumier pourrait être intéressé mais je pense que la meilleure candidature à ce niveau serait celle du conseiller général d'Azay-le-Rideau et surtout ancien président du conseil général Marc Pommereau (DVD), qui a eu le temps durant sa présidence de se constituer les réseaux nécessaires dans les petites communes. Si la droite veut jouer un semblant de parité, la seule candidature probable sera celle de la conseillère générale DVD de l'Ile-Bouchard, Nadège Arnault...Je ne vois pas Claude Greff, députée UMP, quitter le Palais Bourbon pour celui du Luxembourg, surtout qu'en dehors de son siège de députée, elle n'a pas vraiment réussi à s'implanter localement dans une ville (Tours) ou un canton (Amboise).
- A gauche, ça risque d'être compliqué. Elle a déjà tout gagné en 2001 en emportant 2 sièges sur 3 et elle a au contraire tout à perdre dans ses divisions. La sénatrice sortante Marie-France Beaufils est très fragilisée car, toute seule, elle n'a pas suffisamment de grands électeurs dans ce département pour espérer être reconduite : en dehors de sa ville de Saint-Pierre-des-Corps, c'est le désert pour les communistes-PG...Elle en a d'ailleurs conscience et c'est à mon avis pour cela qu'elle a tenté de se faire élire à Strasbourg en juin 2009 en menant la liste PC-PG, sachant pertinemment qu'en cas d'élection, elle devrait quitter le Sénat. Cela dit, elle ne se laissera pas faire et se représentera, avec ou sans union à gauche. Le PS, conscient du fait que ce sera très dur de déloger l'UMP Dominique Leclerc - sans compter sur les chances des autres candidats de droite, ne devrait pas non plus lui faire de cadeaux : plusieurs socialistes sont sur les starting blocks pour le Sénat, à commencer - triste signe du mauvais fonctionnement de notre système politique et des logiques de fermeture de notre classe politique - par les battus des législatives de 2002 et/ou de 2007 : Jean-Jacques Filleul, 67 ans, maire PS de Montlouis depuis 1983, battu en 2002 par Claude Greff (UMP), Philippe Le Breton, maire PS de Joué-les-Tours, battu en 2002 et 2007 par Hervé Novelli, ou encore la nouvelle président du conseil générale PS Claude Roiron, 47 ans, battue par le député UMP Philippe Briand en 1997, 2002 et 2007 (les deux dernières fois largement)...C'est tellement plus simple de chouchouter les grands électeurs quand les citoyens vous refusent votre billet d'entrée pour le Parlement. Cela dit, ça sera loin d'être facile pour l'ancienne adjointe de Jean Germain, car elle a la réputation de s'être fait pas mal d'ennemis (et pas qu'à droite) depuis qu'elle préside le conseil général. En plus, cela signifie qu'elle devra à moyen terme quitter cette présidence qu'elle ne détient que depuis peu, en raison des règles de cumul instaurées au PS. Jean Germain, 64 ans, maire de Tours depuis 1995, serait également candidat en 2011 : pour lui, c'est plus facile, car il aurait de toute façon l'intention de passer la main à brève échéance à la mairie...En tout cas, le PS ne voudra pas se contenter d'un siège, au risque d'engendrer de nombreuses frustrations...
Bref, ces élections risquent d'être serrées et il faudra certainement prévoir de nombreuses candidatures au premier tour...tout dépendra ensuite des capacités de rassemblement des gagnants de ces primaires...