de vudeloin » Lun 21 Fév 2011 20:02
Conquis par la gauche en 2004, le département du Cher pourrait faire partie des départements ciblés par la droite si seulement les électeurs n’avaient pas manifesté, ces dernières années, une préférence de plus en plus marquée pour les candidats de gauche, retrouvant en cela une tradition politique déjà ancienne qui a fait du département l’un des premiers gagnés aux idées socialistes dès la fin du XIXe siècle.
Département à la fois ouvrier et rural, où la propriété foncière allant souvent de pair avec l’aristocratie finissante, le Cher s’est inscrit plus nettement à gauche lors des dernières consultations, le PCF réussissant en 2008 à reprendre la mairie de Vierzon, tandis que la courte majorité départementale de 2004 ( 1 siège à 18/17) prenait un peu plus d’ampleur ( 20/15 après le renouvellement cantonal de 2008 ).
Cette année, 11 cantons de gauche sont en renouvellement, ainsi que 7 cantons de droite.
C’est cette série cantonale qui, en 2004, à l’issue de quelques élections surprises, avait conduit au changement de majorité.
Les cantons de gauche sont d’abord les trois cantons remis en jeu par le groupe PCF du conseil général, à savoir les deux cantons de Vierzon et le canton de Charôst.
Sur Vierzon, les deux sortants communistes, l’un est le jeune maire de la ville, Nicolas Sansu, qui avait atteint 32 % au premier tour de 2004, en faisant quasiment jeu égal avec Jean Rousseau, le maire de l’époque ( ex député PS devenu GE puis DVD ), laissant le PS à plus de 740 voix derrière lui et finissant par battre le candidat de la droite de 1 061 suffrages.
Ce qui constituait le signe avant coureur du résultat des municipales de 2008.
Sur ce canton, constitué exclusivement de l’essentiel de la ville de Vierzon, le candidat PCF avait été au-delà du nombre de voix de gauche du premier tour.
Il devrait être réélu, même si l’absence éventuelle de la droite peut générer une forme de « vote utile « en direction du PS.
Sur le second canton, qui comprend le reste de la capitale solognote et un certain nombre de communes de son agglomération, la gauche dispose de fortes positions et le sortant PCF devrait être réélu sans grandes difficultés là encore.
Sur le canton de Charôst, dont la commune la plus importante est Saint Florent sur Cher, la réélection du conseiller général PCF Roger Jacquet semble plus que probable.
Roger Jacquet a, en effet, pris à son adversaire de 2004, la mairie de Saint Florent et la gauche a obtenu aux régionales sur le canton 3 093 suffrages, contre seulement 1 396 à la liste UMP.
On notera cependant que le candidat PS de la cantonale était candidat sur la liste, battue par celle de Roger Jacquet, présentée par le PS.
Les deux cantons PS de Bourges, eu égard aux dernières consultations électorales dans la capitale berruyère, ne semblent pas devoir connaître d’évolutions et les élus socialistes devraient être reconduits sans difficultés.
Pour le canton de Baugy, situé près de Bourges ( la commune la plus importante du canton étant celle d’Avord, qui accueille une base de l’armée de l’air ), 2004 s’était terminé par l’élection surprise du conseiller général Pascal Méreau, à la faveur d’une triangulaire, où il l’avait emporté avec 1 882 suffrages, contre 1 542 au DVD maire du chef lieu et 1 024 au candidat UMP, aujourd’hui maire d’Avord.
Aux élections régionales, les rapports de forces ont évolué, puisque la gauche a obtenu, dans un contexte de moindre participation, 1 855 voix, contre 1 246 voix pour la liste Novelli et 528 pour la liste FN.
Ce qui veut dire que la réélection de Pascal Méreau n’est pas à exclure, malgré la situation initiale délicate.
La droite présente d’ailleurs deux candidats : l’un est maire de Villabon ( commune de moins de 500 habitants ), l’autre, sans étiquette, est dirigeant d’un entreprise laboratoire de recherches sur le chef lieu et participe aux instances dirigeantes de la Chambre de Commerce et d’Industrie du département.
