Droite 18. Gauche 10. Il faudrait que la droite réalise ce score de rugby, en mars prochain, pour reprendre le conseil général du Finistère à la gauche. Possible sur le papier. Peu envisageable sur le terrain.
Dans moins d'un mois, le PS et l'UMP vont désigner leurs candidats pour les élections cantonales de mars prochain dans le Finistère. Un scrutin en forme de requiem puisqu'il s'agira de la dernière élection du genre(pour un mandat de trois ans seulement), avant la mise en place de la réforme des collectivités locales, en 2014. Si cette réforme n'explose pas en vol d'ici là , on élira en 2014 des conseillers territoriaux qui siégeront à la fois dans les départements et les régions. Un seul élu pour les deux instances en lieu et place des conseillers généraux et régionaux actuels.
24 sortants PS sur 28!
Pour cet ultime scrutin, la gauche est quasi-assurée de conserver la majorité tant son avance est confortable. Si vous voulez tout comprendre, accrochez-vous au siège! Actuellement, la gauche est majoritaire avec 40 sièges contre 14 à la droite, soit 54 en tout. Le conseil général étant renouvelable par moitié, 28 sièges (et non 27 comme pourrait l'indiquer une calculette!) seront en balance en mars prochain dont 24 appartenant à la gauche et 4 à la droite. Cette inflation de sortants de gauche est l'exact reflet arithmétique du raz de marée de 2004 où la gauche avait raflé 24 sièges sur 28, tous remis en jeu en mars prochain. Vingt-six sièges, en revanche, ne sont pas renouvelables, dont dix appartiennent à la droite. Pour avoir la majorité au conseil général (28 sièges), il faudrait donc que la droite en gagne 18. Autrement dit, qu'elle reprenne 14 cantons à la gauche en espérant conserver ses quatre remis en jeu. À la lecture de ces contorsions arithmétiques, on se dit qu'une réforme n'est effectivement peut-être pas superflue!
Sans Le Guen ni Le Brun?
Qui mènera la bataille? Au PS, la réponse ne fait pas de doute. Après avoir d'abord annoncé son retrait, le président Pierre Maille est revenu dans le jeu, à la suite de l'annonce de la réforme: le mandat ne sera que de trois ans et son expérience ne sera pas de trop pour la délicate phase de transition 2011-2014 où régions et départements vont redéfinir leurs pouvoirs. Encore faut-il, bien sûr, que Pierre Maille soit réélu dans son canton de Brest-Recouvrance où l'attend l'UMP Renaud Le Floch, fils de Marcel Le Floch, dans une version brestoise du Cid puisque Pierre Maille avait battu le père, en 1998. «Va, cours, vole et nous venge!». La droite ne sera pas conduite par Jacques Le Guen, qui a fait le choix de la Région au printemps. À sa place, on attend bien sûr Agnès Le Brun, maire de Morlaix, porte-parole de l'opposition depuis le retrait de Le Guen. Mais elle aussi pourrait renoncer en cours de route, pour devenir députée européenne, dans les prochaines semaines, au bénéfice du retrait de Christophe Béchu. Député européen, président du conseil général du Maine-et-Loire et conseiller régional depuis le printemps, il est touché par un cumul de mandats et devrait abandonner Bruxelles. Agnès Le Brun, suivante sur la liste européenne du Grand Ouest, devrait lui succéder et donc renoncer à son mandat de conseillère générale. Sans elle, ni Le Guen, la droite risque de se sentir un peu orpheline...
Les parlementaires PS se retirent
Près de la moitié des sortants ont décidé de ne pas se représenter, préférant laisser la place à une nouvelle génération qui préfigure déjà les conseillers territoriaux de demain. On relève que les trois parlementaires PS concernés par ce renouvellement se retirent (les députées Patricia Adam, et Annick LeLoch, le sénateur Jean-Luc Fichet), en vertu de l'option lancée par le PS finistérien visant le mandat unique pour les parlementaires. Martine Aubry l'a fait sienne mais, à Paris, les sénateurs PS renâclent devant cette proposition seulement adoptée par le PS finistérien, à l'initiative du secrétaire fédéral, Marc Coatanea, qui sera candidat aux cantonales à Brest. Une agglomération où les dix cantons sont tous détenus par la gauche avec le retrait de cinq sortants (Adam, Berthou, Menesguen, Abiven et Glémarec). En revanche, aucun des trois cantons quimpérois n'est concerné par ce renouvellement. On notera, enfin, le départ de piliers du conseil général tels que Gilbert Montfort (Rosporden) qui a eu la lourde tâche du social, Yvon Le Bris (Bannalec), grand défenseur de l'agriculture au sein du conseil, ou encore Louis Coz dont le nom est étroitement associé à Plabennec.
http://letelegramme.com/ig/dossiers/cantonales2011/cantonales-dans-le-finistere-les-dernieres-avant-la-reforme-16-09-2010-1051277.php
Après un gain de 10 sièges en 1998 (dont 6 à Brest, ce qui donne le grand chelem au PS), le PS confirme en 2004 avec 7 nouveaux sièges. La droite pourrait remettre la main sur certains de ses fiefs perdus en 2004 : Crozon (le chef-lieu a été perdu par la gauche en 2008), Lannilis (la droite était divisée en 2004), Fouesnant ou Saint-Pol-de-Léon. Si la maire apparentée UMP de Morlaix lâche le canton conquis comme la mairie en 2008 sur le successeur PS de Marylise Lebranchu, celui-ci risque de revenir au PS.
A noter aussi l'exemplarité du PS breton et a fortiori finistérien dans l'application du non cumul.