de maxxx » Mar 24 Aoû 2010 10:51
Dans le département du Nord, 40 des 79 cantons seront renouvelables en mars 2011. La particularité de ce renouvellement est à relier aux précédentes élections de 2004, qui s'étaient soldées par une véritable Bérézina pour la droite. Au-delà du contexte général du vote sanction contre le gouvernement Raffarin, l'Union pour le Nord (UPN), regroupant l'UMP, le Nouveau centre et les divers droite, n'avait en effet conservé que 4 sièges sur les 10 qu'elle possédait. Cet effondrement avait représenté un électrochoc pour la droite nordiste, dont le leader, le sénateur Jean-René Lecerf, espérait reprendre la majorité perdue en 1998.
Alors que ce renouvellement triennal avait permis à la droite de conquérir le conseil général en 1992, il s'est transformé en véritable chemin de croix pour celle-ci, dans la mesure où le renouvellement de 2008 lui fournit les 3/4 de ses effectifs - à savoir 15 élus sur ses 19 représentants.
En toute logique, le PS (30 sièges et 1 apparenté) et les communistes (5 sièges) sont beaucoup plus menacés en terme de pertes que la droite - même si celle-ci ne reprendra évidemment pas la majorité.
Pour les 4 cantons détenus par l'UPN (Landrecies, Worhmout, Avesnes-Nord et Cysoing), seul le canton de Landrecies parait a priori gagnable pour la gauche. Le sortant, André Ducarne, confortablement réélu à chaque scrutin, a en effet décidé de ne pas se représenter et sa succession risque de tourner au duel entre l'ancien maire de Landrecies, Bernard Delva (UPN), battu aux municipales de 2008, et le nouveau maire DVG de la ville. Les petites communes autour de Landrecies étant très ancrées à droite, le scrutin apparait indécis avec un léger avantage pour Bernard Delva s'il parvient à réduire l'écart dans la ville-centre. Les 3 autres cantons paraissent imprenables pour la gauche et verront certainement la large réélection de leurs sortants.
La droite peut au-delà , malgré un contexte national très défavorable, reprendre un certain nombre de positions dans ses fiefs traditionnels, dont la perte en 2004 avait surtout était liée à l'usure de sortants accrochés à leurs mandats ou à des divisions et successions ratées. Je pense en particulier aux cantons de Cambrai-Est, dont la sortante PS, Brigitte Guidez, a été écrasée (22%) aux municipales de Cambrai face à l'inoxydable député-maire souverainiste François-Xavier Villain (67%), qui devrait placer un de ses poulains sur ce territoire, de Bergues (où l'UPN devrait investir André Figoureux, battu de justesse en 2004 par l'ancienne députée Monique Denise (PS), par le biais d'une division à droite au premier tour, mais qui a depuis pris la tête de la communauté de communes) voire de Dunkerque-Est, où le nouveau maire DVD de Zuydcoote, Paul Christophe, pourrait sérieusement accrocher la sortante Danièle Thinon si elle se représente, où de Tourcoing-Nord.
Dans ce dernier canton, perdu en 1998 par la droite, la sortante Marie Deroo pourrait avoir fort à faire dans un canton qui ne cesse de pencher à droite. Le canton regroupe une partie très réduite de Tourcoing et les villes d'Halluin, Bousbecque, Roncq et Linselles. Ces trois dernières sont de véritables bastions de droite et la gauche n'est parvenue à se maintenir en 2004 qu'avec les suffrages halluinois. Or, "Halluin la rouge" a nettement glissé, depuis 2007, à droite (58% pour Sarkozy et autant pour le député Vanneste), et le maire socialiste de la ville, Jean-Luc Deroo, époux de la conseillère générale, a été réélu de justesse en 2008, en grande partie grâce aux divisions de la droite au premier tour. L'élimination éventuelle au second tour du Front National pourrait être fatale aux socialistes, surtout si l'UPN investit le chef de file de l'opposition à Halluin, Gustave Dassonville.
Particularité encore du département : les cantons où se fondent les espoirs de la droite sont tous détenus par des femmes socialistes, la plupart élues à la surprise générale en 1998 et 2004, ce qui relativiserait la féminisation de l'assemblée en cas de victoire de la droite. Et ce d'autant que les deux benjamines PS de l'Assemblée, Jocya Vancoillie (Lannoy) et Delphine Bataille (Carnières), ne sont pas les moins menacées : si elles bénéficient du poids du terrain et du contexte national, leurs cantons sont des zones de bonne implantation municipale pour la droite (celui de Lannoy regroupe notamment Lannoy, Hem, Leers et Baisieux, villes de droite et Delphine Bataille, devenue vice-présidente du conseil régional, a échoué très largement à reprendre en 2008 la mairie de Rieux en Cambrésis, que son père, le député Christian Bataille, avait perdue en 2001).
En dehors de ces cantons, la droite ne peut qu'espérer une éventuelle surprise sur Arleux, le Cateau voire Valenciennes-Nord. La stratégie d'alliance sera intéressante à analyser sur Seclin-Nord, où le sortant Modem, Dany Wattebled, maire de Lesquin, avait bénéficié du soutien de l'UPN (et avait fait campagne grâce aux militants UMP) pour se faire élire en 2008 (suite au décès du conseiller général PS et maire de Templemars, Noel Dejonghe, l'élection partielle avait été organisée en même temps que le renouvellement triennal)....pour voter, dès la première séance plénière, pour le socialiste Bernard Derosier. Si l'UPN a peu de chances de remporter ce canton, elle pourrait contribuer à faire chuter, en triangulaire, Dany Wattebled, en investissant par exemple Alain Pluss, maire de Wattignies.
Des changements peuvent toutefois s'opérer à gauche : la séquence de 2004 avait vu le grignotage du PS sur le PC atteindre son paroxysme, avec les défaites du PC à Douai-Sud, Douai Nord-Est (deux successions ratées pour le PC) et Maubeuge-Sud (défaite d'Annick Matighello au premier tour....qui en avait profité pour "remonter" dans la liste d'union PS-PC aux régionales et se faire élire, faute de mieux, au conseil régional). Les 5 cantons restants se semblent cette fois-ci pas menacés mais le PC ne semble pas non plus en mesure de reprendre des cantons, malgré l'alliance avec le député de Douai (PG) Marc Dolez.
Par contre, il faudra particulièrement surveiller le canton de Villeneuve d'Asq Nord, où le sortant socialiste, Didier Mannier, président du groupe PS au conseil général et figure de poids au sein de ce dernier, pourrait faire les frais d'une candidature DVG-Europe Ecologie, impulsée par Gérard Caudron, maire de la ville. Didier Mannier était en effet numéro 3 sur la liste socialiste de Jean-Michel Stievenard aux municipales de 2008, liste largement défaite (29%) au second tour avec le "come-back" de l'atypique Gérard Caudron (maire de 1977 à 2001, ne se représentant pas à cette date, puis de nouveau depuis 2008 avec 58% au second tour). Europe écologie pourrait également faire monter les enchères pour obtenir une représentation au sein de l'assemblée départementale, en réclamant par exemple le canton de Lille-Nord-Est, délaissé par la doyenne socialiste Betty Gleizer, 74 ans, qui ne se représente pas.