Autre siège socialiste à renouveler : celui de Lignières, dont l’élu de 2004 est décédé en 2008 et fut remplacé par sa femme.
Les rapports de forces issus des régionales : 966 voix à gauche, 525 pour l’UMP et 262 pour le FN ne semblent pas devoir inquiéter véritablement la position acquise.
La droite a gardé la mairie du chef lieu, et le conseil municipal de la commune est assez particulier : on y trouve en effet le candidat DVD, adjoint au maire, la sortante PS, élue d’opposition et le candidat du PCF, élu lui aussi, tous membres du conseil municipal par les effets du panachage…
La suppléante du candidat de droite est maire d’une petite commune d’une centaine d’habitants.
Dans le canton de Nérondes, ( ici écrit avec un « S » final contrairement au canton de la Loire ), pour le sortant PS, maire de la seconde commune du canton pour la population élu à l’occasion d’une partielle en 2009 suite au décès du titulaire, les rapports de forces issus des régionales donnent 879 voix à gauche, 620 à l’UMP et 337 au FN.
La candidate suppléante du PS a réalisé le meilleur score des élections municipales sur le chef lieu, avec un peu plus de 52 % des voix, et est devenue seconde adjointe au maire.
A noter que le suppléant de la candidate du Front de Gauche est également conseiller municipal de Nérondes.
Pour ajouter à la complexité de la situation locale, notons que la suppléante du candidat de l’UMP, Annie Rochon, est élue de la municipalité de Blet, dont le conseiller général socialiste décédé en 2009 était le maire…
Passons au canton de Sancoins, dont le chef lieu est contrôlé par la droite, la suppléante du candidat UMP étant élue de Sancoins.
La gauche, aux régionales, a bénéficié d’une majorité relative sur le canton, avec 1 020 suffrages, contre 711 voix UMP et 344 voix FN.
La candidate DVD est maire de la petite commune de Neuvy le Barrois et son suppléant, maire de Mornay sur Allier.
Le candidat titulaire de l’UMP est le maire de la commune de Saint Aignan les Noyers, l’une des communes les moins peuplées du canton.
La réélection du candidat PS ne sera pas chose aisée, son élection de 2004 devant beaucoup aux rivalités entre le candidat de l’UDF, devancé au premier tour et le candidat DVD, ancien maire du chef lieu, battu alors que la droite était nettement majoritaire au premier tour.
Le bloc de droite et d’extrême droite avait en effet eu 1 741 voix au premier tour contre 940 pour la gauche et le second tour s’était terminé avec 1 416 voix pour le candidat PS contre 1 308 au candidat DVD.
Ainsi Mornay avait vu la gauche passer de 87 Ã 116 voix et la droite de 141 Ã 111 !
Et le désaveu de Sancoins avait été cinglant pour le maire : 978 voix à droite au premier tour, 755 au second !
Quand le candidat PS passait d’un total de 514 à 792 !
Le schéma peut il se reproduire cette année ?
Le conseiller général sortant de Levet, DVG, ne se représente pas en 2011.
Pour lui succéder, l’UMP envoie au combat le maire de la petite commune d’Arçay, Robert Huchins, tandis que le PS a investi Pascal Goudy, résident de la commune de Trouy, la plus peuplée des communes du canton, qui présente la particularité d’avoir été le candidat PCF de 2004.
Le Front de Gauche présente deux candidats eux aussi issus de Trouy, Marc Bellanger et Monique Truchot, la veuve de l’ancien maire communiste de cette ville.
Notons tout de même que le candidat présenté par le PRG est le maire de Trouy, réélu en 2008 contre une liste d’union de la gauche menée par Pascal Goudy.
Le candidat sans étiquette présent sur le canton est le maire élu, lors d’une partielle en 2010, de Plaimpied Givaudins, Patrick Barnier ayant pris la mairie du socialiste Michel Ducamp.
Le premier comme le second tour s’annoncent donc relativement incertains, même si le canton a opté pour la gauche aux élections régionales : 2 464 voix contre 1 284 pour l’UMP et 561 pour la droite.
Ne pas exclure un second tour Santosuosso – Barnier.
