de orional » Lun 28 Mar 2011 20:13
Bonsoir,
Les dernières cantonales ont été l'occasion d'évaluer le rôle et le poids du Front de gauche au sein de la gauche ainsi que sa force par rapport aux écologistes d'Europe-Ecologie Les Verts. Or, les médias traditionnels, plus attachés à mesurer la progression du Front national et les basculements politiques de départements, tendent à éluder la question ou, du moins, la traitent brièvement.
Déjà , de quoi parlons-nous ?
Nous parlons évidemment du Front de gauche, c'est-à -dire du cartel électoral crée en novembre 2008 en vue des élections européennes rassemblant le P.C.F. de Buffet, le Parti de Gauche de Mélenchon et le Gauche unitaire de l'ex-L.C.R. Picquet. Or, les résultats électoraux diffusés par le Ministère de l'Intérieur rendent son identification compliquée. Il isole les deux partenaires principaux de l'alliance et procède à des regroupements de suffrages contestables dans la catégorie des divers gauche. N'oublions pas, de surcroît, que les candidats du Front de gauche se présentaient dans certains départements sous une autre étiquette ou un label spécifique comme notamment en Corrèze. Les calculs opérés par le journaliste politique Laurent de Boissieu permettent ainsi de rectifier les chiffres officiels.
Le Front de gauche obtiendrait alors 9,03 % des suffrages exprimés (9,09% si l'on rajoute les candidats qui ne disposent que de son soutien). Rapporté aux résultats obtenus par le P.C.F. en 2004 dans la même série de cantons, à savoir 7,79%, la progression semble incontestable.
Or, ce constat doit être nuancé par deux éléments principaux.
D'abord, nous ne partons d'éléments de comparaison similaires. Le Front de gauche, comme je l'ai rappelé, résulte d'une alliance électorale entre le P.C.F., le P.G. ainsi que d'autres groupements politiques d'influence moindre.
Ensuite, et surtout, l'abstention relativise cette progression d'apparence puisque nous observons de 2004 Ã 2011 une baisse en terme de voix de 957 223 Ã 826 821.
Hormis ces réserves, l'analyse des résultats du premier tour permet d'identifier géographiquement les principales zones de force historiques du P.C.F. :
- le balcon méditerranéen avec toutefois une défection notable dans le Var où la chute des suffrages est particulièrement nette notamment dans les anciens bastions de La Seyne-sur-Mer (de 18,30 à 10,55%) et de la Garde (de 24,32 à 8,29%) ;
- le Centre de la France Massif Central-Limousin ;
- la ceinture rouge parisienne ;
- le Nord de la France malgré le détachement de la Somme ;
- les départements en marge tels que la Meurthe-et-Moselle et son Pays-Haut, la Sarthe ou les Côtes d'Armor.
Par rapport à 2004, comme aux européennes de 2009, l'étiquette rassembleuse de Front de gauche a favorisé certains progrès parfois au détriment des socialistes et des radicaux comme en témoigne le Sud-Ouest et la conservatrice Manche. La chute des suffrages communistes est stoppée à Marseille.
En terme de sièges et d'élus, les progrès sont réels. Le F.G. obtient 118 élus (dont 113 pour le P.C.F. contre 100 en 2004). Pour la première fois depuis 1998, les communistes voient leur nombre d'élus augmenter.
Les gains de sièges concernent d'abord le grand Sud-Ouest. Le P.C.F. fait son retour au Conseil général des Hautes-Pyrénées, double sa présence en Haute-Garonne et se renforce en Haute-Vienne où l'entente avec l'A.D.S. locale lui a été profitable. La popularité d'André Chassaigne, confirmée et consolidée aux dernières régionales, a permis une avancée du Front de gauche dans le Puy-de-Dôme. L'Allier devrait rester aux mains des communistes. Le retrait de René Dutin à Nontron sans successeur communiste sérieux a néanmoins profité au P.S.. En Région parisienne, nous assistons à un maintien du F.G.. Le P.C.F. progresse (mis à par le cas de Villepinte, siège à bascule passé à l'U.M.P.) mais le P.G. régresse, deux des trois sièges de l'Essonne chère à Jean-Luc Mélenchon étant perdus. Les cantons d'Aubervilliers-Est et de Montreuil-Ouest sont repris au P.S. et E.E.L.V. de justesse et au prix d'une campagne électorale violente. Le canton de Villeneuve Saint-Georges est reconquis, 26 ans après sa perte, par le P.C.F. qui consolide sa majorité au Conseil général du Val-de-Marne. L'alliance P.S.-E.E.L.V. et le maintien de candidats écologistes au second tour se soldent par un échec. Enfin, dans le département du Nord, l'influence du P.C.F. dans l'ancien bassin minier, malmenée par le P.S. dans les années 2002-2008, est restaurée.
Le recul en matière de siège affecte surtout la Picardie. Si dans l'Aisne, le F.G. s'accroche, l'Oise et surtout la Somme voient l'influence communiste se rétrécir. La succession de Gilles Masure par son épouse à Crépy en Valois n'a pas été suivie par les électeurs communistes. Dans la Somme, malgré le pacte de non-agression conclu entre le P.C.F. et les amis de Maxime Gremetz de Colère et espoir, la déroute est totale. Les sièges renouvelables, tous situés dans le Vimeu industriel, sont perdus.
Bien à vous.