Bruno Gervier, conseiller général (PS) de Sens nord-est, ne briguera pas de nouveau mandat. Il fait le bilan et solde quelques comptes.
Voilà une chose sur laquelle Bruno Gervier ne lève pas le pied. Il peut siffler deux expressos et griller trois cigarettes, tout en parlant de son action, de celle des autres, du Conseil général, des retraites et de Sarkozy. Pléthorique. Comme peut l'être un baroud d'honneur. Car le conseiller général socialiste du canton de Sens nord-est s'apprête à raccrocher.
« Des raisons personnelle et professionnelle »
« Je ne serai pas candidat à l'élection cantonale de mars 2011, annonce t-il. J'ai pris ma décision il y a environ huit mois, pour des raisons professionnelle et personnelle. Mon travail est très prenant. Sur le plan personnel, j'ai une nouvelle compagne et je souhaite passer du temps avec elle. »
Le principal adjoint du collège Marie-Noël, à Joigny, en profite pour démentir « un bruit qui court » : non, il n'a pas l'intention de partir loin de l'Yonne. « Je vais être titularisé. En fonction des disponibilités, je formulerai des voeux pour prendre la direction d'un établissement. Et mon voeu est de rester dans le coin. »
Bien sûr, Bruno Gervier a « fait part de [son] choix aux instances du PS et à l'association Sens et le Sénonais demain, pour que des solutions soient trouvées. »
« Il y aura un candidat ou une candidate soutenue par le PS et le PCF dans le canton de Sens nord-est, assure t-il. Le parti étudie plusieurs pistes. Je n'en dirai pas plus. »
À propos des cantonales, le socialiste observe d'un oeil agacé les manoeuvres récentes du PRG. « D'abord, ce parti annonce qu'il soutiendra tous les sortants de la gauche. Puis on découvre que Dominique Chappuit, soutenue par le PRG, va se présenter contre Alain Ladrange, conseiller général communiste, dans Sens sud-est. C'est l'exemple de la duplicité du PRG. »
Bruno Gervier s'interroge sur « le parcours politique de Dominique Chappuit, candidate PS en 1997, suppléante de Frank Thomas en 2002 contre Daniel Paris, et maintenant soutenue par ce dernier. » Idem pour Alexandre Bouchier, candidat dans le canton de Sens nord-est : « il est passé du PRG aux Modem, et il est maintenant proche de la droite. »
Lui dit avoir « vécu une aventure passionnante pendant sept ans » et n'avoir « jamais cédé un pouce sur [ses] convictions. Je fais le distinguo entre mon activité de terrain, aux côtés des maires, et le débat politique départemental. » Le Conseiller général rappelle que, durant son mandat, « environ deux millions d'euros de subventions ont été accordés, hors ville de Sens. Il déclare s'être investi dans deux dossiers : le suivi du RSA et « la mise en réseau des collèges Mallarmé et Montpezat ».
Reste que son appui au projet de fusion des deux établissements a été très mal perçu. Tant par les syndicats d'enseignants que par des militants politiques de gauche. « Je fais la différence entre ma vie professionnelle et ma vie politique. En tant qu'élu, ça ne me pose pas de problème de militer pour la mixité sociale », se défend le conseiller général.
Le « manque de vision » de Daniel Paris
Aux rayons des regrets, Bruno Gervier cite son « rendez-vous manqué avec les Sénonais » aux municipales de 2008. Déçu par la hausse des impôts locaux et l'issue du dossier Auchan, il a « un avis très nuancé » sur l'administration actuelle de la ville. « Je ne comprends pas quel est le projet de Daniel Paris pour Sens. Pour quelqu'un qui voulait une ville apaisée, on en est loin. Ses déclarations récentes sur le blocage de la Communauté de communes sont peu responsables. Je souhaite qu'il réussisse, mais pour l'instant, je constate une paralysie et un manque de vision. »
Bruno Gervier a aussi des opinions sur la politique du Conseil général, la réforme des retraites, les injustices sociales et fiscales, ou encore les « mensonges au plus haut de l'État ». Il aura l'occasion de le redire avant la fin de son mandat.
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