Dans le canton de Vailly sur Sauldre, le sortant DVG Pierre Rabineau, élu en 2004 avec 43,1 % au premier tour et 57,7 % au second, se retrouve dans une configuration proche de l’époque : son adversaire principal risque d’être de nouveau le maire du chef lieu, Gilles Henri Doucet, et la candidate du FN est la même.
Pierre Rabineau a été réélu dans sa commune ( près de 82 % des voix et 113 suffrages sur 187 inscrits ) tandis que Gilles Henri Doucet frisait les 63 % sur Vailly en recueillant 312 voix sur 663 inscrits.
Le candidat DVD est maire de Sury ès Bois tandis que la suppléante de Pierre Rabineau est maire de la petite commune du Noyer.
Une commune qui a voté à gauche aux régionales, mais qui, soulignons le, a placé en seconde position la liste FN avec 25 % des suffrages…
Le jeu est ouvert sur ce canton, où la gauche peut être majoritaire au second tour, puisqu’aux régionales, la liste de gauche a fait 676 voix, la liste UMP 555 et la liste du FN 283.
Passons aux cantons de droite.
Le canton d’Argent sur Sauldre ne devrait pas changer de couleur : détenu par Thierry de Montbel, il a accordé 910 voix pour la liste Novelli des régionales, contre 858 à la gauche et 332 au FN.
La gauche locale pourrait s’estimer satisfaite de contraindre le maire de Clémont au ballottage.
Dans le canton de la Chapelle d’Angillon, nous sommes en pleine Sologne, et pour tout dire, dans le pays du Grand Meaulnes, ce roman essentiel de la littérature du XXe siècle, autant pour l’histoire qu’il raconte que pour le tragique destin de son auteur.
Le sortant de droite, David Dallois, est maire d’Ivoy le Pré, plus peuplée des cinq communes de ce canton forestier et rural, et il avait été élu en 2004 au terme d’un duel avec un autre candidat de droite, le docteur Pierre Heuclin, alors maire de la Chapelle.
Notons tout de même qu’en mars 2008, un peu à la surprise générale, la gauche a emporté, dans un scrutin de panachage, la mairie du chef lieu.
Une partielle, organisée en 2010, après la démission du maire et de ses adjoints, a conduit au retour de la droite.
Pour autant, les régionales ont apporté 478 voix à la liste de gauche, 398 à la droite et 184 au FN.
Qu’en sera-t-il en mars ?
Surtout que l’historique candidat FN du Cher, Jean d’Ogny, se présente à nouveau, mais sans étiquette cette fois.
Le canton de Charenton du Cher enregistre le départ du sortant, Philippe de Bonneval, qui cède ce qui était une sorte de propriété familiale depuis de longues années, situation qui ouvre le jeu, si l’on peut dire, pour le maire DVD du chef lieu, Pascal Aupy.
Guy James, candidat sans étiquette, est le maire de la petite commune de Bannegon tandis que Michel Cajat s’était déjà présenté face à Philippe de Bonneval en 2004.
Lors du second tour des cantonales 2004, le candidat de l’UMP avait obtenu 939 voix, contre 871 au candidat PS et 347 au candidat du FN.
Aux régionales 2010, la gauche a fait 718 voix, l’UMP 558 et le FN 297.
Bis repetita en 2011 ?
Le canton du Châtelet avait vu en 2004 l’élection au premier tour du candidat DVD Bernard Jamet, maire du chef lieu.
La gauche est arrivée en tête aux régionales avec 580 voix, contre 345 pour l’UMP et 204 pour le FN.
Soit 1 129 exprimés là où l’on avait eu 1 417 bulletins validés en 2004.
Seule la petite commune de Rezay est DVG sur ce canton..
La réélection du sortant semble probable mais il n’a fait « que « 421 voix sur 860 inscrits sur Le Châtelet aux municipales.
Le canton d’Henrichemont voit, lui aussi, son sortant ( maire du chef lieu ) remettre en jeu son mandat.
Jean Claude Morin fut nettement élu en 2004 ( 1 095 voix contre 764 au candidat PS ), mais sa position semble connaître de menues difficultés.
Aux régionales, la gauche est arrivée en tête sur ce canton avec 775 voix contre 473 pour la liste UMP et 231 pour la liste FN.
Aux municipales, Jean Claude Morin a fait 736 voix sur 1 448 inscrits sur le chef lieu ( ce qui lui offre un potentiel donc supérieur au score de 2010 ) mais son nouvel adversaire PS a gagné la mairie de la petite commune de Neuvy Deux Clochers.
Affaire à suivre…
Une menace plus nette pèse sur le canton de Mehun sur Yèvre, l’un des plus peuplés du Cher, situé dans l’arrondissement de Vierzon.
Le sortant DVD, adjoint au Sénateur maire de Mehun, François Pillet, est en effet sous la menace de la gauche, et notamment celle de Patrick Tournant, le maire communiste de Foëcy.
En 2004, la gauche avait obtenu 2 141 voix au premier tour et la droite et le FN 2 677.
Au second tour, le candidat PS avait fait 2 427 voix et le candidat de droite 2 679 suffrages.
Les élections régionales ont consacré la primauté de la gauche sur le canton : 2 347 voix au second tour, contre 1 244 pour l’UMP et 515 pour le FN.
Si François Pillet a largement gagné la municipale 2008 ( avec plus de 600 voix d’avance sur une liste de gauche à direction socialiste ), Patrick Tournant, pour sa part, a été reconduit maire de Foëcy, en obtenant 862 voix sur 1 516 inscrits, la seule trace d’une influence de la droite se traduisant par la présence de 95 bulletins blancs et nuls dans les urnes locales…
Un duel PCF – DVD au second tour semble plausible.
Autre canton de droite dans l’expectative : celui de Saint Amand Montrond.
Le conseiller général sortant est le maire d’Orval, le DVD Patrick Trompeau, qui a pris pour suppléante une élue du chef lieu, dont le maire fut longtemps Serge Vinçon, ancien sénateur du Cher, poète à ses heures, amateur de sport cycliste mais aussi Vice Président au Luxembourg.
Frappé par le cancer, Serge Vinçon qui est décédé en 2007, n’aura pas vu son frère Thierry lui succéder en 2008.
Rappelons tout de même que, de 1971 à 1983, le maire de Saint Amand Montrond s’appelait Maurice Papon.
Patrick Trompeau va retrouver sur sa route Michel Mrozek, chef de file d’une liste Modem aux municipales de 2008, qui avait fini avec un score supérieur à 36 % au second tour.
Quant aux trois candidats titulaires de la gauche, ils figuraient sur la liste d’union de la gauche qui ne fit qu’un peu plus de 20 % au second tour.
Le problème, c’est qu’en 2010, la gauche est largement arrivée en tête sur le canton de Saint Amand en obtenant 3 286 suffrages, contre 2 005 pour l’UMP et 820 pour le FN.
Nous sommes donc assez loin du score de 2004 où s’était présenté Yann Galut, pour le PS, avec les résultats suivants : 3 629 voix pour les quatre candidats de gauche, 4 618 pour la droite au premier tour.
Et un second tour où Patrick Trompeau avait gagné en obtenant 4 479 suffrages contre 4 035 pour Yann Galut.
La rivalité Mrozek Trompeau peut poser question pour le second tour, qui peut être amorcé par un premier tour moins déséquilibré qu’en 2004.
Et là , tout est possible.
Au total, comme on le voit, les positions de la gauche peuvent être attaquées en plusieurs endroits, comme Nérondes, Vailly sur Sauldre et Sancoins.
La perte de ces trois cantons pourrait conduire au renversement de la majorité, mais la droite n’est pas certaine de conserver les deux grands cantons mi urbains et mi ruraux de Mehun sur Yèvre et de Saint Amand, tandis que la gauche peut connaître une élection délicate sur Levet.
Une hypothèse où nous aurions un conseil général composé de 8 élus PCF, 1 élu PRG, 8 élus PS et 2 DVG face à 16 élus UMP et DVD est un cas de figure assez plausible.